BANC DE FRAÎCHEUR
S’ILS N’ONT PU EMPÊCHER LE JEU DES BLEUS DE S’ÉTIOLER JUSQU’À LA DÉFAITE, DEMBA BAMBA ET FÉLIX LAMBEY ONT DÉMONTRÉ À LEUR ENTRÉE EN JEU QUE LE STAFF TRICOLORE POUVAIT DÉFINITIVEMENT COMPTER SUR EUX.
Est-il décemment possible de retenir du positif de cette neuvième défaite du XV de France de l’ère Brunel, la troisième consécutive au Stade de France ? Par naturel optimisme autant que par conviction profonde, on jurera que oui. D’abord parce que, sur le plan du jeu, les Bleus ont démontré en première période qu’ils savaient encore se faire des passes, et battre à la régulière la meilleure défense du Vieux continent. Ensuite, parce que, au coeur de cette deuxième période infiniment frustrante, deux entrées en jeu ont fait figure de jolies promesses. Appelés au feu pour suppléer les colosses Uini Atonio et Paul Willemse essorés par le rythme du niveau international, les jeunes Demba Bamba et Félix Lambey s’y sont quant à eux définitivement hissés. « Quand on est sur le banc, il faut être prêt à entrer en jeu à n’importe quel moment, glissait le pilier champion du monde des moins 20 ans. Mais c’est vrai que ce n’était pas prévu que je rentre si tôt… J’ai eu cette chance, j’ai essayé de la saisir. »
TESTÉS À TWICKENHAM ?
Et plutôt bien, ainsi qu’en témoigne une activité dans le jeu assez remarquable. « Je n’ai pas eu le temps de réfléchir, il fallait y aller, souriait Bamba. J’ai essayé de prendre quelques ballons et surtout de m’appliquer sur mes attitudes au contact, car j’avais perdu quelques ballons lors de mon entrée contre les Fidji. Il fallait aussi aller très vite dans les rucks car les Gallois étaient très bien organisés en défense. Ce n’est pas ma phase de jeu préférée, mais j’ai essayé de me mettre au diapason de l’équipe. »
Un diapason auquel s’est également porté le deuxième ligne Félix Lambey, qui s’est signalé par plusieurs interventions intelligentes, comme cette pression efficace sur le demi de mêlée Gareth Davies ou cette récupération du drop contré par Camille Lopez, prélude au dernier temps fort des Bleus. Une période de domination par ailleurs récompensée par une pénalité en mêlée, qui permit aux Français de repasser (quelques minutes) devant au score. La seule récupérée par les Bleus dans cet exercice où ils furent d’ailleurs dominés le reste du match, preuve que les centimètres et les kilos ne font pas tout, même dans cet exercice. « Sur cette mêlée, on a essayé de tout donner et on parvient à récupérer cette pénalité, se souvenait Bamba. Sur le coup, la sensation collective était forte. Malheureusement, ça n’a pas été suffisant pour l’emporter. » Pas encore.
Mais assez pour donner au XV de France quelques gages pour le futur… Dès dimanche à Twickenham ? Il est certain que Pierre Mignoni s’est posé la question du côté de Lyon, où il managera les deux hommes la saison prochaine en club. Car oui, on a tendance à l’oublier, mais Demba Bamba évolue encore cette saison en Pro D2, où ses seuls adversaires depuis sa dernière sélection se nommaient Aix-enProvence, Bourg-en-Bresse, Colomiers, Biarritz et Soyaux-Angoulême. Pas vraiment la meilleure préparation pour le très haut niveau, sans faire injure à ces clubs. Mais de quoi, en tout cas, mesurer aussi bien l’état de misère dans lequel se situe le rugby français que le potentiel du jeune homme, qui ne demande désormais plus qu’à exploser aux yeux du monde…