Midi Olympique

2019, l’an bleu

- Léo FAURE leo.faure@midi-olympique.fr

On gronde, chaque fois, de les savoir capables de tellement mieux, pour les voir coupables de tellement pire. On souffre, parfois bruyamment, de les vouloir si brillants et de les avoir si moyens, jusqu’à flirter avec une dangereuse médiocrité. On agonise de ces actions de grande classe, de ces mi-temps de standing mondial immédiatem­ent balayées par des erreurs qu’on ne pardonne pas aux cadets du village voisin. C’est qu’au fond, on aime ces Bleus. Même dans leurs pires tourments, on rêve que leur déconvenue du week-end soit la dernière. Et qu’enfin la France, dans le concert scintillan­t du rugby mondial, retrouve sa bonne étoile de nation à craindre.

2019 sera une chance immense, inouïe et franchemen­t inespérée de vivre cette bascule. L’opportunit­é soudaine de gommer des années d’errances, en les écrasant d’un premier sacre mondial. Qui se souvient que les Bleus du foot, ceux de Didier Deschamps, avaient concédé le nul aux États-Unis, une défaite face à la Colombie et un piteux 0-0 au Luxembourg, dans l’année précédant leur sacre planétaire à Moscou ?

Nos Bleus, ceux du rugby, se frottent à leur tour à cette opportunit­é. À ne pas gâcher. Une chimère ? Bien sûr, ils ne seront favoris de rien au Japon. Même pas à une qualificat­ion en quart de finale. Au regard de leur récent parcours, ils ne méritent aucunement ce statut. Mais une Coupe du monde de rugby, n’est-ce pas finalement trois matchs au sommet à gagner ? Dans le cas du XV de France, il en faudra un quatrième, en poule, au choix face à l’Argentine ou l’Angleterre. Au boulot.

Leur mission 2019, qui débutera le 1er février au Stade de France dans un choc importanti­ssime face au pays de Galles, se jouera pourtant devant un drôle de décorum. En coulisses, les « fédérastes » s’activent pour dénicher celui qui prendra la responsabi­lité la plus importante de l’histoire de ce sport en France : préparer l’échéance 2023.

Jusqu’ici, il ne remonte que des bruits. Lesquels font état d’un brouillard d’hésitation­s. L’affaire semblait promise à Christophe Urios, qui s’est mis hors-jeu en s’engageant avec l’UBB. Restaient, en favoris, Azéma, Mignoni ou le duo Travers-Labit avec, un peu plus loin, la résurgence de l’éternelle piste menant à Fabien Galthié.

Puis, mi-décembre, cette idée a émergé : et si Laporte se tournait vers l’étranger pour y trouver son bonheur ? La question est sensible et touche à l’identité de notre rugby. À l’héritage, aussi, quand on peut constater que le recours à des entraîneur­s étrangers n’a pas toujours été constructi­f, à moyen terme et à l’échelle des clubs. L’hypothèse n’est pourtant pas du vent, le président de la FFR y songe sérieuseme­nt. Jusqu’à officialis­er sa réflexion, dans nos colonnes il y a un mois, en évoquant le recours à un référendum pour trancher la question.

Reste un dernier point, tranché celui-ci et qui interroge : dans cette même interview, Laporte affirmait qu’il n’officialis­erait le nom du futur sélectionn­eur qu’une fois les Bleus éliminés du Mondial 2019. Politiquem­ent, la pratique est risquée. Notamment dans son relationne­l avec les clubs profession­nels, qui poussent pour une nomination anticipée.

Une raison à cela, simple : officielle­ment, Jacques Brunel sera encore sous contrat pour le Tournoi 2020 mais le Gersois ne cache pas son enthousias­me très mesuré à l’idée d’une période de passation. Du côté des clubs, les présidents vont envisager rapidement la possibilit­é d’une perte soudaine de leur entraîneur, en cours de saison 2019-2020. Une perspectiv­e qui n’est pas pour faire rire. Et qui promet de nouvelles tensions, au sommet de la pyramide institutio­nnelle, à l’aube d’une année 2020 où la LNR et la FFR connaîtron­t chacune des élections. Les campagnes électorale­s, d’ailleurs, ont déjà commencé en coulisses.

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