BELLE ENTAME ET MAUVAISES VANNES
TOUJOURS PORTÉS PAR UN IMPRESSIONNANT ESPRIT D’INITIATIVES, LES CHAMPIONS DU MONDE ONT RÉUSSI LEUR ENTRÉE DANS LE TOURNOI. MAIS ONT PERDU, EN QUELQUES MINUTES, DEUX JOUEURS MAJEURS.
Et il a fallu cette course folle de l’ailier Vincent Pinto à l’ultime minute de jeu, le long de la ligne de touche, pour finir d’enflammer le stade de la Rabine, à Vannes. Parce que le Palois offrait aux siens un bonus offensif quasiment inespéré après une fin de rencontre passée dans leurs 22 mètres. À la 74e, les Bleuets avaient pourtant cru décrocher le Graal grâce à un essai de Julien Delbouis… justement refusé pour un hors-jeu flagrant de Kévin Viallard. L’essentiel est donc là pour les protégés de Sébastien Piqueronies, lesquels sont parvenus à engranger cinq points pour leur entrée dans un Tournoi des 6 Nations dont ils sont les tenants du titre. Même si rien ne fut simple ce dimanche. Le début de match laissait présager une supériorité française tant les champions du monde, fidèles aux préceptes prônés par leurs entraîneurs, se montraient entreprenants et audacieux. Mais le manque de repères collectifs, pour une équipe qui n’a bénéficié que d’une petite semaine pour aborder la compétition, se faisait sentir et expliquait plusieurs maladresses coupables.Voilà comment, après vingt minutes, ils ne menaient que 3-0. Et il aura suffi d’une incursion galloise pour être cueillis à froid sur une course de Roberts (23e). « À la mi-temps, on restait un peu sur notre faim, analyse Giorgi Beria. C’était frustrant au regard de nos 70 % de possession en première période. Nous avions des situations qui doivent nous permettre de faire une plus grande différence. »
Si le Clermontois se permet de s’exprimer ainsi, c’est aussi parce que les Bleuets avaient su réagir de suite. D’abord grâce à un essai de Sacha Zegueur (27e), le héros malheureux de ce rendezvous, puis un autre de Matthis Lebel (40e). Deux réalisations transformées en coin par Carbonel, ce qui donnait un avantage logique pour les locaux. « Nous devons régler pas mal de détails pour offrir davantage de séquences mais restons dans une démarche qui veut garantir de la confiance », martèle Piqueronies. Sous les yeux du capitaine du dernier Mondial des moins de 20 ans Arthur Coville, formé à Vannes, ses hommes en ont bénéficié au retour des vestiaires, avec un troisième essai signé Kilian Geraci dès la 48 e .
GERACI ET ZEGUEUR, ABSENCES LOURDES DE CONSÉQUENCES ?
Pour autant, et malgré un esprit d’initiative toujours aussi prégnant, les hommes de Piqueronies sont peu à peu tombés dans un faux rythme. Il faut dire qu’ils étaient bien aidés par des adversaires accrocheurs et plein de ressources. Au vu de leur domination, il aurait bien sûr été décevant de ne pas franchir la ligne d’en-but une quatrième fois. La délivrance a été tardive mais a eu le mérite d’exister… « Ce groupe a montré du caractère et un état d’esprit, notamment sur la fin à 14 contre 15, juge Carbonel. C’était notre première rencontre et nous ne savions pas vraiment où nous mettions les pieds. Plus on va avancer, mieux on se trouvera. » Mais le sacre du Rochelais et de ses potes en juin dernier a forcément changé le statut des Bleuets, autant qu’il a amplifié l’exposition et les attentes. La loi du succès. Eux assument, dont Lebel : « Le contrat est rempli. Nous repartons avec une nouvelle génération, un nouvel enthousiasme et nous sortons de ce premier match avec le bonus. »
Une victoire inaugurale qui revêt néanmoins un immense bémol. En quelques minutes, le staff a perdu Kilian Geraci et Sacha Zegueur. Ni plus ni moins les deux meilleurs éléments français contre le pays de Galles. Le deuxième ligne de Grenoble, décisif donc, a encore impressionné par son activité avant de s’écrouler à la 62e, visiblement victime d’une entorse à la cheville. Puis, à la 77e, le troisième ligne d’Oyonnax - auteur d’une prestation magistralerécoltait un carton rouge pour un plaquage dangereux. Or, en attendant de savoir leurs durées, ces deux absences seront handicapantes pour les échéances à venir, à commencer par le déplacement en Angleterre, samedi. « On va être attendus et on aura fort à faire mais on va aller y gagner », promettait le demi de mêlée Quentin Delord au micro de France 4. Preuve que le désir de conquête de cette génération reste intact.