CHRONIQUE D’UNE RENAISSANCE
DEPUIS PLUSIEURS MOIS, DES DIRIGEANTS SE DEMENENT POUR QUE L’ACTIVITÉ SURVIVE À UNE DETTE ABYSSALE. ILS ATTENDENT LE PRONONCE D’UN DEPÔT DE BILAN POUR REPARTIR DE L’AVANT.
Les nouveaux responsables de Viry-Châtilon devraient connaître le 12 février lors de leur prochain passage au tribunal le sort du dossier de liquidation qu’ils y ont déposé. A priori, la dette estimée à ce jour entre 300 000 et 400 000 euros, rendra difficile le redressement de ce club dont les déboires illustrent probablement la dérive de la « championnite » dans sa version moderne et dépensière. Depuis qu’ils ont repris les rênes, l’équipe du nouveau président Dimitri Armand a sondé les comptes en remontant jusqu’en 2013, pour savoir où l’argent était parti. Mais le club évoluait en Honneur, et si un pourcentage un peu trop important du budget finançait l’équipe première aux dépens de la formation, cette dépense n’a pas atteint ces sommets. Des historiques pensent que les origines remontent aux débuts des années 2000, quand ViryChâtillon figurait en Fédérale 1. « Un trou a été creusé pendant cette époque, et depuis, par un système de cavalerie qui a consisté à payer la saison qui vient de s’écouler par le budget de la saison à venir, il s’est creusé davantage », estime un observateur proche du dossier. Sur ce sujet, l’ancien président Michel Vergnaud, qui figure toujours au bureau directeur aux côtés des nouveaux décisionnaires, n’a pas souhaité confirmer. Mais la gestion de son équipe a mené à la situation d’aujourd’hui, et cette affaire illustre aussi comme souvent les limites de la DNACG dans ses moyens d’investigations. « À l’intersaison, nous pensions qu’il y avait un problème, mais nous n’avions pas accès à toute la comptabilité, raconte Dimitri Armand, qui avait tiré la sonnette d’alarme avec d’autres alors qu’il occupait un simple siège au comité directeur. Alors nous nous sommes reposés sur l’avis de l’organisme de contrôle. Nous nous sommes dit que si ça passait devant la DNACG, alors c’est que la situation n’était pas si alarmiste. » Quelques semaines plus tard, à la suite d’un schisme créé par l’opacité de la situation, un entraîneur quittait le club avec une ribambelle de joueurs. D’autres partaient jouer de leur côté jouer ailleurs. Certains prenaient leur retraite. ViryChâtillon déclarait forfait général en Fédérale 3, et les nouveaux élus reprenaient les commandes en pensant devoir résorber une dette avoisinant les 50 000 euros.
PLAINTE CONTRE « X »
Tout leur semblait encore possible, jusqu’à la découverte d’un puit sans fond. Dépôt de bilan, plainte contre « X » pour se dégager de la responsabilité, création d’une nouvelle association - les nouveaux responsables ont déposé le nom « Viry Rugby Club » en préfecture - et actions en tous genres pour maintenir le peu de vie qu’il restait : les dirigeants de Viry, qui n’auraient plus un sou à dépenser sans les dons ponctuels de quelques soutiens, se démènent comme ils le peuvent depuis plusieurs mois, en attendant les jours meilleurs de la saison prochaine. Une anecdote écoeurante : à leur arrivée aux responsabilités, ils avaient dû répondre aussi à la rapacité d’un fournisseur voulant se payer une deuxième fois sur leur tête pour une facture de mille euros déjà remboursée. « On comprend que tout est possible, dit Dimitri Armand. Mais nous allons nous en sortir. La municipalité nous accompagne beaucoup, ainsi que toutes les instances du rugby départemental et régional. Il nous reste une centaine de jeunes à l’école de rugby, et quelques cadets et juniors en entente avec Savigny. Nous avons sensibilisé les parents. La saison prochaine, nous serons en mesure de constituer un budget pour relancer notre formation. Pendant au moins trois ans, nous avons décidé qu’il n’y aurait plus de senior, pour couper avec cette période difficile. Nous allons revivre par nos enfants. » Ou comment ce club qui figurait l’un des phares du comité départemental de l’Essonne, qui s’étend sur trois terrains en herbe et des infrastructures de bonne qualité, se trouve au point de devoir relancer complètement son histoire, par la grâce des bonnes volontés.