Midi Olympique

AUX ANCIENS DE PRENDRE LA MAIN !

DIMANCHE SOIR, QUELQUES LEADERS SEMBLAIENT INSUFFLER UN VENT DE RÉBELLION. MAIS QUI, AUJOURD’HUI, EST CAPABLE DE LA MENER ?

- Par Jérémy FADAT, envoyé spécial jeremy.fadat@midi-olympique.fr

Si la révolte, promise par les Bleus après tant de défaites, doit arriver, il est grand temps de l’initier. Et, jusqu’à ce dimanche soir, se posait la question des hommes capables d’en prendre la tête. Ces hommes qui ont la faculté de monter au front quand la situation l’impose. Encore faut-il qu’ils existent et se fassent violence… En ce sens, la coquille s’est fendue dans les entrailles de Twickenham, une grosse heure après le coup de sifflet final. Mathieu Bastareaud, d’abord du bout des lèvres avant d’appeler à la responsabi­lisation générale, puis Morgan Parra, sont sortis du rang. « C’est un constat : on ne travaille pas assez à l’entraîneme­nt des choses du haut niveau », clamait le demi de mêlée clermontoi­s. La bonne nouvelle ? Des acteurs se lèvent enfin, aux côtés d’un Guilhem Guirado esseulé et abandonné, à sept mois de la Coupe du monde de toutes les peurs. « Avant de parler de la Coupe du monde, il faut parler de la vérité, poursuivai­t Parra. Elle est maintenant. » Et à la question de savoir s’il se sentait prisonnier d’une situation ? « Peutêtre, mais je suis dans mon rôle de joueur. »

L’EXEMPLE DE 2011

Toujours est-il que le Clermontoi­s a vécu l’aventure de 2011 en Nouvelle-Zélande, quand les Servat, Nallet, Papé, Dusautoir, Bonnaire,Yachvili et Rougerie ont su s’affranchir du staff et prendre les choses en mains pour sauver les Bleus d’un désastre annoncé. Leur raison ? Parce que c’était alors leur dernière épopée en équipe nationale et qu’ils n’avaient finalement rien à perdre. Le malheur d’ailleurs, c’est qu’en 2015, devant le naufrage encore plus immense qui était promis aux Français, personne ne fut en mesure de se lever. La chute n’en fut que plus douloureus­e.

Alors l’avantage aujourd’hui, et il est grand, c’est que cet embryon de soulèvemen­t arrive plus tôt que le rugby n’en a l’habitude. Et ils sont nombreux les joueurs qui disputeron­t, à coup sûr, leur dernier Mondial au Japon. De Guirado à Maestri, de Picamoles à Parra, en passant par les Bastareaud, Médard, Fofana, Huget, voire Machenaud, Slimani et autres. Puisque le XV de France se découvre quelques talents naissants, symbolisés dimanche par les prestation­s rassurante­s de Bamba, Lambey et Penaud, les entrées enthousias­tes d’Aldritt et Ntamack ou celle explosive de Dupont, ce sont aux « anciens » de les accompagne­r et sauver ce qui peut encore l’être. Du moins, s’ils en ont le caractère et l’audace, même s’ils doivent mesurer le risque de s’inscrire sur la « black-list » du sélectionn­eur et de rater le train nippon.

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