LA TÊTE ET LES PIEDS

FACE AU TERRIBLE PREMIER RIDEAU GALLOIS, LA SOLUTION POUR LES BLEUS CONSISTERA PROBABLEMENT PAR TROUVER DES FAILLES PAR LE BIAIS DU JEU AU PIED. UN SECTEUR POUR LEQUEL LE XV DE FRANCE MISERA SUR SA CHARNIÈRE DE GAUCHERS, ACCOMPAGNÉE DE ROMAIN NTAMACK DANS

S’il ne fallait retenir qu’une caractéristique du jeu gallois, ce serait bien entendu sa défense, la meilleure du monde. Une organisation singulière qui, pour résumer, se constitue d’un premier rideau renforcé en permanence par le demi de mêlée, et dont la couverture s’effectue à seulement deux joueurs, grâce à la connexion parfaite entre l’arrière, les ailiers et le centre Jonathan Davies. D’où cette sensation d’un mur rouge qui harcèle en permanence l’attaque, jusqu’à la pousser à l’erreur… « Les Bleus auront forcément envie de tenir le ballon car ils joueront au Stade de France, mais ils ne devront pas hésiter à jouer au pied pour renvoyer les Gallois chez eux, prévoyait l’ouvreur lyonnais Jean-Marc Doussain. Parce qu’à force de buter contre une défense, on s’épuise, on s’agace, et on commet des fautes que l’on paie cash. » Une analyse partagée par Gaël Fickou. « La clé face à une équipe qui monte fort comme ça en défense, c’est le jeu au pied. On le sait. Pour les faire reculer, il faut des chandelles, les calmer avec beaucoup de jeu au pied de pression. Parce qu’on ne pourra pas se faire trois passes avec des avions qui te montent dessus. »

LE RÔLE CRUCIAL DE NTAMACK

Autant dire que le secteur des sorties de camp, point faible récurrent du XV de France, devrait s’avérer crucial. Un exercice pour lequel les Bleus présenteront une particularité : celle de présenter trois pieds gauches (Parra, Lopez, Médard), ainsi que le remarquait le manager clermontois Franck Azéma. « Il s’agira de bien déterminer en amont qui doit utiliser le jeu au pied dans quelle zone, notait ce dernier. Cela impliquera un certain travail d’organisation, mais ce n’est pas du tout insurmontable. Il faudra également déterminer quel joueur à leurs côtés sera susceptible d’utiliser son pied droit. » Un joueur qu’il ne faut pas chercher bien loin puisqu’il s’agira du jeune Romain Ntamack, à qui il semble que l’on demande beaucoup pour sa première sélection…

En effet, le Toulousain ne sera pas seulement la seule caution « pied droit » du XV de France (indispensable pour faire planer un quelconque danger dan le dos de l’ailier gauche gallois) dans l’occupation du terrain, mais jouera bien un rôle de cinq-huitième, chargé de trouver des solutions face à l’ultra-agressive défense galloise. Des solutions qui devraient précisément résider dans le jeu au pied puisqu’après une ou deux passes, il sera plus facile de trouver des espaces dans le dos de la défense galloise en cas de retard de l’arrière Liam Williams. « Face à une équipe, comme le pays de Galles, très dense sur le premier rideau, le jeu au pied sera peutêtre un élément à utiliser, convenait le sélectionneur Jacque Brunel. Qui plus est avec les conditions météo difficiles annoncées vendredi... »

DUELS AÉRIENS : L’ATOUT PENAUD

À condition, toutefois, de se montrer assez précis et organisé pour imposer une pression à la réception des coups de pied. Un secteur où le bât français baisse régulièrement, parfois par défaut de communication, mais le plus souvent en raison de lacunes chroniques en matière de jeu aérien, où les Gallois donnent souvent la leçon aux Bleus. À ce titre, il est permis d’attendre beaucoup de Damian Penaud, dont les qualités dans les duels en altitude font des ravages tous les week-ends en Top 14. Alors, le Clermontois saura-t-il hisser son niveau dans le cadre du Six Nations ? En tout cas, il pourra au moins bénéficier d’une charnière Parra-Lopez qui le connaît parfaitement, et saura comment procéder pour exploiter son « jump ». Du moins, en théorie…

Sauf que le Racing avait parfaitement étudié la défense galloise. c’est précisément pour jouer ce genre de situation que Simon Zebo (cercle jaune) était demeuré collé à la ligne de touche afin d’offrir une possibilité de passe au pied à Finn Russell (cercle jaune) dans l’espace naturellement laissé libre par le système défensif gallois.

Fidèles à l’organisation défensive des équipes galloises, les Scarlets présentent face au Racing un premier rideau à 13 joueurs (cercles rouges), renforcé par le demi de mêlée (cercle blanc). Le sens du jeu ayant été renversé par le Racing, l’ailier droit (flèche rouge) décroche dans le troisième rideau tandis que son arrière repart couvrir l’aile opposée.

Même si la passe au pied de Russell (flèche jaune) n’est pas parfaite, le temps d’avance pris par Zebo ne permet pas à l’arrière gallois d’empêcher l’essai. Simple ? Oui et non, si l’on veut bien prendre en compte le travail de préparation qui a permis d’isoler l’arrière adverse en lui faisant multiplier les efforts de couverture.