Intelligence collective
Dans votre dernier numéro, vous vous livrez au petit jeu de la sélection fictive du meilleur XV du Top14. Et je parcours le trombinoscope des « heureux élus », je déplore comme vous qu’il n’y ait que 6 Français sur les 15 retenus. Cela dit -et c’est de bonne guerre- je conteste certains des choix… mais ce qui appelle très vite mon attention puis mon indignation c’est un grand vide ! De fait, nous avons dans notre championnat un club dont l’équipe s’attache à produire le jeu le plus beau et le plus efficace de la « première division », l’ASM pour ne pas le nommer, une équipe de renommée européenne, voire mondiale et aucun joueur de cette équipe n’est reconnu digne de figurer dans le « best of » du Top14 ! Sans chauvinisme excessif, je pense qu’un Morgan Parra, dans l’état actuel de sa forme et de son autorité joue un rôle plus important que le jeune Dupont dont le réel génie doit encore s’épanouir… À l’ouverture, que n’importe quel 2e et 3e ligne de Clermont peut rivaliser avec leurs homologues sélectionnés. Et que faites-vous de Fofana et de Damian Penaud ? Bref, j’étais en rogne… Et puis une évidence m’est venue à l’esprit : le rugby est un sport essentiellement collectif et que la valeur d’un groupe ne tient pas au fait que Pierre, Paul ou Jacques est le meilleur à son poste : elle ne s’impose que lorsque l’équipe est animée par une intelligence COLLECTIVE un peu semblable à celle des abeilles de la même ruche. Une telle collectivité ne se forge que peu à peu sous la houlette d’un grand manager assisté de joueurs cadres et dans une ambiance fraternelle qui donne au travail technique et physique une autre dimension humaine. J’enfonce peut-être une porte ouverte mais je crois que ce genre d’analyse, mieux formulée que je ne peux le faire aurait utilement complété le petit jeu, un peu stérile et tellement peu « rugby » auquel vous avez consacré deux pages vendredi dernier. Pardonnez-moi, mais il faut à tout prix éviter de tomber dans les travers des fouteux dont le sport est devenu trop souvent un sport individuel joué en équipe.
Je n’en suis pas moins votre fidèle lecteur et souhaite à notre sport et au Midol une magnifique année 2019. Jean BEALAUBRE