(RE)PRENDRE LE GRAND LARGE
FACE AU « MUR BLANC » ULTRA DENSE ET AGRESSIF AUTOUR DES ZONES DE RUCK QUI A BRISÉ L’IRLANDE LA SEMAINE DERNIÈRE, LE SALUT POUR LE XV DE FRANCE PASSERA FORCÉMENT PAR LA RECHERCHE DES ESPACES SUR LES EXTÉRIEURS, VIA CETTE ANIMATION EN « 1-3-3-1 » QU’IL A B
Non, on vous en fiche notre billet, le XV de France ne prendra pas « la branlée du siècle » ou « l’h.umiliation ultime » à Twickenham, comme on l’a lu et entendu un peu partout cette semaine. Et ne voyez pas en ce point de vue de patriotisme béat, ni de nationalisme bon enfant : sans présager que l’équipe de France va l’emporter face au XV de la Rose (il faudrait être un peu fou, avouons-le), on demeure persuadé que les Bleus ont les atouts pour rivaliser avec l’Angleterre sur la pelouse du Temple. Et cela sans évoquer les clichés de la « sainte trouille » ou de « l’opération commando » mais en partant tout bonnement de constats cartésiens. En premier lieu, au sujet de l’extraordinaire débauche d’énergie consentie par les Anglais samedi dernier à Dublin, on ne peut que suggérer qu’ils ne pourront tout simplement pas la renouveler tout à fait à l’identique à Twickenham, à moins que les hommes d’Eddie Jones ne se soient mués en une armée de cyborgs ou de terminators. Mais surtout parce que, s’ils se donnent les moyens de conserver le ballon plutôt que le rendre et s’exposer au « kick and chase » des Anglais (lire ci-dessus), les Bleus semblent avoir les moyens de contrarier la défense anglaise.
DES ESPACES DANS LES COULOIRS
En effet, depuis l’arrivée de John Mitchell aux commandes de la défense en novembre dernier, le XV de la Rose a opté pour un système aussi simple qu’efficace.Très serrés au bord des rucks, les Anglais optent ainsi pour des montées très agressives visant à coincer les premiers attaquants adverses au-delà de la ligne d’avantage, quitte à délaisser les couloirs extérieurs. Des zones du terrain où les Anglais comptent sur l’intelligence et la vitesse d’Owen Farrell et Henry Slade pour compenser les éventuels surnombres en coulissant… Or, si ce système de défense a pu s’avérer très efficace face au jeu à une passe des Irlandais, il semble que les Tricolores présentent des atouts pour aller chatouiller l’Angleterre dans les zones où elle semble moins dense. La première mi-temps face au pays de Galles en a d’ailleurs attesté, qui vit les Bleus utiliser à merveille leur répartition en « 13-3-1 » sur la largeur du terrain, avec Picamoles et Iturria dans le rôle des avants décalés dans les couloirs. Une stratégie qui a porté ses fruits sur les deux essais français (Picamoles inscrivant le premier en bout de ligne tandis qu’Iturria s’est fendu d’un exploit sur celui de Yoann Huget, voir ci-dessus) et que les Bleus auront tout intérêt à reproduire dimanche, malgré les nombreux remaniements obligés au sein de la ligne de trois-quarts…
ATTENTION AUX TURNOVERS
La difficulté, avec cette stratégie ? C’est qu’elle va obliger les Français à de gros efforts au niveau de la course, qui pourraient leur coûter physiquement en deuxième période. Et donc les exposer à des turnovers en bout de ligne (où les ailiers anglais May et Nowell excellent pour récupérer des ballons dans le jeu au sol, sans parler des infatigables flankers Curry et Wilson), voire à des pertes de balle sur interception (ainsi que les Bleus l’ont payé vendredi dernier, faut-il le rappeler).
Sauf qu’on ne saurait à la fois inciter les Bleus à envoyer les ballons sur les ailes et les blâmer trop lourdement à la moindre faute de lecture… Au vrai, que risquent les Bleus à envoyer du jeu à Twickenham ? Se faire prendre en contre ? La belle affaire… Il semble au contraire que dans le cadre d’un match annoncé perdant par tous les bookmakers, les Tricolores auront tout intérêt à jouer leur carte à fond, sans craindre de se tromper. Un surplus de « confiance », tout sauf superflu en ce moment, qui constitue probablement le meilleur atout des Bleus pour faire valoir leurs qualités…