Midi Olympique

« Rien que d’en parler, j’ai des frissons »

IÄN JASON - Ailière du XV de France LA TOULOUSAIN­E DE 21 ANS SALIVE À L’IDÉE DE DISPUTER SON PREMIER CRUNCH CHEZ LES GRANDES. VIVEMENT DIMANCHE !

- ■ par V. B. Propos recueillis

Le crunch Angleterre - France chez les filles a-t-il la même portée que chez les garçons ?

C’est exactement pareil, c’est la même rivalité, la même saveur. Que ce soit chez les garçons, chez les filles, en moins de 20 ans ou avec le VII, ça reste un match à part. C’est comme un derby. Un crunch, ça ne se perd pas. Dès le coup d’envoi, tout est différent : ça tape plus fort, il y a davantage d’animosité dans les contacts… Vous savez, je n’ai encore jamais perdu un crunch, ni à VII ni chez les jeunes et j’espère bien que ça va continuer.

Le défi de dimanche vous paraît-il aussi relevé que celui face aux Black Ferns, en novembre ?

Ce sera un défi de la même ampleur. C’est comme une finale de Coupe du monde. Mais les Anglaises ne jouent pas du tout de la même façon que les Néo-Zélandaise­s : elles n’attaquent pas pareil, ne défendent pas pareil… Elles sont plus affûtées et se déplacent plus sur le terrain. Les Néo-Zélandaise­s étaient surtout très massives. Les Anglaises vont vite, elles ont un jeu complet avec une bonne alternance. Nous avons regardé leur match en Irlande en direct. Elles nous ont impression­nées. Avec les filles du 7 qui n’étaient pas là l’an passé, elles se sont renforcées. Elles ont beaucoup plus de qualités que de défauts mais nous en avons repéré quelques-uns.

Le XV de France est-il contraint de réaliser le match parfait ?

Le match parfait n’existe pas. Mais il vaudrait mieux s’en rapprocher vu le défi qui se présente. Il a suffi de voir notre entraîneme­nt de cet après-midi (mardi, N.D.L.R.) pour voir la concentrat­ion du groupe, c’était de grande qualité, tout s’est bien enchaîné. C’est comme si le match avait déjà commencé. Il faudra être très appliquées, concentrée­s et il faudra avoir de la cohésion, de la solidarité, de la rage. Nous sommes affamées à 400 %.

Sur quoi devez-vous progresser par rapport à la large victoire obtenue face au pays de Galles (52-3) en ouverture du Tournoi ?

À l’analyse vidéo, nous avons étudié notre match comme si nous avions perdu. Il y avait donc du positif, notamment le fait que nous n’ayons pas encaissé d’essais. Mais il y avait aussi toute une série d’erreurs bêtes qu’il faudrait éviter : en mêlée, même si nous avons dominé, il y a eu des petites approximat­ions dans les placements ; et derrière, il aurait davantage fallu tenter la passe de plus pour arriver en bout de ligne. Nous aurions pu mettre plus de points.

Avez-vous l’impression de jouer votre Tournoi à Doncaster ?

Oui et non. On sait que ce match va compter, que c’est un gros obstacle, le plus gros peut-être. Mais le Tournoi ne sera pas fini dimanche, il faudra encore gagner trois rencontres. Le match des Italiennes en Écosse montre que des équipes progressen­t. Le chemin sera encore long et tout peut arriver. Regardez, en 2016, nous avions battu l’Angleterre mais perdu au pays de Galles. Donc méfiance.

Vous êtes une des cadettes du groupe. Dans quel état d’esprit abordez-vous cette cinquième sélection, si spéciale ?

Avant de débuter, je me posais beaucoup de questions. Je voyais les filles courbaturé­es, marquées les lendemains de match et je me demandais à quel point les contacts étaient rudes, l’opposition dense… Maintenant que j’ai connu les Blacks, en novembre, je me dis qu’il n’est pas possible de connaître pire au niveau des coups et de l’affronteme­nt. J’aborde cette échéance sans me tracasser, uniquement guidée par le plaisir. C’est une opportunit­é géniale de pouvoir participer à ce genre d’événements, je m’en rends compte. Je suis trop à fond, j’ai envie de tout casser. Rien que d’en parler, j’ai des frissons. J’ai envie de rentrer sur le terrain dès maintenant.

On vous sent très enthousias­te…

C’est fabuleux d’être dans ce groupe. Je suis tout le temps à 100 %, j’ai envie de donner le meilleur de moi-même pour y rester. Même quand il peut y avoir de la fatigue ou de la lassitude, il est hors de question de le montrer. Les anciennes du groupe, entre guillemets, nous poussent, aussi. Ce groupe est tellement fort qu’il est impossible de lâcher. Sur la cohésion, c’est proche d’un club. Et puis l’enjeu est tellement beau. Je découvre le Tournoi, c’est encore une autre dimension que la tournée d’automne. Il y a vraiment un truc en plus.

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