LES PORTÉS DE L’ESPOIR
VÉRITABLE SATISFACTION DU MOIS DE NOVEMBRE - TROIS ESSAIS SUR SEPT INSCRITS DE CETTE FAÇON - LES BALLONS PORTÉS NE DOIVENT SURTOUT ÊTRE MIS AU REBUT AU PRÉTEXTE DES NOUVELLES INTENTIONS OFFENSIVES. AU CONTRAIRE. LES BLEUS DOIVENT S’EN SERVIR POUR JOUER DA
Quatre essais en trois test-matchs, jamais Guilhem Guirado n’avait autant marqué au cours d’une tournée du XV de France. Ce n’était pas plus tard qu’en novembre dernier. Une récompense pour le capitaine des Bleus, un aveu d’impuissance pour le jeu tricolore. Et pour cause. Trois de ses quatre essais, le talonneur les a inscrits sur des ballons portés. Un constat symptomatique du cruel manque d’ambition de son équipe pour les uns, le signe d’un véritable point fort tricolore pour les autres. À chacun sa vision des choses. À l’issue de la tournée de novembre, la sinistrose avait frappé, le pessimisme gagné. « La meilleure tactique pour l’équipe de France durant cette rencontre a été le ballon porté, regrettait dans ces colonnes Raphaël Ibanez au lendemain de l’humiliation subie contre les Fidji. Ce qui a, certes, permis de rester dans la course, mais qui s’est révélé totalement insuffisant. » L’analyse dressée alors par l’ancien capitaine du XV de France avait consisté à opposer le contraste des intentions françaises à celles des Fidjiens. Là où les Bleus n’avaient que répété jusqu’à en vomir le même principe de jeu (ballon porté, prise du milieu de terrain par Bastareaud et retour dans le fermé), les Iliens avaient constamment cherché à faire vivre le ballon.
À l’aube de ce Tournoi, de nouvelles intentions ont semble-t-il germé au sein du staff technique français (lire par ailleurs). « Mais attention à ne pas tomber non plus dans du « hourra rugby », prévient le troisième ligne centre Louis Picamoles. Il faut respecter les bases. » Et Fickou d’ajouter. « Pour se faire des passes, il faut dominer le contact, récupérer nos ballons en conquête et avancer. »
LE PIÈGE DU RÈGLEMENT
Voilà pourquoi ce qui avait été perçu tel un rugby minimaliste en novembre dernier doit devenir une arme, au service des nouvelles velléités. Surtout ne pas se renier. Au contraire. À l’automne, les Boks, les Argentins et les Fidjiens ont cédé sous les ballons portés français. Voilà venu le tour des Gallois. Ce vendredi soir, les Bleus doivent pouvoir s’appuyer sur cet atout pour voir plus loin, pour mieux construire. Évidemment, ils devront se méfier d’Alun Wyn Jones, le deuxième ligne des Diables rouges, véritable poison capable de s’infiltrer au coeur du maul et d’annihiler toute libération propre et rapide. Objectif : d’abord faire avancer le ballon porté avant d’envisager de désaxer. Et pour cause, les Anglo-Saxons ont fait leur miel d’un règlement complexe. « Une fois que l’on a avancé, cela veut dire que l’on domine l’axe et que l’on pousse les adversaires sur le côté, explique Fabrice Landreau, l’ancien entraîneur du RC Toulon. Cela fait d’eux des « swimmers », soit des joueurs qui nagent sur le côté du maul, ce qui est pénalisable. C’est donc seulement une fois la poussée axiale effectuée que l’on peut songer à désaxer d’un côté ou d’un autre. » Ça tombe bien, en la matière, les Bleus avaient brillé en novembre.