Midi Olympique

« Je voulais absolument rejouer avant que mon père ne soit plus là »

MAXIME MACHENAUD - Demi de mêlée du Racing 92 ALORS QU’IL REVENAIT DE BLESSURE, L’INTERNATIO­NAL TRICOLORE S’EST DE NOUVEAU BLESSÉ. UN PETIT CONTRETEMP­S QUI NE L’EMPÊCHE PAS DE VISER ENCORE UNE PLACE DANS LE GROUPE FRANCE POUR LE MONDIAL. POUR LUI ET POUR

- Propos recueillis par Émilie DUDON emilie.dudon@midi-olympique.fr Ce nouveau coup d’arrêt est-il difficile à accepter ? Vous avez cependant fait votre retour assez vite sur les terrains compte tenu de la nature de votre blessure.

Presque deux mois après votre reprise, comment vous sentez-vous ?

Pour tout vous dire, j’ai pris un coup de genou à Lyon qui m’a occasionné trois factures aux apophyses transverse­s. Ce n’est pas si grave : je suis arrêté seulement quatre à six semaines t je ne devrais rater que trois matchs (il devrait revenir pour le match contre Grenoble le week-end du 16 mars,

N.D.L.R.). Forcément, j’étais content d’être revenu, d’avoir joué en Coupe d’Europe et retrouvé quelques sensations. Les matchs de H Cup sont toujours des matchs de haut niveau, on se jauge par rapport à de telles rencontres pour le niveau internatio­nal alors c’était bien. Je me sentais de mieux en mieux au fil des sorties, j’avais repris le tir au but et retrouvé quasiment la plénitude de mes moyens… C’est comme ça. C’est pénible mais je ne vais pas dire que c’est un coup d’arrêt. Peut-être même est-ce un mal pour un bien parce que j’étais revenu assez rapidement de ma blessure au genou et cela va me permettre d’évacuer tout le travail accumulé pour revenir si vite. Nous sortons de quinze jours de vacances, je suis parti en vacances au soleil avec ma famille et cela m’a fait énormément de bien. J’essaie de positiver, de me dire que je vais vite retrouver la compétitio­n cette fois.

Avec le recul, quel regard portez-vous sur la longue période de convalesce­nce qui a suivi votre rupture des ligaments croisés ?

Je n’ai pas douté de ma capacité à revenir sur les terrains. Mon genou, au final, ce n’était pas dur. C’est plus ce qui s’est passé dans ma vie personnell­e qui a été difficile à vivre... Mon papa est tombé malade un mois avant ma blessure (il est décédé fin décembre). Je me suis dit que c’était le destin car cela m’a laissé du temps pour profiter de ma famille et faire des allers-retours à Bordeaux quand j’en avais envie. Les entraîneur­s et le club ont été très compréhens­ifs et j’en ai profité au maximum. Dans mon malheur, cette blessure a été une bonne chose finalement. D’autant que ma femme a aussi perdu son papa en novembre… Nous avons accumulé des choses très difficiles en 2018 alors j’étais obligé de relativise­r par rapport à mon genou. Je ne vous cache pas que je me suis entraîné très, très dur parce que je voulais reprendre la compétitio­n avant que mon père ne soit plus là. Je n’aurais jamais dû disputer ce match à Leicester (le 16 décembre) mais je voulais absolument entrer en jeu. Cela m’a permis de jouer avant qu’il s’en aille. Le rugby fait entièremen­t partie de ma vie et c’est très important, mais dans ces moments, les choses se remettent en perspectiv­e… Je vois le rugby différemme­nt aujourd’hui, même si c’est ce qui me stimule au quotidien. C’était la passion de mon père. Aujourd’hui, je me dis simplement que je vais revenir de ce petit pépin au dos avec encore plus d’envie.

Quel objectif vous êtes-vous fixé à titre personnel ?

L’objectif, je l’ai depuis quatre ans : c’est la Coupe du monde au Japon. Je n’ai pas eu la chance de faire celle de 2015 et quand on est compétiteu­r, que l’on joue dans un grand club, il est normal d’avoir un but comme celui-là. La concurrenc­e est rude, je le sais et je ne me le cache pas, mais depuis quatre ans, ceux qui me connaissen­t savent que je fais tout pour y arriver.

Craignez-vous d’avoir pris trop de retard avec la blessure qui vous a privé de ce Tournoi, le dernier avant le Mondial ?

Il y a des choses qu’on ne contrôle pas, comme les blessures, mais elles ne font que ralentir les choses. Et je ne crois pas qu’il soit trop tard ! Forcément, si je subis la même blessure au genou, ce sera fini mais tant qu’il y a de l’espoir, je ferai tout pour être avec les Bleus au Japon.

Il y a un an à cette époque, vous étiez le demi de mêlée titulaire et buteur attitré du XV de France pour le Tournoi...

C’est pour ça que je pense légitimeme­nt pouvoir accrocher une place dans le groupe pour le Mondial. Je connais le niveau que je dois atteindre pour y parvenir, et je fais tous les efforts pour ça. Seul le terrain et mes performanc­es en club me permettron­t d’avoir cette chance.

La Coupe du monde, c’est aussi une promesse que vous vous êtes faite par rapport à votre père ?

Nous en avons parlé avant son départ. Il m’a dit que ce ne serait pas la fin du monde si je ne la faisais pas et qu’il y a des choses beaucoup plus graves. Bien sûr ! Mais c’est un objectif profession­nel auquel je tiens. Il faut se fixer des objectifs personnels. Collective­ment aussi, on se dirige vers une fin de saison palpitante avec le Racing.

Votre club, justement, vit une drôle de saison, entre coups d’éclat et coups de mous. Comment l’avez-vous vécue jusque-là ?

Quand on est blessé de longue durée, c’est difficile d’être présent au quotidien. Je trouve que notre début de saison a été plutôt correct. Il y a eu de très bonnes choses même si nos deux défaites à domicile sont difficiles à rattraper. Pour l’instant, on tient nos objectifs en Coupe d’Europe. Nous sommes un peu en retard en Top 14 mais on n’est pas non plus largués. Vous savez, il est très compliqué de jouer sur les deux tableaux. Mentalemen­t, c’est impossible d’être au même niveau tous les week-ends. On peut être en colère concernant certaines performanc­es à l’extérieur. Je pense notamment au match à Lyon (défaite 3211 lors de la dernière journée). Pour le futur, il va falloir grandir et arrêter de passer au travers comme ça. Il n’est pas possible d’enchaîner une prestation satisfaisa­nte comme celle face aux Scarlets et un mauvais match comme celui à Lyon.

C’est vrai que c’est étonnant.

Oui et je peux vous dire que nous sommes les premiers surpris. Nous essayons de trouver des solutions pour mettre la même intensité, la même implicatio­n et le même sérieux dans toutes les rencontres, quelles qu’elles soient. Mais, je le répète, il est compliqué d’être prêt mentalemen­t tous les week-ends. Disons que le plus important, c’est d’être là au bon moment. Il faut juste prendre garde à terminer parmi les six premiers. (sourire) ■

 ?? Derewiany Photo Midi Olympique Patrick ?? Le demi de mêlée internatio­nal du Racing, Maxime Machenaud, croît toujours en ses espoirs de disputer la prochaine Coupe du monde. Cela passera par de bonnes performanc­es avec son club.
Derewiany Photo Midi Olympique Patrick Le demi de mêlée internatio­nal du Racing, Maxime Machenaud, croît toujours en ses espoirs de disputer la prochaine Coupe du monde. Cela passera par de bonnes performanc­es avec son club.

Newspapers in French

Newspapers from France