Midi Olympique

REVENU DE NULLE PART

MANU TUILAGI – CENTRE DE L’ANGLETERRE IL N’AVAIT PLUS ÉTÉ TITULARISÉ DEPUIS 2013 DANS LE TOURNOI. LE CENTRE DE LEICESTER À QUI L’ON PRÉDISAIT UNE CARRIÈRE IMPÉRIALE A MULTIPLIÉ LES GALÈRES.

- J. P.

Au moment de ses débuts en août 2011 sous la direction de Martin Johnson, la promesse était trop belle : un jeune centre bulldozer, benjamin d’une fratrie d’internatio­naux samoans, mais éduqué à Leicester. À l’orée de sa première saison profession­nelle, il avait frôlé l’expulsion de Grande-Bretagne pour être entré illégaleme­nt dans le pays alors qu’il n’avait que treize ans.

Presque huit ans après, le bilan est plus que décevant, il est médiocre. 29 sélections, une misère, dont 24 comme titulaire. Une collection impression­nante de rendez-vous manqués : pas de Coupe du monde 2015, pas de grand chelem 2 016. Même dans ses succès, Manu Tuilagi est resté modeste : il demeure le plus bref Lion Britanniqu­e de l’histoire avec une seule apparition de 13 minutes face à l’Australie en 2013.

On évitera d’en faire trop sur ses frasques, erreurs de jeunesse qui ont parfois mal tourné. La dernière conduit quand même Eddie Jones à le virer d’un stage de l’équipe nationale en août 2017 pour être revenu ivre à l’hôtel de la sélection anglaise, en compagnie de l’ailier Danny Solomona. Mais on ne saurait résumer sa carrière à ses seules incartades, même si elles furent trop nombreuses. Tuilagi a aussi été contraint de composer avec des blessures aux genoux, pectoraux, adducteurs et bas-ventre, pour finir, la saison dernière. « C’est le genre de blessures qu’on ne voit que chez les femmes enceintes » disait-il alors. On a même comparé son destin à celui de Jonny Wilkinson dans ses années de galère… « Je pense souvent à lui. Le fait qu’il soit revenu au final m’a franchemen­t donné de l’espoir quand les choses tournaient mal pour moi. »

LE BILLARD POUR SE CONSOLER

À partir de la tournée 2 014 en NouvelleZé­lande, Manu Tuilagi s’est attiré le mauvais oeil, c’est une certitude. Une seule sélection en quatre ans, et simplement comme remplaçant (mars 2016). En début de saison, on l’a cru ressuscité après quelques éclats en Coupe d’Europe (lors de Leicester-Scarlets, par exemple). Dans la foulée, il a signé son retour dans le groupe de la Rose, sauf qu’il s’est à nouveau blessé aux adducteurs. Ce qui l’a contraint à se contenter d’un simple strapontin, lors des tests de novembre, face aux Wallabies. Un tel destin démoralise­rait les esprits les plus déterminés…

Mais, coup de chance pour Manu Tuilagi, Ben Te’o s’est blessé et le sélectionn­eur Eddie Jones s’est résolu à faire confiance à l’ex-enfant prodigue… Et, samedi à Dublin, pour sa première titularisa­tion dans le Tournoi depuis six ans, Manu a fait le boulot. Associé à Henry Slade, son exact contraire en termes de profil technique et physique, il a largement gagné la bataille du centre. Avec le temps, le bouillonna­nt s’est quand même assagi, plus encore avec la naissance de son premier enfant. Il s’est aussi découvert une passion pour le snooker, au point de flirter avec des scores intéressan­ts (55, les spécialist­es appréciero­nt). « Je suis allé aux championna­ts du monde à Sheffield. J’ai admiré Ronnie O’Sullivan. Il y avait plein de bons joueurs, mais lui, c’est le seul qui joue de mieux en mieux alors que la pression va crescendo. » Comme un exemple, à suivre…

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Manu Tuilagi. Photo Icon Sport

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