ABONDANCE DE TRÈS BIEN
VAINQUEURS À ARMANDIE SANS FORCER, LES TOULOUSAINS POURSUIVENT LEUR BELLE SÉRIE AVANT LE RETOUR DE LA CHAMPIONS CUP. ENCORE UNE FOIS, LEUR POLYVALENCE LES A BIEN SERVIS.
À Agen samedi, le Stade toulousain a poursuivi sa série remarquable en enchaînant une douzième rencontre sans défaite. Après le brillant succès contre Toulon au Stadium (39-0) et avant un déplacement périlleux au Leinster en H Cup, il a su sortir vainqueur d’un match « piège par excellence » selon le manager Ugo Mola, « malgré un contenu un peu moyen ». Il est vrai que, coupables d’un trop grand déchet notamment, ses joueurs n’ont pas particulièrement brillé, ni forcé leur talent sur la pelouse d’Armandie. Qu’importe direz-vous, puisque la victoire est là.
Si le collectif n’a pas été celui qu’on a pu voir ces dernières semaines, l’un d’eux a crevé l’écran : Maxime Médard. À 32 ans, l’arrière toulousain a retrouvé la forme de ses 20 ans. À son crédit : le premier essai, une relance à l’origine du deuxième, deux passes décisives sur le troisième et le quatrième, 4 franchissements, 4 défenseurs battus, 3 offloads et 88 mètres parcourus ballon en main aussi. Malgré un coup de pied raté, l’international a été très sûr sous les tonnes de chandelles déversées par les Agenais et il n’a cessé de créer le danger : « C’est ce qu’on demande à un arrière du Stade toulousain, souriait Ugo Mola après la rencontre. Maxime a réalisé une belle performance même s’il aurait pu en jouer un ou deux de plus. Il en a vraiment sous le capot encore. Après, quand il évolue à ce niveau, il permet à son équipe d’être dans de bonnes dispositions. Je l’ai surtout trouvé bon dans les tâches ingrates, notamment défensives et sous les ballons hauts. Cela lui a permis de démontrer qu’il est un arrière de classe internationale, même si ce n’est un secret pour personne. »
L’arrière, ce poste qu’il affectionne. Moins utilisé en numéro 15 depuis le retour de Thomas Ramos il y a un an et demi, Maxime Médard enchaîne de nouveau les matchs au fond du terrain (5 titularisations en 9 matchs disputés cette saison, plus deux titularisations sous le maillot du XV de France en novembre). « Je suis content, je suis en pleine bourre, mais il me faut du temps de jeu à l’arrière, témoignait-il samedi soir, à quelques jours de l’annonce de la liste des joueurs retenus pour préparer le Tournoi des 6 Nations. J’ai connu une blessure en début de saison puis cette commotion (au tout début du deuxième test, contre l’Argentine, N.D.L.R.) qui m’a tenu éloigné des terrains pendant trois semaines. Je retrouve du rythme, des jambes, c’est tant mieux pour l’équipe et pour moi. Mais à Toulouse, on n’a pas de poste attitré. Personne n’a le numéro 15, 11 ou 14 collé dans le dos. »
LA POLITIQUE DE LA POLYVALENCE
C’est l’un des grands principes d’Ugo Mola : la polyvalence, sur la feuille de match mais aussi sur le terrain, où ses joueurs doivent être capables de changer de position en fonction des situations. C’est l’une des clés de la réussite des arrières toulousains aujourd’hui. Le technicien détaille : « À Toulouse, on n’a pas abondance de biens mais on a de la qualité. J’ai la chance d’avoir des garçons qui peuvent évoluer un peu partout. On a par exemple joué avec quatre ouvreurs depuis le début de la saison (Holmes - blessé actuellement -, Ramos, Dupont et Ntamack titulaire en 10 samedi). On a aussi joué avec des arrières différents, avec des centres différents. J’ai un groupe de 10-12 joueurs derrière qui m’offrent différentes options intéressantes. »
Celle de faire glisser ce dernier en 10 aux côtés du premier et de Guitoune au centre, Kolbe et Huget à l’aile puis Médard à l’arrière s’était révélée particulièrement payante contre Toulon. Et ce n’est qu’un exemple. « Il y a des options partout, c’est ce qui est fabuleux dans cette équipe, reprenait Maxime Médard après le match. On a vu Antoine Dupont en 10, Huget au centre… Ce fonctionnement permet de faire tourner et de voir tout le monde. » De gérer le temps de jeu de chacun aussi, tout en multipliant les schémas. Et, surtout, d’aligner en même temps tous les talents de l’équipe sans se priver d’aucun d’entre eux. À Toulouse en ce moment, c’est du gagnant-gagnant. À tous les sens du terme.