QUEL JEU DEVANT L’URGENCE ?
ALORS QU’ILS AVAIENT MANIFESTÉ L’ENVIE DE PEAUFINER LEUR JEU OFFENSIF EN AMONT DU TOURNOI, LES BLEUS SEMBLENT AVOIR TOUT INTÉRÊT À REVENIR À CES BASES QUI NE LEUR AVAIENT PAS SI MAL RÉUSSI L’AN DERNIER.
On a beaucoup parlé cette semaine d’absence de fil conducteur, pour ne pas dire de cohérence, au sujet des compositions d’équipe de Jacques Brunel. Difficile en effet de comprendre quoi que ce soit à ce grand écart qui a vu le XV de France passer pour caricaturer - en moins d’une semaine d’un pack de brontosaures à un cinq de devant « light », ainsi que d’une ligne arrière de gazelles à une traction arrière alourdie… Question d’équilibre d’équipe global ? Mouais… À dire vrai, on se demande encore à quel moment le XV de France a cru pouvoir se montrer performant avec un choix des hommes aussi dissemblables, censés devoir servir un seul et même projet de jeu…
Que Jacques Brunel ait rétabli à son arrivée à la tête des Bleus le système de répartition en « 13-3-1 » qu’il a prôné tout au long de sa longue carrière (du temps où il n’était qu’adjoint de Bernard Laporte à aujourd’hui, en passant par l’Italie et Perpignan) ? Sur le fond, aucun souci. Après tout, il est de l’honneur d’un coach d’avoir des convictions, et d’y rester fidèle. Sauf que, jusqu’à plus ample informé, l’art du coaching consiste à adapter ses systèmes de jeu aux hommes dont il dispose, et non l’inverse. Et que les joueurs confient en off avoir du mal à saisir cette gestion…
REVENIR EN ARRIÈRE POUR ALLER DE L’AVANT
Dès lors, comment traiter l’urgence absolue qui se profile, avec « l’obligation » de l’emporter face à l’Écosse sous peine de jouer la cuiller de bois en Italie, qui serait d’autant plus douloureuse à négocier pour Brunel ? D’abord, probablement, en allant au bout des choses, et en réduisant la voilure en adéquation avec les profils de joueurs à disposition. Confirmer malgré tout Bastareaud en homme de base, faire débuter Thomas Ramos avec le numéro 15, et rappeler le pack qui affronta les Gallois pour prendre la mesure d’Écossais moins puissants. En clair, revenir (une fois de plus en ce qui concerne les Bleus…) aux valeurs cardinales du Top 14 que sont la conquête, la défense et le jeu au pied. Des vertus dont les Irlandais ont démontré à Murrayfield qu’elles pouvaient suffire à vaincre le XV du Chardon, terriblement dynamique et combatif mais qui pèche encore par manque de puissance, lorsque l’adversaire parvient à le coincer dans un jeu direct et à l’user physiquement. Une option qui pourrait parfaitement convenir à ces Bleus dans le doute, puisqu’elle fut déjà celle du sursaut de la saison dernière, observé à Marseille face à l’Italie puis contre l’Angleterre… Un retour en arrière d’un an, en somme ? Peut-être. Sauf qu’à ce moment où il est urgent de pouvoir se raccrocher à quelques certitudes, les Bleus peuvent au moins se souvenir que ce jeu minimaliste ne leur a pas si mal réussi en 2018. Et semble le seul, faute de mieux, à pouvoir les faire repartir de l’avant…