VUNIPOLA SENIOR ET SEIGNEUR
LES AVANTS FRANÇAIS DEVRONT SE MESURER À UNE VÉRITABLE MACHINE DE GUERRE. L’AÎNÉ DES VUNIPOLA A FAIT EXPLOSER TOUS LES COMPTEURS. IL EST DANS LA FORME DE SA VIE.
Il est arrivé soudain, par une porte de derrière, impérial et serein. Mako Vunipola et sa face de flibustier est une vraie « gueule » de rugby, des traits durs, idéaux pour mettre au moins les apparences de son côté. Il vient de fêter ses 28 ans, mais il en fait bien dix de plus. De près la ressemblance avec son cadet d’un an, Billy, plus juvénile, n’est finalement pas frappante. Samedi, Mako a sorti l’un des performances les plus abouties jamais réalisées par un pilier anglais. « Combien de plaquages a-t-il réalisés ? Vu l’état de ses oreilles au coup de sifflet final, je dirais 25… » a estimé Eddie Jones, qui connaît vraiment bien l’anatomie de ses joueurs. Perdu Eddie, mais de peu. Le pilier gauche des Saracens a fait 27 plaquages, meilleur total de sa carrière ; « Oui, 27 plaquages alors qu’il fait 125 kilos, qu’il a supporté les mêlées, qu’il a fait l’ascenseur en touche et qu’il a porté le ballon une dizaine de fois…. En plus, je lui avais demandé de courir derrière, ou sous nos coups de pied… Vous savez maintenant ce qu’est un pilier moderne » a repris le sélectionneur. Eddie Jones qui avait été assassiné ces derniers mois (Mourinho du pauvre ; date de limite de vente dépassée entre autres gentillesses) ; il a sans doute bien préparé son affaire lors du stage au Portugal, mais il a surtout récupéré ce pilier gauche hors du commun, blessé à un mollet à l’automne (alors que son frère était touché, lui, à l’avantbras). Derrière les grandes théories des entraîneurs, il y a souvent des individualités exceptionnelles, c’est l’éternelle ambiguïté. Mako Vunipola a même marqué un essai, refusé par Jérôme Garcès pour avoir rampé.
LA VOLONTÉ DE FAIRE DES CARTONS
Franchement, on souhaite bien du plaisir à Uini Atonio et à Demba Bamba dimanche prochain, promis à un tel client. Ceci dit, si le jeune Briviste lui résiste, il marquera des points précieux dans l’esprit de Jacques Brunel. « Nous étions si confiants dans notre préparation, nous savions exactement ce que nous voulions faire sur le plan tactique, expliquait le pilier gauche. C’est sûr que John Mitchell et Eddie Jones nous ont donné un cadre, mais la défense c’est d’abord une question de volonté, si vous avez vraiment la volonté de « cartonner » votre adversaire pour le mettre sur le reculoir, c’est déjà un grand pas de fait. C’est dans cet esprit que je suis entré sur le terrain, mais c’est vrai j’aime ça, mais je ne suis pas le seul. Avec un gars comme Maro Itoje, par exemple, je suis bien secondé, non ? » Après 76 minutes d’une telle intensité, il fut illico pressé de questions sur le mondial. « Nous venons de vivre un moment magnifique et on commence déjà à me parler de la Coupe du monde ? Non, c’est trop loin. On va juste finir ce Tournoi pour voir où nous en sommes. Et je ne me fais pas d’illusions. Dimanche contre les Français, on aura droit à une grosse résistance. » Était-il simplement courtois en disant ça ?