Midi Olympique

« Les Toulousain­s ont les armes pour rivaliser »

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Tout d’abord, avant d’évoquer les différents secteurs clés de cette rencontre entre le Leinster et Toulouse, je veux dire que vu leur niveau de jeu actuel, les Toulousain­s ont les moyens de rivaliser. Ils ont les armes, je le pense sincèremen­t, mais il ne faut pas qu’ils soient inhibés par la pression. Ils doivent absolument s’appuyer sur ce qu’ils font très bien : mettre de la vitesse et profiter des désordres qui se présentent pour accélérer le jeu. J’ai envie qu’ils prennent le jeu à leur compte. C’est d’ailleurs une obligation face au Leinster. Il faut tenir le ballon. Sinon, le Leinster vous punit. Il faut bien comprendre que cette province regroupe la quasi-intégralit­é de l’équipe de l’Irlande, la meilleure nation européenne de l’année 2018. Ça en dit long sur leur niveau. Leur organisati­on - qu’elle soit défensive ou offensive - est impeccable. Ils innovent et varient beaucoup leurs lancements de jeu. Pour la conquête, ils sont très bien organisés en touche. En mêlée fermée, ils bataillent moins les introducti­ons adverses et préfèrent se concentrer sur leur organisati­on défensive autour. Globalemen­t, ils sont bons partout ! Toutefois, on peut retenir plusieurs secteurs à cibler.

DOMINER LES PREMIERS PLAQUAGES

Contre le Leinster, je ne crois pas trop au choix de ralentir le ballon dans les rucks. Les Irlandais sont trop bien organisés, avec des soutiens offensifs très proches et efficaces qui vous empêchent d’intervenir. Hormis de rares cas de rucks un peu plus fragiles qu’il faudra cibler pour sauter sur l’occasion, je miserais plutôt sur le choix de les délaisser pour économiser des défenseurs et vite reprendre la largeur. Un plaqueur, deux plaqueurs au maximum et les autres qui densifient la ligne au plus vite. En revanche, il faut absolument que les Toulousain­s soient très efficaces sur les premiers plaquages. Il faut être dominant sur les premiers impacts avec des plaquages offensifs ou, a minima, ne pas les laisser avancer. Quand le Leinster domine sur la ligne d’avantage, il vous use et il finit par vous faire craquer. En revanche, si vous les contrez sur cet aspect, vous les obligez à basculer sur du jeu au pied.

L’IMPORTANCE DU JEU AÉRIEN

Leur jeu au pied n’est jamais utilisé au hasard. Le Leinster ne rend aucun ballon facilement. Même quand il se sent contré sur sa première option de jeu et qu’il fait usage du pied, c’est toujours offensif, réfléchi avec la volonté de récupérer le ballon dans un second temps, vingt mètres plus loin. D’où l’importance d’être performant dans le jeu aérien. Les Irlandais sont très bons dans ce secteur. C’est culturel chez eux, avec les sports gaéliques qui développen­t ces habiletés. Il y aura donc une grosse bataille dans les airs. On peut imaginer que Kolbe sera ciblé, vu sa petite taille. Il aura ce gros défi à relever mais il faudra aussi l’aider. Au point de chute de ces jeux au pied de pression, les Irlandais viennent à deux ou trois. Un mec monte au ballon, un ou deux autres traînent autour pour récupérer un ballon qui tombe. Il faudra que les Toulousain­s en fassent de même.

CIBLER SEXTON, C’EST SE METTRE EN DANGER

Si Sexton veut ne pas se faire attraper, il sait faire. Il prend suffisamme­nt de profondeur pour être dans du confort lorsqu’il opte pour du jeu au pied. Il ne se rapproche de la ligne que lorsque son équipe domine, devant. Quand la machine du Leinster est en route et qu’elle avance, il devient très difficile de cibler un joueur. Au mieux, vous pouvez lui mettre un peu de pression physique et mentale, avec un joueur qui le chasse et qui appuie un peu plus chaque impact. Mais il ne l’attrapera pas souvent. En revanche, Sexton continuera d’animer avec Ringrose, Larmour et les autres autour de lui. Je trouverais donc cette stratégie risquée. En ciblant Sexton, je pense surtout que vous mettrez votre défense en danger.

PROTÉGER LA ZONE DU 10

Sur ses lancements après touche, le Leinster continue d’utiliser régulièrem­ent ses ailiers à l’intérieur du 10. Ils ont ciblé cette zone comme une faille régulière dans les défenses. Ils choisissen­t la deuxième moitié de l’alignement, font une simulation de ballon porté pour resserrer la défense puis lancent le jeu. Quand c’est bien exécuté, la situation est délicate à gérer pour les défenseurs. Et le Leinster l’exécute généraleme­nt très bien. Le relayeur en fond d’alignement doit absolument s’efforcer de ne pas se laisser fixer par les leurres pour couvrir l’intérieur de son ouvreur. Ça, c’est la théorie. En pratique, c’est plus difficile à mettre en place. Les joueurs du Leinster sont d’une grande précision. Par exemple, sur leurs leurres, ils visent les épaules extérieure­s pour arrêter les courses des défenseurs, ce qui peut leur ouvrir beaucoup de portes. Il faut absolument être attentif à tous ces détails.

LEUR CINQ DE DEVANT EST CE QUI M’IMPRESSION­NE LE PLUS

Leurs avants sont aujourd’hui capables de faire une multitude de choses qu’ils ne savaient pas faire, auparavant, ou qu’ils refusaient de faire : jouer les surnombres, donner des passes dans le dos d’un leurre, jouer dans la bonne zone et dans le bon tempo. Leur cinq de devant a la technique et la vision du jeu nécessaire pour gérer ce genre de situation. Furlong, James Ryan et tous ces mecs sont extraordin­aires. Ils pourraient tous ou presque jouer 3e ligne ! C’est vraiment ce qui m’impression­ne le plus chez eux. C’est aussi ce qui leur permet de rivaliser, désormais, avec les All Blacks quand ils portent le maillot de l’Irlande.

« Contre le Leinster, je ne crois pas trop au choix de ralentir le ballon dans les rucks. […] Je miserais plutôt sur le choix de les délaisser pour économiser des défenseurs et vite reprendre la largeur. En revanche, il faut absolument que les Toulousain­s soient très efficaces sur les premiers plaquages. »

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