Départs en fanfare
LES « AFFAMÉES » INFLIGENT UNE CORRECTION À DE FAIBLES GALLOISES ET RÉUSSISSENT LEUR ENTRÉE EN PRENANT LA TÊTE DU TOURNOI. ET LA NUMÉRO 9 A ÉTÉ ÉPATANTE.
Un plaisir visuel. Cachée sous sa capuche en fin de partie pour échapper à une caméra intrusive, Pauline Bourdon laisse ensuite éclater un sourire radieux en gros plan sur l’écran géant du GGL Stadium : « Je ne suis pas encore très à l’aise car je n’aime pas trop la lumière. » Elle lui va pourtant si bien et révèle un talent pur qui saute aux yeux. Une « gourmandise » à observer. Du haut de ses 23 ans, l’internationale tricolore aux 15 sélections sait déjà tout faire. Et l’a prouvé face aux pays de Galles : deux percées de plusieurs mètres d’entrée, pénalité gagnée au « métier » (9e, passe volontaire sur une adversaire hors-jeu), bon jeu au pied d’occupation (13e), repli défensif décisif (14e). On pourrait continuer ainsi longtemps, jusqu’à cet instant magique.
DU GRAND ART TECHNIQUE
Sur cette action (42e), la numéro neuf accélère pour prendre l’espace, avant de s’échapper suite à une feinte de passe risquée (joueuse démarquée sur l’aile), d’être reprise devant l’enbut, et de trouver Romane Ménager dans sa chute d’une passe après contact. Sublime ! « Pauline a beaucoup de talent. Elle a décidé de travailler et elle est donc devenue très régulière. Je pense qu’elle ne bossait pas assez avant. Et elle peut encore progresser », explique la manager Annick Hayraud. Des paroles qui confirment un constat : Bourdon « pue » le rugby. Techniquement, c’est du très haut niveau : passe rapide et précise, chistéra des deux côtés… Dans le jeu, cette fan de Parra et Yachvili cherche constamment à dynamiser le jeu. Sans hésiter une seconde à prendre des initiatives autour des rucks : « Je pense que cela me vient de mon tempérament. Je suis de nature un peu fofolle. J’aime emmener mes avants et l’équipe. Je suis comme ça depuis que j’ai débuté le rugby à Limoges à 4 ans, grâce à mon père qui m’a transmis sa passion. » Une enfant de la balle surdouée qui s’est parfois reposée sur ses acquis jusqu’en 2017 et un déclic : « J’étais jeune et j’ai vécu un moment difficile dans ma vie de joueuse qui m’a fait grandir. C’est après avoir raté la Coupe du monde 2017 (pas appelée, N.D.L.R.) que j’ai compris la vraie démarche du haut niveau. Et je me suis dès lors davantage entraînée. Je suis une battante, je ne baisse jamais les bras et j’ai donc continué à bosser pour prouver à ce staff que j’avais du potentiel et qu’il pouvait m’appeler. » Depuis, Bourdon a pris son envol.
« TOUT FAIRE POUR « TAPER » LES ANGLAISES CHEZ ELLES »
Sélectionnée parmi les cinq meilleures joueuses du monde, la Bayonnaise a « explosé » en 2018. Excellente pour son deuxième Tournoi des 6 Nations, elle marque deux essais. Et termine l’année par une grande performance face aux Blacks Ferns (succès historique 30-27) en novembre avant de faire partie le même mois des vingt-quatres premières joueuses françaises à signer un contrat fédéral à mi-temps. Un nouveau statut à assumer qui ne lui monte pas à la tête. Polyvalente aux postes de la charnière, Pauline Bourdon, élue femme du match face aux Galloises, comme l’an passé, débutent donc son Tournoi comme elle avait conclue le précédent. À l’image de son équipe, elle a rassuré sur sa capacité à se projeter sur une nouvelle aventure, après avoir connu les sommets et remporté déjà tant de trophées.
Derrière un pack souverain, elles n’ont rien perdu de leur appétence pour le mouvement et les espaces en attaque. Redoutables malgré les changements opérés et les absentes des filles parties avec France VII ou blessées (Trémoulière), elles sont prêtes à défendre leur titre et leur grand chelem. Mais savent aussi que la prochaine marche à franchir, dimanche en Angleterre, sera bien plus haute que la précédente. Une « finale » avant l’heure : « Nous allons affronter une équipe qui joue plus vite, plus agressive et qui met plus de rythme que les Galloises. J’espère que je serai titulaire. Nous allons préparer ce crunch avec beaucoup de sérieux et tout faire pour aller les « taper » chez elles ! » Suivez le guide !