PAQUEBOT CHERCHE COMMANDANT
ILLKIRCH-GRAFFENSTADEN - FÉDÉRALE 3 À LA SURPRISE GENERALE, LE PRESIDENT FRÉDÉRIC MAILLOT A DEMISSIONNÉ DE SON POSTE. LE VICE-PRÉSIDENT A PRIS LA SUCCESSION EN ATTENDANT DE NOUVELLES ÉLECTIONS.
C’est un petit coup de tonnerre qui a éclaté dans le ciel de la ligue Grand Est : Frédéric Maillot, le président du club d’Ilkirch-Graffenstaden, a tiré sa révérence pendant la trêve hivernale. Il a envoyé un courrier à la quarantaine des membres de son comité directeur pour les informer de sa décision avec effet immédiat. Alors que le territoire alsacien est secoué dans tous les sens dans l’attente de savoir si le bateau strasbourgeois pourra ou non traverser la tempête financière et administrative qui s’est abattue sur lui - la Fédération lui a notifié une relégation administrative en Fédérale 3 et les dirigeants ont rendezvous au tribunal le 14 janvier pour convaincre l’administrateur judiciaire de leur capacité à tenir leur barre - c’est au tour du deuxième club alsacien d’entrer dans une petite période d’incertitude. Frédéric Maillot avait beaucoup fait pendant les cinq années de son mandat. Il occupait vraiment le poste de capitaine du « paquebot », le complexe sportif tout neuf sur lequel le club s’est élevé.
TROP CHRONOPHAGE
En seulement cinq ans, Illkirch a connu une croissance exponentielle. Ce club est passé de la promotion d’honneur à la Fédérale 3. Il a créé une équipe féminine qui s’est installée en Fédérale 1. Il a fait passer un petit budget de quatre-vingt-cinq mille euros, grevé de quinze mille euros de dettes, à une enveloppe sans trou percé de plus cinq cent mille euros. C’est une multiplication par six. De trois cents licenciés, le club est devenu le plus grand de la ligue Grand Est, avec un total avoisinant aujourd’hui les sept cents membres. D’un club banal de Série régionale engoncé dans ses difficultés, l’équipe dirigée par Fred Maillot a réussi à faire l’un des fleurons du territoire. « Il y a un élément personnel déclencheur de ma décision, mais en réalité tout un tas de facteurs m’ont amené à la prendre, a expliqué Fred Maillot, promoteur immobilier de son état. J’ai besoin de temps pour mon travail, et le poste de président d’Illkirch est devenu trop chronophage. Le club est devenu une très grosse machine. C’est devenu un job à plein temps, et je n’aurai plus le loisir de bien le faire. Je vais repasser mes diplômes et entraîner les enfants comme je le faisais avant. Mais pour le reste, quelqu’un d’autre doit prendre le relais. » Ce quelqu’un d’autre, c’est Nicolas Morel, le vice-président. Les statuts du club l’ont désigné successeur intérimaire de façon automatique. Mais le nouvel homme fort, cinquante-trois ans, conseiller principal d’éducation (CPE) au Lycée Hôtelier Alexandre Dumas d’IllkirchGraffenstaden, qui doit gérer un internat conséquent, n’a pas déclaré non plus sa flamme à la fonction. « J’occuperai de la présidence jusqu’aux prochaines élections, que nous organiserons sans doute à la reprise de la nouvelle saison, au mois de septembre en 2019, a expliqué ce grand dirigeant du club, qui en fut le responsable de l’école de rugby. Mais comme Frédéric qui a décidé d’arrêter, je ne pense pas pouvoir disposer de suffisamment de temps pour occuper la fonction sur un long terme. Nous allons devoir penser à un nouvel organigramme et réfléchir en interne sur la prochaine organisation du club. » En somme, ce club traverse aujourd’hui une petite crise de croissance liée à ses succès. Et qui voudra prendre en charge les responsabilités qui pèsent aujourd’hui sur les épaules de son premier responsable ? Affaire à suivre.