Midi Olympique

L’ère de revanches

- J. Fa.

Il n’y a rien de plus terrible que la douloureus­e impression de voir l’histoire se répéter sans cesse. Sentiment frappant trop souvent les Bleus au coeur. Eux constammen­t sur la bonne voie… Avant de s’écrouler. Pire, les maux collectifs d’une génération maudite se déclinent à l’échelle individuel­le. Avec, comme exemples, Sébastien Vahaamahin­a et Yoann Huget. Le deuxième ligne et l’ailier ont, chacun, réalisé une belle prestation d’ensemble face aux Gallois. Le Clermontoi­s fut aussi actif et présent dans le combat qu’à son habitude. Le Toulousain a été disponible et tranchant sur toutes ses interventi­ons, avec un essai inscrit en bout de ligne. Alors, où est le problème ? Il est que tous deux ont quelque part précipité la chute des leurs et symboliser cette improbable défaite. Huget a vu ce ballon lui glisser des mains de manière incroyable devant son en-but, offrant un essai facile à North. « Ça rend fou parce que nous sommes des compétiteu­rs et que ces choses-là n’arrivent pas en club, pestait-il après la rencontre. Là, elles arrivent. J’échappe la balle… » Vingt minutes plus tard, le même North crucifait la France en intercepta­nt une double sautée de Vahaamahin­a, aussi mal sentie que réalisée. Mêmes causes, mêmes effets. Et même mea culpa : « Cet essai, je leur donne. Je le prends pour moi, c’est comme ça. Je ne vois pas le défenseur monter et je me précipite trop pour faire la passe. Même dans le vestiaire, c’était dur d’en parler. On se dit : « J’ai fait cette faute, est-ce que j’ai fait perdre l’équipe ? » C’est ce que je pense. »

Les caractères pour rebondir

Le refrain est connu. Vahaamahin­a était déjà fautif contre l’Afrique du Sud en novembre, quand il avait manqué de maîtrise à la réception d’un coup d’envoi adverse et envoyé Nkosi à l’essai. S’il est un athlète exceptionn­el et un rouage essentiel du dispositif de Jacques Brunel (comme sous l’ère Guy Novès d’ailleurs), « Vahaa » connaît trop souvent ce genre de maladresse­s qui gâchent ses performanc­es globales. Ou l’art de se conjuguer au presque parfait… L’avantage, c’est que le garçon possède un tempéramen­t bien trempé et sait les ingrédient­s pour toujours se relever. Cela devrait lui être bien utile au moment d’affronter l’enfer de Twickenham. Une vertu qui s’applique aussi à Yoann Huget. Il y a quinze mois, il avait sombré face aux Springboks et quitté le XV de France pendant un an dans la foulée. « J’étais sorti par la petite porte », nous confiait-il après le succès contre l’Argentine en novembre, match qui marquait son retour en Bleu. Ce jour-là, il avait été décisif, preuve du caractère de ce compétiteu­r né. « J’attendais avec impatience un signe du staff, poursuivai­t-il, et je répétais à Jacques (Brunel) lors des entretiens : « Si tu me laisses cinq minutes, je veux montrer que tu peux partir à la guerre avec moi… » » En club aussi, le Toulousain, écarté du groupe sur choix tactique pour le barrage perdu contre Castres en mai dernier, a vécu des heures difficiles. « Ce fut une grosse frustratio­n mais elle m’a servi de moteur pour regarder devant », affirmait-il en août. Lui a su puiser dans cet échec les ressources pour rebondir et effectuer un très bon début de saison, lequel l’a ramené sur la scène internatio­nale. Là où il devra, dimanche, prendre une nouvelle revanche sur un sinueux destin et sûrement relever un nouveau défi de taille : briller à l’arrière !

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