Midi Olympique

LE BANC DES ACCULÉS

MIS SOUS PRESSION PAR LA MÊLÉE ISÉROISE PENDANT D’INTERMINAB­LES ARRÊTS DE JEU EN PREMIÈRE PÉRIODE, LES TARNAIS ONT SU SE TIRER DE CE MAUVAIS PAS AU PRIX D’UNE IMMENSE SOLIDARITÉ ET D’UN COACHING MALIN D’URIOS, DONT LE BANC DE TOUCHE A ACHEVÉ DE FAIRE LA D

- Par Nicolas ZANARDI nicolas.zanardi@midi-olympique.fr

On pourrait, bien sûr, ergoter sur la manière. Sur ce succès de coquins, fondé sur une intercepti­on et un match à moins de cent passes pour plus de deux cent cinquante plaquages, chiffres qui en disent assez long sur la stratégie employée… Reste que les Castrais, au pied du mur après trois défaites, ont su donner une réponse de champions à leur manager. « La vérité, c’est qu’en cas de défaite, le FCG serait revenu à cinq points, pointait le centre Thomas Combezou. Cela contribuai­t à l’enjeu… » Voilà pourquoi, dès jeudi, les Tarnais s’en étaient allés pour Montélimar où, sous le mistral glacial de la vallée du Rhône, ces derniers ont bâti leur succès.

Lequel, davantage encore que l’intercepti­on de Rallier, se construisi­t sur une séquence défensive dantesque de sept minutes, dans les arrêts de jeu de la première mi-temps. Après que David Smith eut la mauvaise idée de re-perdre dans ses propres cinq mètres un ballon que ses partenaire­s venaient d’arracher une première fois de haute lutte… Face à des Grenoblois qui se sentaient forts à cet instant du match, au point de reprendre à trois reprises la mêlée, la sentence paraissait alors inéluctabl­e. Et pourtant, le CO sut encore s’arc-bouter devant son en-but, les poings serrés des Tarnais au moment où Fabien Alexandre se résigna à désigner les poteaux sonnant comme une victoire. « Paradoxale­ment, nous avons gagné ce bras de fer en n’encaissant que trois points, souriait le manager Christophe Urios. Prendre un essai à ce moment-là aurait pu doper le moral des Grenoblois. »

URIOS, LE DOUBLE COUP DE COACHING

Mais comment, justement, le CO est-il parvenu à cette gageure, à quatorze contre quinze pendant pratiqueme­nt cinq minutes ? Grâce à une énorme volonté collective, d’abord. Mais surtout un double coup de coaching de la part de son manager, qui eut la bonne idée de lancer dans la bataille Jody Jenneker et Daniel Kotze à la place de Rallier et Clerc, puis de faire entrer, après le carton jaune de Tichit, son gaucher Tudor Stroe, non pas à la place d’un avant mais d’un ailier (David Smith, hasard ou pas…), ce qui permit à son équipe de continuer à pousser à huit contre huit, jusqu’à faire comprendre aux Isérois que leurs efforts en mêlée seraient vains. Gonflé, en pleins arrêts de jeu… « J’aurais même voulu faire ces remplaceme­nts plus tôt, pointait Urios. Mais Jody Jenneker n’était pas prêt parce qu’il n’avait pas encore enlevé son survêtemen­t, du coup, le cinquième arbitre m’a empêché de procéder aux changement­s plus tôt. »

Difficile d’un point de vue humain, vis-àvis de ses première ligne ? « Pas du tout, tranchait Urios. Les deux Marco reprenaien­t la compétitio­n, il était logique qu’ils connaissen­t quelques difficulté­s à un moment donné. Ce sont de grands garçons, ils savent pourquoi nous sommes là et que j’essaie juste de prendre les meilleures décisions dans cet intérêt, sans me soucier des egos. » Décision parfaiteme­nt entendue par les intéressés. « Nous étions en difficulté à ce moment-là et Antoine Tichit venait de prendre un carton jaune, se remémorait Rallier. Je n’allais pas avoir d’états d’âme sur mon cas ! Christophe a fait le choix de changer toute la première ligne et il a bien fait. »

JENNEKER ET LE RETOUR DU SOLEIL

Et il a bien fait, parce qu’il l’a bien pu, ce qui n’était pas gagné au début de la semaine… « Sur le papier, j’ai trois talonneurs, s’amusait Urios. Sauf que Jody Jenneker devait passer devant la commission de discipline jeudi et que Kévin Firmin avait une gastro-entérite en début de semaine. Nous sommes donc partis avec un seul talonneur. J’ai demandé à Kévin de bien se soigner, pour nous rejoindre vendredi en cas de besoin. Mais Jody a été blanchi et on s’est dit : « Tiens, peut-être que le soleil recommence à briller pour nous… » Jody a donc fait l’aller-retour à Castres et pris un billet d’avion pour Lyon vendredi matin. » Un renfort bienvenu, au vu du scénario de la rencontre. D’autant qu’audelà de sa première ligne, le « banc des acculés » de Castres a pesé de tout son poids en deuxième période, avec les entrées de Jelonch, puis Tulou et Samson, qui ont permis aux Tarnais de ne jamais baisser d’intensité dans le combat. Les bénéfices du banc à six avants concocté par Christophe Urios qui, a l’image de ses hommes, a aussi haussé son niveau au meilleur moment après plusieurs semaines de coaching moins heureux.

 ?? Photo Jacques Robert ?? Entré juste avant la pause en remplaceme­nt temporaire de David Smith puis définitive­ment en lieu et place de Tichit, le gaucher Tudor Stroe a permis aux Castrais d’assurer l’essentiel et de préserver leur avance au score.
Photo Jacques Robert Entré juste avant la pause en remplaceme­nt temporaire de David Smith puis définitive­ment en lieu et place de Tichit, le gaucher Tudor Stroe a permis aux Castrais d’assurer l’essentiel et de préserver leur avance au score.

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