« Basta », troisième ligne !
On ne vous livrera pas un scoop : notre jeu n’en finit plus d’évoluer depuis la Coupe du monde 2011. On ne parle pas ici des commotions, mais bien d’évolution globale où, petit à petit, des gabarits athlétiques remplacent les Musclors de la fin des années 2000, ce dont on ne peut que se féliciter. Un jeu où les « poids lourds » au centre sont tout bonnement passés de mode… À ce titre, si ma mémoire me joue régulièrement des tours, je me souviens pourtant assez bien qu’en 2015, juste avant le quart de finale contre la NouvelleZélande, les joueurs du XV de France en avaient pris conscience au point de militer en interne pour que Mathieu Bastareaud débute le quart de finale sur le banc. Sans succès certes, au vu des 60 points encaissés. N’empêche que cette manoeuvre était tout sauf anecdotique… Parce que, quel est le constat, aujourd’hui ? Que le jeu va toujours plus vite et que, le temps avançant inexorablement, les jambes de
Mathieu de moins en moins. Ce qui se vérifie avec son club, sans méchanceté aucune. Les résultats sont là pour le prouver, et Patrice Collazo le sait mieux que personne : l’an dernier, le RCT a réussi sa meilleure performance offensive sur la pelouse de La Rochelle avec une paire de centres NonuRadradra tandis que cette année, la référence en attaque viendrait plutôt du duo Savea-Fekitoa, aperçu contre Montpellier. Des associations qui font à chaque fois long feu, au vu du charisme et du statut de capitaine de Bastareaud, qui lui valent logiquement une place de titulaire. Tout comme en équipe de France, d’ailleurs, au point d’inexorablement reléguer sur les ailes les Fofana, Fickou, Penaud, les uns après les autres… Ce préambule pourquoi, au juste ? Pour déboucher sur une évidence. Si Bastareaud n’a plus ses cannes de vingt ans et ne constitue plus une plus-value indiscutable au poste de centre, pourquoi ne pas le faire changer de poste ? L’idée peut paraître farfelue, bien sûr. Mais Patrice Collazo sait bien que ça ne l’est pas tant, lui qui repositionna Botia en troisième ligne avec tant de succès à La Rochelle. Et en l’espèce, la reconversion est évidente… Parce que Jacques Brunel cherche depuis des lunes pour le XV de France une alternative à Picamoles qu’il a été contraint de rappeler en novembre faute de concurrence, les seules autres options étant soit blessées (Ollivon, Tauleigne), trop jeunes (Joseph, Tolofua), au point de devoir improviser avec un flanker, Mathieu Babillot. Or là, pardon : si l’essence du poste de numéro 8 consiste bien à porter le ballon, faire avancer l’équipe et batailler dans les rucks, Mathieu Bastareaud sait le faire, probablement mieux que personne en France… Dingue ? Peut-être un peu. Sauf qu’on se situe à un moment où le rugby français manque cruellement de dinguerie, et doit bien tenter quelque chose avant de sombrer inexorablement. Or, il nous semble modestement que cette idée pourrait bien constituer le genre de pari fou à même de secouer le RCT dans sa période difficile et, au-delà, de fédérer le rugby français en contentant les pro comme les antiBastareaud. L’intérêt général, en somme ? On ne serait pas loin de le penser, et il fallait bien qu’on partage cette idée tant qu’il en est encore temps, plutôt que de se taire à jamais…