LES DANGERS
LES GALLOIS BÂTIRONT COMME D’HABITUDE UN PLAN POUR FAIRE EXPLOSER LES BLEUS À L’HEURE DE JEU. UN PIÈGE DANS LEQUEL IL NE FAUDRA PAS TOMBER…
C’est devenu un lieu commun dans le vieux monde du Tournoi. Si le pays de Galles n’est pas la sélection au plus gros potentiel humain d’Europe, Warren Gatland bâtit en revanche ses campagnes sur une certitude : celle qui veut que son équipe soit la mieux préparée du Vieux Continent. Une directive sur laquelle le Supremo du rugby gallois se montre inflexible, quitte à fragiliser les résultats des provinces en Coupe d’Europe, la préparation physique des joueurs étant pilotée par la Fédération en fonction des échéances internationales… Voilà comment, pour cette ouverture, les Diables rouges s’avanceront à Saint-Denis conscients de disposer de plusieurs coups d’avance par rapport aux Bleus. Sur leur habitude de pratiquer un rugby à haute intensité, en premier lieu, dans lequel les Gallois baignent chaque week-end en Ligue celte, pendant que les internationaux tricolores doivent régulièrement se coltiner les matchs beaucoup plus statiques du Top 14. « En Ligue celte, les joueurs peuvent se déplacer en moyenne sur 120 mètres par minute, exposait l’ex-manager du RCT Fabien Galthié dans notre magazine. Et en Top 14, on atteint péniblement les 70 mètres… En termes de préparation, on n’a rien vu venir. » Inutile de préciser dès lors que lorsqu’il s’agit d’effectuer des efforts à haute intensité, les Bleus ont tendance à craquer face aux équipes plus habituées à ces séquences longues…
CINQ FRANÇAIS À PLUS DE 1 000 MINUTES CONTRE ZÉRO GALLOIS
En effet, outre une préparation plus poussée, les Gallois bénéficient d’un autre atout : celui de la fraîcheur, avec un temps de jeu géré au quotidien avec leurs provinces. La comparaison entre le XV de départ des Bleus et celui des Gallois est à ce titre sans équivoque : alors que les Tricolores présentent avec leurs clubs une moyenne de quasiment quatorze feuilles de match pour 883 minutes de jeu, les Gallois tournent à onze feuilles pour 773 minutes avec leurs provinces. Soit pratiquement un match et demi de différence, ce qui indique en outre que les Gallois ont davantage l’habitude de jouer des matchs entiers que les Français (70 minutes de moyenne par match contre 63). Ajoutez à cela que cinq Bleus (Huget, Ntamack, Lopez, Vahaamahina et Willemse) ont déjà disputé plus de 1 000 minutes en club contre aucun chez les Gallois et vous comprendrez mieux pourquoi, en leur for intérieur, les coéquipiers d’Alun Wyn Jones (capitaine protégé à l’extrême, avec seulement huit matchs cette saison pour les Ospreys) sont persuadés de pouvoir faire exploser les Bleus à l’heure de jeu. Sachant qu’ils bénéficient des avantages de la préparation physique, de la fraîcheur et du rythme…
ÉVITER LE « SUICIDE »
Par quels moyens ? Oh, toujours les mêmes… Un jeu au pied adapté, qui cherchera à maintenir systématiquement le ballon dans le terrain plutôt que de chercher les touches. Une volonté de dynamiser le jeu dès que possible, en jouant rapidement touches et pénalités dès que possible. Et surtout une quête effrénée de la possession, c’est-à-dire de multiplier les séquences longues pour éprouver les Bleus… Autant d’aspects stratégiques auxquels les Bleus, prévenus, devront apporter des réponses. Car si ces derniers s’avanceront logiquement avec l’idée d’emballer le jeu dans l’opération reconquête du public, on craint que cette option soit en réalité suicidaire si elle s’avérait jusqu’au-boutiste. C’est pourquoi on attend de la charnière ParraLopez qu’elle calme le jeu, notamment dans les temps faibles, pour permettre à leurs coéquipiers de souffler. Car dans le cas d’un match au rythme fou, on craint malheureusement de savoir à l’avance en faveur de qui il pourrait tourner…