UN RENDEZ-VOUS DE CHAMPIONNES
Des Anglaises plus affamées et mieux préparées que jamais
« Elles nous attendent, c’est sûr. Il ne faut pas oublier qu’elles avaient perdu le grand chelem à la dernière minute l’an passé, à Grenoble. » OutreManche, les Red Roses attendent Lenaig Corson et ses partenaires de pied ferme avec, à l’esprit, ce revers rageant (17-18), le seul à leur tableau depuis la Coupe du monde 2017. Vu de Londres, les retrouvailles de dimanche sont considérées comme le rendez-vous le plus important de l’année : une question d’honneur, de prestige, sur fond de revanche et de projection sur l’avenir. Pour détrôner les Bleues, la Fédération anglaise a placé tous les atouts de son côté : elle a rappelé les vedettes récemment laissées à la disposition du 7 (Natasha Hunt, Emily Scarratt, Jess Breach en têtes) et vingthuit joueuses ont signé, début janvier, un contrat à temps plein (28 000 £ l’année soit 32 000 €) pour optimiser la préparation. Une première à l’échelle mondiale, comme une réponse à la montée en puissance du rival tricolore. Simon Middleton, le sélectionneur, a tenu à relativiser les bienfaits de ce dispositif à court terme : « Les gens attendent de voir une sélection toute neuve pour ce 6 Nations mais il faut être réaliste, apprendre à devenir professionnel et le transcrire sur le terrain va nécessiter du temps. Tout le monde dit qu’il y a plus de pression sur nos épaules. Il y a peut-être plus d’attente, oui… »
Annick Hayraud, avec vingt-quatre éléments à mitemps, partage sa prudence : « Je ne suis pas certaine que ça signifie que l’Angleterre aura un avantage sur nous. Nos filles sont à 50 %, ce qui leur permet déjà de bien se préparer. » Si elle témoigne de la détermination anglaise, la nouvelle préparation ne constitue pas encore la principale menace pour Gaëlle Hermet et ses partenaires.
La belle dynamique de leurs adversaires, en revanche, représente un véritable danger : après une tournée de novembre remarquable face aux États-Unis, au Canada et à l’Irlande, elles ont infligé un cinglant revers aux filles de Dublin (7-51), en dominant tous les secteurs. « C’est un immense défi mais nous allons trouver les armes pour les battre », voulait croire Caroline Boujard samedi dernier. « C’est un très beau challenge à relever », appuie Lenaïg Corson. Un exploit à la hauteur de la victoire face aux Black Ferns.