Le mensonge
Un entraîneur de Top 14 fait quotidiennement des cachotteries aux journalistes dans ses relations de travail. Et parfois c’est l’inverse. Flash-back. Samedi 19 mai peu avant 10 heures du matin sur l’autoroute du retour du Toulon - Lyon. La veille, le RCT de Fabien Galthié a concédé un piteux match nul face au Lou synonyme d’élimination. Le président Mourad Boudjellal a construit une équipe pour être champion, il en est persuadé. Offert à son manager qu’il a courtisé des mois pour convaincre de prendre en main sa formation, une ligne de trois-quarts cinq étoiles : Ashton, Radradra, Fekitoa sont venus rejoindre Nonu, Tuisova, Trinh-Duc, Bastareaud ou Belleau ! Seulement, le match est à l’image de la saison du RCT. Une constellation de stars mais pas une équipe. La greffe Galthié n’a pas pris au sein du vestiaire. Ce vendredi soir après coup, Boudjellal est littéralement sonné. Il déambule le regard hagard dans les couloirs de Mayol. Le président passe un bon moment à refaire le match avec… Pierre Mignoni, puis affirmera en conférence de presse « qu’il n’y aura pas de révolution ». Il file chez lui, ne dort pas de la nuit et au petit-déjeuner annonce à son épouse qu’il va devoir trancher dans le vif. Il nous fait part de ses intentions. « Je vais changer de projet ! » nous glisse-t-il autour d’un énième café noisette ce samedi matin, alors que la ville de Toulon se réveille à peine d’une terrible gueule de bois. L’hyperactif qu’il est a déjà basculé sur autre chose : Patrice Collazo. Il prendra rendez-vous avec lui par l’intermédiaire de son agent dès le dimanche. Dans la voiture du retour sur Toulouse, avec l’interdiction de publier la moindre information, on se triture les méninges. Et à 10 heures donc, le portable sonne. Fabien Galthié au bout du fil, qui vient débriefer la rencontre. La chose est inhabituelle, c’est même une première. Il défend son bilan durant près de 35 minutes. Plusieurs fois, il nous tend une perche pour connaître son avenir. À chaque fois, pour tenir sa parole on lui ment, on le rassure, après tout lui et ses adjoints sont sous contrat. Le lundi on titra tout de même dans Midol : « Galthié survivra-t-il à
ça ? » 48 heures plus tard, son éviction sera actée… P. -L. G. ■