Midi Olympique

DAVIT, C’EST GOLIATH !

EMMENÉE PAR UN DAVIT ZIRAKASHVI­LI DES GRANDS SOIRS, LA MÊLÉE AUVERGNATE A PESÉ DE TOUT SON POIDS AU MOMENT DE POUSSER LA ROCHELLE À LA FAUTE, POUR CONSERVER LA PREMIÈRE PLACE ET OBTENIR À LA FORCE DES REINS UN SUCCÈS DES PLUS SYMBOLIQUE­S.

- Par Nicolas ZANARDI, envoyé spécial nicolas.zanardi@midi-olympique.fr

C’est un instantané peut-être anecdotiqu­e mais qui en dit finalement très long sur l’état d’esprit qui animait les Clermontoi­s ce dimanche soir. Qui était capitaine, au juste, après la sortie de Damien Chouly dès la 48e minute ? Greig Laidlaw, peut-être ? Franck Azéma s’en rappelait tout juste, à l’issue du coup de sifflet final. Et pourtant, c’est durant cette période « sans patron déterminé » que les Auvergnats ont pris la décision la plus importante du match, alors qu’ils ne menaient que 23 à 12 et bénéficiai­ent d’une pénalité à cinq mètres de l’en-but maritime. « Ma volonté première, c’était de prendre les trois points pour passer à quatorze points d’avance, souriait après coup le manager. Mais lorsque Greig est revenu près des avants après nous avoir consulté, les joueurs ont choisi de prendre la mêlée… Ce sont eux qui ont eu raison puisque nous avons marqué un essai de pénalité et probableme­nt tué le match sur cette action. Et moi, j’étais un c… voilà ! »

On laissera à Franck Azéma le choix de ce qualificat­if qu’on ne partage évidemment pas puisqu’il aurait fallu être aveugle pour ne pas apprécier l’impact du coaching du manager clermontoi­s sur son équipe, lui qui sut envoyer Arthur Iturria et George Moala assez tôt pour permettre aux Jaunards de repartir de l’avant après le coup de froid jeté par Geoffrey Doumayrou au retour des vestiaires. Alors, on mettra plutôt ce mot sur le compte d’un entraîneur heureux de voir ses joueurs prendre leurs responsabi­lités, dans la fournaise du combat. « On n’invente rien, les meilleures sensations, ce sont les joueurs qui les ont sur le terrain, souriait Azéma. Même si j’imagine que sur le coup, Greig a probableme­nt été influencé par certains de ses avants… »

Sûrement, et probableme­nt par un homme en particulie­r. Il suffisait en effet de poser la question à Davit Zirakashvi­li pour voir, derrière sa barbe blanchie par les ans, un sourire des plus francs derrière sa réponse un brin politiquem­ent correcte. « C’est le collectif qui a décidé », s’amusait le Lelo, bien conscient qu’on ne croyait que goutte à son mensonge. Parce que les Auvergnats avaient été meurtris par le match aller disputé sous la pluie au mois d’octobre, où leur mêlée avait été particuliè­rement sanctionné­e par M. Cayre, et Davit Zirakashvi­li en premier lieu.Voilà pourquoi, après avoir fait vivre un petit calvaire à son vis-à-vis Dany Priso, la revanche n’en était ainsi que plus douce pour le droitier géorgien, avec cet essai de pénalité décisif assorti d’un carton jaune, qui constitua le tournant définitif du match. « Ça s’est bien passé pour nous, il y a de quoi être satisfait, mesurait Zirakashvi­li de sa voix douce. Mais il ne faut pas s’emballer : ce n’est qu’un match de championna­t de phase régulière, pas un match de phases finales, encore moins une finale. À quoi ça servirait de faire des grandes phrases maintenant ? On n’est qu’au mois de janvier, nous n’avons rien gagné et on se souvient tous d’où nous venons. »

DEUX VOEUX POUR 2019

Certes. Sauf que la prestation de la mêlée clermontoi­se, la meilleure du championna­t au nombre de ballons récupérés sur introducti­on adverse, a encore marqué les esprits. Tout sauf une gageure, pour celle a qui l’on annonçait les pires tourments après la blessure au mollet de Rabah Slimani… Sauf que le vétéran caucasien est encore là, dont on oublie un peu vite qu’il dispute sa quinzième saison sous le maillot jaunard. Une tunique floquée du numéro 3 que Zirakashvi­li n’est pas prêt à laisser sans combattre… « Je ne sais pas ce qui ce serait passé si Rabah n’était pas blessé. Tout ce que je sais, c’est que lorsque je joue, je suis content et j’en profite. Pour l’instant, je me sens bien, ça ne me dérange pas d’enchaîner. C’est pourquoi tout ce que je souhaite pour 2019, c’est la santé, et rien d’autre. » Un voeu assorti d’un autre, boutade en boutonnièr­e : celui de continuer à faire un en-avant par match. Explicatio­ns ? « Je ne sais pas si vous avez remarqué mais à chaque fois que je fais un en-avant dans une partie, on gagne… Alors, autant continuer. » Surtout tant qu’il y aura des mêlées à pousser derrière…

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Le pilier géorgien Davit Zirakashvi­li a grandement participé au large succès des siens en dominant la première ligne rochelaise.

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