Midi Olympique

TWICKENHAM, BY SELLA

- Par Émilie DUDON emilie.dudon@midi-olympique.fr

HISTOIRE SUR SES MYTHIQUES 111 SÉLECTIONS, PHILIPPE SELLA EN COMPTE 15 CONTRE LE XV DE LA ROSE. L’ANCIEN TROIS-QUARTS CENTRE DU SUA ET DE L’ÉQUIPE DE FRANCE A VÉCU QUELQUES-UNS DES PLUS BEAUX MOMENTS DE SA CARRIÈRE DANS L’ANTRE DU RUGBY ANGLAIS. IL NOUS LES RACONTE.

L’histoire a débuté bien avant ce 15 janvier 1983 quand, pour sa première sélection dans le Tournoi des 5 Nations à tout juste 20 ans, Philippe Sella (alors vêtu du numéro 14) s’était imposé dans le mythique jardin anglais, un essai personnel à la clé. Non, Twickenham a commencé à faire rêver le légendaire trois-quarts centre des Bleus bien avant cela, « tout minot » quand il voyait ses aînés ferrailler outre-Manche. « C’est même le premier stade où j’ai assisté à une rencontre internatio­nale hors de France, raconte-t-il. J’avais 16 ans. J’avais gagné le concours du meilleur jeune joueur et j’avais été invité en Angleterre. » Trois ans plus tard, celui qui serait un temps le joueur le plus capé du rugby français faisait donc ses premiers pas dans le Tournoi dans le stade qui l’avait toujours fait rêver (lire ci-contre). « La première chose qui me vient à l’idée quand je pense à Twickenham, c’est cette image de temple du rugby. C’est vraiment ça. Ce stade représente quelque chose de fort. À mon époque, il n’était pas exactement le même, c’était un stade rectangula­ire, avec ces tribunes bien droites derrière les poteaux, tout en ferraille. Ça faisait beaucoup de bruit. On n’aimait pas y entendre les « Swing Low, Sweet Chariot »... »

Philippe Sella a subi quelques fois les chants des supporters anglais... En quinze capes contre le XV de la Rose, il l’a emporté six fois, dont cinq de 1983 à 1988 : deux à Twickenham en 1983 et 1987, plus un match nul (9-9) en 1985 après un ballon perdu par « le «TGV» Patrick Estève dans l’en-but alors qu’il voulait marquer entre les poteaux. Comme quoi, il y avait déjà des coups du sort à l’époque... Au final, je n’ai jamais perdu contre les Anglais de 1983 à 1988 et jamais gagné de 1988 à 1995 (mis à part pour le match de la troisième place lors de la Coupe du monde en Afrique du Sud, N.D.L.R.). Durant ces dernières années, nous étions toujours meilleurs à Twickenham qu’à Paris. C’est étrange mais c’est vrai ! »

LES BELLES BAIGNOIRES

En effet, sur les huit défaites d’affilée subies contre les Anglais durant les six dernières années de sa carrière internatio­nale, l’Agenais a encaissé quelques raclées au Parc des Princes (7-26 en 1990, 13-31 en 1992) mais s’était incliné de seulement deux points outreManch­e en 1991 (21-19, lire ci-contre) et d’un point deux ans plus tard (1615). La mauvaise série avait commencé en 1989, avec un 11-0 encaissé à Londres et un essai du légendaire Will Carling «qui avait enfumé tout le monde en marquant en coin après une feinte de croisée ». C’est son dernier match en bleu à Twickenham, finalement, le 4 février 1995, qui fut le plus difficile. Il se marre en le racontant : « On y va gonflés à bloc. C’est juste avant la Coupe du monde, on fait les gaillards, on arrive « chauds bouillants » et on prend trente points à la fin ! (31-10). On croyait vraiment en nous pourtant et la déception avait été à la hauteur de nos attentes. J’avais rarement vécu ça dans ma carrière mais cela nous avait bien servis pour la suite, et notamment la Coupe du monde en Afrique du Sud. » La belle histoire entre le légendaire centre français et le mythique jardin anglais s’était terminée vingt ans après avoir commencé, un jour de mai 1998 quand il y avait soulevé la Coupe d’Angleterre avec les Saracens pour l’avant-dernier match de son immense carrière (lire ci-contre).

Dimanche, Philippe Sella ne sera pas à Londres mais devant sa télé pour suivre les Bleus. « Je suis le supporter numéro un de l’équipe de France et un grand optimiste alors je suis sûr que l’exploit est possible. » Il y était revenu il y a peu de temps cependant, quand Agen a joué au Stoop Stadium voisin, face aux Harlequins en Challenge cup à l’automne dernier. « Nous avons dormi à l’hôtel à Twickenham. J’aime bien voir le terrain depuis les chambres. Il y a beaucoup plus de confort aujourd’hui mais on retrouve quand même quelque chose du passé. Ils ont gardé les magnifique­s baignoires dans les vestiaires, par exemple. Vraiment, c’est un stade que j’aime bien... » ■

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