Midi Olympique

LA DÉFENSE, CE BAROMÈTRE INDÉPASSAB­LE

MALGRE LEURS INSUFFISAN­CES, LES CATALANS ONT DE NOUVEAU MONTRÉ QU’ILS VOULAIENT TENIR LE BALLON. CETTE POSTURE EST CONSTRUCTI­VE. MAIS ELLE EST LIMITEE PAR LE MANQUE DE CONSISTANC­E DÉFENSIVE.

- Par Guillaume CYPRIEN

Il est possible, comme le notait Christian Lanta en soulignant la progressio­n de son équipe, que l’Usap ait joué à Paris « son meilleur match de la saison ». Il semble tout à fait certain que sa posture offensive, sur la foi d’une belle mêlée dominante, parvienne à soutenir bientôt les conditions d’un premier succès libérateur. Mais puisque les comptes ne sont pas encore clos, et que les figures de proue Enzo Forletta et Karl Château tiennent toujours le discours du « maintien toujours possible », elle n’échappera pas à son examen de conscience défensif. Cette équipe est coupée en deux par une mauvaise dispositio­n schizophré­nique, dans son intention de sauver sa tête dans l’élite. Dépenser autant d’énergie à déployer vainement son panache dans des mouvements répétés à l’envi malgré les absences des perce-murailles capables de briser les digues - Seilala Lam, Adrea Cocagi, Michael Faleafa, Shahn Eru, et Mamea Lemalu font beaucoup trop défaut quand ils sont absents tous ensemble - et s’oublier ainsi en défense, cela fait un paradoxe de belle ampleur sur lequel devront se pencher les Perpignana­is pour tenter de résoudre leur problémati­que.

25 % DE DÉCHET

Passe encore de buter sur cette défense de Paris trop pressante pour cette ligne démunie d’individual­ités aussi performant­es que celle d’en face, les Fickou, Waisea, et Danty réunis, auxquels vient de se joindre Lester Etien. Mais les tenir dans les bras, et les laisser s’échapper comme ils l’ont fait, sur les trois occasions d’essais qui ont fait l’écart au score, c’est une faute majeure pour qui doit se raccrocher aux branches, puisqu’il n’y avait que cela à faire à JeanBouin. Dans les 35 plaquages manqués durant cette partie - seulement 77,6 % de réussite, ce qui fait un plaquage sur quatre de manqué - on compte les trois erreurs consécutiv­es dans un mouchoir de poche commises sur le premier essai de Lester Etien, celle de Selponi en bout de ligne sur Waisea filant clouer Pierre Lucas sur sa ligne, et la caresse de Berend Botha qui n’a pas mis son épaule sur Gaël Fickou, lui ouvrant ainsi le chemin d’une chevauchée de cinquante mètres. Sous l’écume de la mer de la beauté des promus jouant fièrement de leur allure malgré leurs insuffisan­ces indépassab­les, des mauvais courants ont tiré les Catalans vers le fond. « Oui, c’est trop d’erreurs », concédera Enzo Forletta en fin de conférence de presse, à rebours de son élan naturel qui le poussait à retenir les éléments sur lesquels il peut encore broder son optimiste. « Ces défaillanc­es nous font mal, c’est évident », admettra aussi de son côté Christian Lanta, un peu coincé entre cette évidence et la nécessité de faire vivre ce qu’il y a de bon dans son équipe. Oui, l’Usap gagnera un match avant la fin de la saison. La période qui suivra la parenthèse du Challenge européen, les venues de Bordeaux, de Pau et d’Agen, qui garniront Aimé-Giral jusqu’au début du mois de février, seront des occasions franches de réduire le retard pris sur les concurrent­s. Mais puisqu’il faudra d’autres succès pour les dépasser, puisque des plus imposants aussi devront tomber, le manque de fiabilité dans l’exercice pur du plaquage, tel qu’il s’est produit à Jean-Bouin, au cours d’un match que les Catalans pouvaient très bien faire pencher en leur faveur, leur interdira d’espérer quoique ce soit.

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