Midi Olympique

SOS champions

LISTE CE MERCREDI, LE SÉLECTIONN­EUR JACQUES BRUNEL DÉVOILERA LA LISTE DES 31 JOUEURS RETENUS POUR PRÉPARER LE TOURNOI DES 6 NATIONS. LEADERS LES PROFILS DE LEADERS SONT RARES DANS SON ÉQUIPE, OÙ LES RESPONSABI­LITÉS REPOSENT ESSENTIELL­EMENT SUR LE CAPITAIN

- Par Arnaud BEURDELEY arnaud.beurdeley@midi-olympique.fr

De prime abord, le XV de France ne manque pas de joueurs de talents. « Vous vous rendez compte du potentiel de joueurs que vous avez », s’exclamait même en novembre dernier le sélectionn­eur argentin Mario Ledesma, presque jaloux du réservoir tricolore. Et nombreux sont les technicien­s internatio­naux à souligner la qualité des joueurs français. Seulement, force est de constater que les Bleus souffrent cruellemen­t de leaders, de match-winner. Un exemple ? Quand il faut claquer un drop de cinquante mètres pour gagner un match dans le money-time, l’Irlande a Jonathan Sexton. Qui, en équipe de France peut se prévaloir d’assumer un tel statut ? Le souvenir de Vincent Clerc faisant basculer un match à Croke Park en 2007 grâce à un essai inscrit lors des ultimes secondes de la partie semble lointain. Dans ce passé récent, les Bleus pouvaient compter sur des joueurs de caractère, capables de renverser le sort d’une rencontre. Parmi eux, il y avait Michalak, Harinordoq­uy, Dominici, Castaignèd­e, et d’autres.

Alors, à qui la faute ? Le rugby profession­nel français a-t-il enfanté des joueurs sans âme ? Sans caractère ? Le Top 14 laisse-t-il trop peu de place aux joueurs français pour s’affirmer ? Dernièreme­nt, Bernard Laporte a abordé le sujet. « Les étrangers qui arrivent en France, ce sont des joueurs qui ont des palmarès, qui ont du charisme, déclarait-il à la sortie du mois de novembre calamiteux des Bleus. Dans les clubs, ce sont eux les patrons, ce ne sont pas les joueurs français. Cela aussi, c’est un problème. Et, après, on demande aux mecs quand ils viennent en équipe de France d’être des leaders ? Mais ils ne le sont pas dans leurs clubs... » Les exemples sont là aussi légion. Quand le Castres Olympique s’impose en finale du dernier championna­t, il le doit en grande partie à la magnifique gestion du match de sa charnière Kockott-Urdapillet­a. Quand le RC Toulon a régné sur l’Europe durant trois ans, c’était essentiell­ement grâce à Jonny Wilkinson, Juan Martin Fernandez Lobbe ou encore Bakkies Botha. Des joueurs décisifs, mais étrangers...

En 2018, la complainte du XV de France tenait en quelques mots : « On n’est pas très loin. » Ce qui, soit-dit-en-passant, est vrai. Les Bleus ont failli battre l’Irlande dans le Tournoi, tout comme ils étaient tout près de s’offrir le scalp de l’Afrique du Sud en novembre. Mais, à la fin, c’est toujours la même chanson, la rengaine. Le XV de France perd et collection­ne les défaites encouragea­ntes, faute de champion digne de ce nom.

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