TAXE D’APPRENTISSAGE
POUR SON BAPTÊME INTERNATIONAL, L’INTÉRESSÉ A RASSURÉ DÉFENSIVEMENT ET, MÊME SI CHACUN EST EN DROIT D’EN ATTENDRE PLUS, LAISSÉ ENTREVOIR QUELQUES ÉCLAIRS.
Depuis un an et demi, Romain Ntamack vit une formation en accéléré. De ses premiers en Top 14 à l’acquisition d’un statut d’indéboulonnable au sein de la ligne de trois-quarts toulousaine à 19 ans, en passant par son titre de champion du monde moins de 20 ans et son replacement au centre de l’attaque, le Stadiste passait un nouvel examen grandeur nature vendredi soir. Comme son père Émile vingt-cinq ans plus tôt, c’est face au pays de Galles que le fiston connaissait son baptême international, en étant même balancé dans le XV de départ aux côtés de Wesley Fofana pour sa première apparition dans le grand bain. Et, même si le talent et l’aisance technique du garçon ne sont plus à prouver, il est évident que le rythme n’en est que multiplié. « C’est vrai que c’est autre chose, que ça cogne fort, que ça va plus vite, que les gars sont beaucoup plus précis, que c’est bien huilé, avouait l’intéressé après le coup de sifflet final. Depuis deux semaines on travaillait sur l’intensité et je crois pouvoir dire que je n’ai pas été déçu… » Surtout que son cas avait évidemment ouvert les appétits offensifs des Gallois. Clairement, le jeune joueur était visé sur les lancements. Lui en était conscient : « J’ai cru comprendre qu’ils voulaient me mettre beaucoup de pression, ils ont eu l’occasion de le faire sur une ou deux actions et ça a pu me mettre un peu en difficulté. » Ntamack a parfois été placé sur le reculoir. Pour autant, il convient de lui reconnaître courage et abnégation en défense. « J’appréhendais un peu », notait-il. Le Toulousain a rarement été pris en défaut dans un secteur qui, logique d’un poste qu’il découvre depuis quelques mois, était pourtant son point faible jusqu’à peu. « Je bosse avec les préparateurs pour m’aguerrir physiquement, nous confiait-il fin novembre. Au centre, je suis obligé de beaucoup défendre et je dois subir le moins possible. J’ai l’impression de m’en sortir de mieux en mieux et il faut que ça continue. »
« PAS LES SAUVEURS OU LES SUPER-HÉROS »
En clair, Ntamack a répondu présent là où les craintes étaient les plus fortes le concernant. À l’inverse, ce « cinq huitième », quasiment unique en son genre à l’heure actuelle, est en mesure d’apporter davantage de lui quand le XV de France est en possession du ballon. Certes, ses munitions ont été réduites et lui doit encore s’affirmer mais il a laissé transparaître quelques éclairs prometteurs pour la suite. L’exemple de l’essai d’Huget est édifiant avec cette passe exécuté dans un tempo parfait pour Iturria, laquelle a apporté vitesse et fluidité à l’action. C’est dans ce registre qu’il peut permettre aux Bleus de gagner en efficacité et donc se rendre indispensable. « Les nouveaux, nous ne sommes pas les sauveurs ou les super-héros », clamait-il. Effectivement, il serait inconcevable de faire déjà de « NTK » l’homme providentiel. Pour autant, si l’expérience avec un profil de son type derrière a connu des hauts et des bas pour son inauguration, elle mérite d’être revue. Et d’être adoptée sur du plus long terme.