Midi Olympique

« J’ai dû apprendre de nouvelles phrases en français ! »

EXCELLENT LA SEMAINE DERNIÈRE À GRENOBLE, LE CENTRE SUD-AFRICAIN A AUSSI ASSUMÉ LE RÔLE DE CAPITAINE AVEC BRIO ET EN TOUTE SIMPLICITÉ COMME IL L’EXPLIQUE ICI.

- Propos recueillis par Simon VALZER simon.valzer@midi-olympique.fr

La victoire à Grenoble a fait le plus grand bien au CO. Que s’est-il passé dans la semaine qui a précédé la rencontre ?

Je ne peux pas vous le dire, c’est un secret ! (rires) Je plaisante… En réalité, cela remonte aux semaines précédente­s. Nous avions déjà reçu un sérieux avertissem­ent en perdant contre Agen chez nous. Ensuite, il y a eu la Coupe d’Europe mais après avoir encore perdu contre l’UBB, nous nous sommes dit qu’il fallait faire quelque chose, et vite. Ces deux défaites nous ont fait très mal. Pour nous, nos familles et nos supporters. On est fier de jouer devant eux, et là on a vraiment eu honte de nous. La réaction est venue la semaine précédant le match de La Rochelle en fait. Même si nous avons encaissé plus de cinquante points, on a senti que quelque chose était en train de se produire. Que l’on retrouvait notre état d’esprit par exemple… Cela nous a confortés dans notre ressenti. À Grenoble, on s’est concentré sur la défense et la discipline car on ne pouvait pas se permettre de prendre trois cartons jaunes comme ce fut le cas à Deflandre. Il fallait qu’on reprenne pied. C’est ce que l’on a fait je pense.

Qu’avez-vous retrouvé sur le terrain de Grenoble ?

Du froid surtout, j’étais congelé ! Lors de ce match, on se devait de redevenir bons sur les basiques. Toutes les équipes veulent marquer un maximum d’essais et nous aussi mais, là, ce n’était pas la priorité. Au vu des conditions de jeu et de notre situation sportive, il fallait surtout remettre de l’ordre dans nos fondamenta­ux, comme la discipline ou la défense. Encaisser neuf essais comme nous l’avons fait contre La Rochelle, ce n’est pas acceptable. Nous étions très heureux de ne pas en encaisser un seul contre Grenoble d’ailleurs, même si le match a duré presque dix minutes de plus. Nous avons retrouvé notre état d’esprit contre La Rochelle, puis notre défense contre Grenoble. Nous devons continuer ainsi, car nous ne sommes pas encore à 100 %.

Qu’est-ce qui n’allait pas ces dernières semaines ?

Si seulement je savais… On entend tout un tas de raisons : c’est l’hiver, c’est le contrecoup du titre, c’est à cause des blessés… On peut trouver des tas de choses. En tant qu’équipe on a décidé qu’il ne s’agissait pas de raisons valables, mais d’excuses. Nous, on ne veut pas d’excuses. Il nous reste encore trois matchs avant la pause internatio­nale. Nous voulons retrouver notre niveau d’ici là.

Quels enseigneme­nts avez-vous gardés de la victoire au match aller face à Exeter (29-25) ?

Exeter est une équipe qui attaque sans cesse. Attention, pas uniquement en écartant le jeu. Les Chiefs possèdent l’un des plus gros packs d’Angleterre et ils font mal en mêlée fermée comme dans les mauls. Ils aiment conserver le ballon aussi. Nous aurons sûrement à défendre de longues séquences de vingt enchaîneme­nts. Il nous faut donc être tenaces, efficaces, mais aussi lucides dans nos replacemen­ts. C’est un grand défi pour notre défense.

Castres est l’équipe la plus pénalisée de

Top 14. Cette indiscipli­ne pourrait être rédhibitoi­re en Champions Cup, où l’arbitrage est encore plus intransige­ant…

Les statistiqu­es ne mentent pas, comme on dit ! C’est vrai. Mais n’allez pas croire que l’on s’en moque. C’est un problème sur lequel on bosse, et ce fut même l’un des principaux axes de travail de notre semaine. En ce moment, on passe beaucoup de temps à défendre et donc à contester des ballons dans les rucks, où l’on se fait trop souvent pénaliser. D’autant qu’en cas de doute, l’arbitre a souvent tendance à se prononcer en faveur de l’attaque. Nous devons être plus précis.

L’équipe d’Exeter accorde beaucoup de liberté à son ailier Santiago Cordero, qui peut intervenir où il veut et quand il veut dans la ligne d’attaque. Sera-t-il pour vous l’homme à surveiller de près ?

C’est vrai, et c’est aussi le cas avec l’autre ailier, Jack Nowell. Ces deux-là ne restent jamais sur leurs ailes à attendre que le ballon arrive jusqu’à eux. Ils se cachent derrière les avants, se proposent à hauteur du neuf, à l’intérieur ou à l’extérieur du dix… Ils n’ont aucun mal à quitter leur aile car c’est prévu dans le système de jeu d’Exeter : dès que l’un d’entre eux va dans la ligne, il est remplacé par un troisième ligne dans le couloir. Et ça tourne, ainsi de suite… Exeter essaye toujours de produire un maximum de séquences possibles, pour créer du désordre dans la défense adverse, pour mieux que leurs ailiers profitent de ces failles. Mais on ne va pas changer notre façon de défendre pour un ou deux joueurs. Nous serons plus attentifs sur ces deux joueurs qui, de par leur qualité, sont capables de renverser des matchs à eux seuls.

D’un point de vue personnel, vous avez été très en vue la semaine dernière…

La victoire à Grenoble a été un grand soulagemen­t pour moi. J’aime ce rôle de capitaine que l’on m’a confié pour suppléer Rodrigo Capo Ortega ou Mathieu Babillot. Ce sont d’excellents leaders, et je dois me mettre à leur niveau quand ils ne sont pas là. Mais je ne suis pas seul pour autant. Je peux m’appuyer sur d’autres cadres tels que Benjamin Urdapillet­a derrière ou Loïc Jacquet devant, pour ne citer qu’eux…

Avez-vous ressenti de la pression quand on vous a confié ce rôle ?

Pas de la pression, non… Ce n’est pas comme si on me balançait au-devant de la scène en me disant « Vas y t’es capitaine, dis-nous ce que l’on doit faire ! »

Au contraire… Je n’ai même pas grand-chose à faire hormis de parler à l’arbitre et de choisir les pénalités ! (rires) D’ailleurs, c’est « Benji » qui me dit s’il se sent de prendre les trois points ou pas ! Cette équipe compte de nombreux joueurs d’expérience, cela facilite beaucoup le job du capitaine.

Vous devez tout de même faire les discours d’avant-match dans les vestiaires ?

C’est vrai ! J’ai aussi dû apprendre de nouvelles phrases en français pour le terrain, histoire que les mots me viennent plus aisément malgré la fatigue. Mais ce n’est pas très compliqué : le « français du rugby » est beaucoup plus facile à pratiquer que le français formel. Et puis, dans l’équipe, tout le monde parle cette langue !

 ?? Photo Orane Cazalbou ?? Non content d’être très performant sur le terrain, le centre Robbie Ebersohn est également un véritable leader qui guidera encore le groupe castrais à Exeter.
Photo Orane Cazalbou Non content d’être très performant sur le terrain, le centre Robbie Ebersohn est également un véritable leader qui guidera encore le groupe castrais à Exeter.

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