FATAL CONTRE-EMPLOI
MISSIONNÉ EN DÉFENSE DANS LA COUVERTURE DU FOND DU TERRAIN, LE DEMI DE MÊLÉE CLERMONTOIS S’EST NOYÉ DANS CE RÔLE À CONTRE-EMPLOI. PAYANT LES POTS CASSÉS D’UNE STRATÉGIE INSUFFISAMMENT TRAVAILLÉE ET QUI A SOUFFERT DE LA COMPARAISON AVEC LES CERTITUDES DE L
Fatalement, son cas allait être scruté à la loupe. Attendu depuis de longs mois par Jacques Brunel pour incarner le rôle de premier lieutenant de Guilhem Guirado et de stratège de l’équipe, Morgan Parra avait connu, pour sa 70e sélection, un retour dans le Tournoi contrasté face au pays de Galles. Excellent dans l’animation (en témoigne son rôle crucial sur les deux essais tricolores), coquin et expérimenté pour assurer les sorties de camp en première période, le Clermontois a pourtant quitté très tôt de la pelouse. Un remplacement par Baptiste Serin qui a fait couler beaucoup d’encre, au vu des difficultés par les Tricolores pour garder lucidité et sang-froid dans le money time… La faute à ces échecs au pied (sept points égarés à lui seul), au travail de harcèlement du duo de flankers gallois (Tipuric-Navidi) qui lui chatouilla régulièrement les côtes à la limite du retardement ou tout bonnement d’une mauvaise inspiration du staff ? Ce dimanche, à Twickenham, il était trop tard pour ressasser la question. L’unique interrogation valable consistant en la manière dont Parra et ses coachs allaient réagir, avec la présence sur le banc d’un joueur au profil complètement opposé en la personne de Dupont…
TROP D’ATTENTES ?
Pour résumer, au coup d’envoi, les données semblaient claires : en cas de match complètement maîtrisé, on voit mal ce qui cette fois aurait pu contraindre Jacques Brunel à sortir son demi de mêlée. Le truc ? C’est que les Tricolores n’ont justement rien maîtrisé du tout, ainsi que le déplorait le sélectionneur. « On attendait la pression adverse par du jeu au pied et nous n’avons pas su sortir de cette emprise alors que les Anglais l’ont accentuée. Nous encaissons quasiment le même modèle d’essai sur l’ensemble de la première mi-temps. Ce qui me déçoit, c’est que nous n’avons pas su trouver les réponses à ces situations qui se sont reproduites toute une mi-temps. En seconde période, au moins, nous avons été moins pris. Mais en première, on n’a pas su trouver la réponse, et c’est ce qui me désole. » Parce que, justement, Brunel attendait (trop ?) d’un cadre comme Parra qu’il en apporte davantage dans ce registre précis… « Quand tu recules en permanence, il n’y a pas vraiment de solution, surtout à ce niveau, soufflait le demi de mêlée. J’ai essayé de couvrir quand le fond était dégarni, ça n’a pas été suffisant. »
« CONTRAIREMENT À NOUS, LES ANGLAIS SAVENT OÙ ILS VONT »
Missionné en effet au fond du terrain dans un rôle à contre-emploi pour soutenir Yoann Huget, le Clermontois a en effet vécu un petit calvaire, pris de vitesse par May dès la première action du match, auteur d’un en-avant sous une chandelle (bottée pourtant sans conviction par Farrell) qui coûté la troisième, et globalement mis sous pression en permanence. Il faut dire, à sa décharge, que Parra a été livré à lui-même par ses partenaires, chargé du troisième rideau mais aussi de toutes les sorties de camp (y compris lorsqu’il n’était pas sur son bon pied). L’absence de pied droit dans le XV de départ y était probablement pour beaucoup mais tout de même ! On en veut pour preuve qu’à plusieurs reprises, le pauvre Parra était obligé de prendre les jeux au pied à son compte puisqu’il ne disposait même pas de soutien axial au cas où… « Physiquement, je ne sais pas, constatait Parra. Mais stratégiquement, nous ne sommes pas invités. D’abord parce que ce n’est pas culturel chez nous et surtout parce qu’on ne le travaille pas assez. Dans ces domaines, nous ne sommes pas au niveau, c’est tout… Autant contre le pays de Galles, on avait réussi une première mi-temps de haut niveau, autant là, nous avons été dépassés. Parce que les Anglais ont réalisé des choses simples mais très bien faites, et nous ont cantonné dans nos 5 mètres. Et à chaud, je n’ai pas de solution. »
Une leçon de plus, d’autant plus douloureuse. « Les Anglais savent où ils vont, ils sont sûrs de ce qu’ils doivent faire alors que chez nous, ce n’est pas du tout le cas. » Une critique en creux qui pourrait ne pas plaire en haut lieu mais qui a au moins le mérite d’exister, dans ce milieu où rares demeurent les joueurs à prendre leurs responsabilités. Mais laissera-t-on au moins à Parra le temps de le faire ? Sachant que la priorité de Brunel consistait à installer la charnière Parra-Lopez pour le Tournoi, on peut espérer que oui. Sauf qu’on peut aussi craindre que sa sortie une nouvelle fois précoce dès la 47e, assortie à la bonne entrée de Dupont, ne soit pas franchement bon signe pour la continuité…