Midi Olympique

BAMBA FACE AU « MONSTRE »

POUR SA PREMIÈRE TITULARISA­TION EN BLEU, LE JEUNE BRIVISTE BAMBA FERA FACE À UNE RÉFÉRENCE. SA POSTURE EN MÊLÉE. SERA LA CLÉ DE LEUR CONFRONTAT­ION.

- A. B.

L’hommage a de quoi inquiéter. Selon The Times, samedi à Dublin et face à l’Irlande, Mako Vunipola (1,80 m, 121 kg) a disputé son « meilleur match sous le maillot du XV de

Rose ». Pour l’inscrire, ainsi, à l’ordre du mérite, le journal anglais s’est appuyé sur la façon avec laquelle le pilier gauche a mis au supplice son vis-à-vis pourtant réputé parmi l’un des meilleurs piliers droit du monde, Tadhg Furlong. C’est donc face à ce monstre (52 sélections), accessoire­ment auteur de 31 plaquages et élu homme du match, qu’en l’absence de Uini Atonio, la doublette Aldegheri-Bamba va passer au révélateur. Et plus particuliè­rement le jeune Briviste qui va honorer sa première titularisa­tion avec le XV de France. Tout ça, dans l’enfer de Twickenham…

Pour le récent champion du monde des moins de 20 ans qui évolue en Pro D2, ce match est la métaphore du grand écart. Ou comment passer des pelouses d’Aurillac, Angoulême ou encore Nevers à celle du « Temple du rugby », un stade de 80 000 personnes… Force est alors de s’interroger sur la capacité de ce gamin (1,85 m, 118 kg), originaire de Seine-Saint-Denis, à tenir l’édifice de la mêlée française face à un des meilleurs joueurs à son poste. « On ne peut pas demander à un gamin de 20 ans d’être expériment­é comme un vieux briscard, plaide d’emblée Didier Casadeï, son entraîneur en Corrèze. Pour lui, ce sera un beau challenge. Cela va lui permettre de se mesurer à ce qui se fait de mieux dans le monde. » Pour l’heure, Bamba (2 sélections) ne compte que soixante et une minutes en Bleu. Autant dire que les repères et la cohésion nécessaire à l’exercice de la mêlée ne seront pas optimaux avec ses partenaire­s. « Le travail devra pourtant être collectif », juge encore Casadeï.

Didier Bès, entraîneur en charge de la mêlée de Clermont, a régulièrem­ent étudié Mako Vunipola, pilier gauche des Saracens. Il détaille : « Sur ce genre de vis-à-vis, il faut vraiment rester sur lui en mêlée pour bloquer sa force… Surtout, il convient de ne pas essayer de l’affronter. L’idée, c’est de le garder à l’extérieur. Pour ça, il faut rentrer le plus droit possible : Vunipola a tendance à mettre un peu de pression pour dévier la trajectoir­e de son vis-à-vis. Il faut contrer cette pression qu’il met avant l’attaque. »

BÈS : SE METTRE EN « POSTION DE SQUATT »

Dimanche, sur la pelouse de Twickenham, il sera notamment question des appuis du jeune Bamba. Jusque-là, on a surtout salué sa puissance, son explosivit­é, sa fraîcheur et sa vitesse. Rarement sa posture à l’instant d’impacter. « Face à Vunipola, ce ne sera pas suffisant », assure Bès avant d’argumenter : « De par le rapport de force, le droitier a tendance à être poussé vers l’intérieur. Bamba devra rester bien droit et presque pousser vers l’extérieur. Mais on ne peut le faire que si la posture est basse, avec le bassin dans l’axe. À sa place, j’adopterais plutôt une position de « squatt », avec les deux pieds sur la même ligne. Pourtant, l’idéal serait d’inverser les appuis : le pied gauche devant le pied droit. Mais demander une telle chose à Demba Bamba me semble difficile. Il n’a pas la technique et l’expérience pour maîtriser ça en quelques jours. » Didier Casadeï veut croire en son jeune pilier. Mais il confie aussi : « On lui demande une chose que personne n’est capable de faire à son âge, face à l’Angleterre. » Lucide, le technicien des avants corréziens ajoute : « Son potentiel, rare, est immense. Quand la fatigue va intervenir, il va éventuelle­ment manquer de métier. Mais pour lui, c’est un sacré beau défi, il va beaucoup apprendre de cette expérience. »

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