COMME UN FANTÔME
LA TITULARISATION DU FLANKER HÉRAULTAIS ÉTAIT UN CHOIX DE JACQUES BRUNEL. PERDANT.
Le choix de sa titularisation, immédiatement, avait interpellé. Parce qu’il s’agit bien d’un choix du sélectionneur, qui en avait fait trois dans sa composition d’équipe au-delà de ceux contraints par les blessures : le retour de Mathieu Bastareaud au centre, le prime à Félix Lambey en deuxième ligne, après l’éphémère confiance à Paul Willemse, et Yacouba Camara, donc, préféré en troisième ligne à Wenceslas Lauret.
Derrière ces options, que fallaitil lire ? Que les Français allégeaient leur paquet d’avants pour lui rendre du dynamisme et donc, en filigrane, que les Bleus s’attendaient à avoir le ballon à Twickenham. Sauf que, de munitions, ils n’en ont eu aucune ou presque durant la première période. Mâchés par le pack anglais, broyés sur la ligne d’avantage et incapables d’intervenir sur les zones de rucks, les Bleus n’ont fait que subir. Et le choix de Yacouba Camara, associé en troisième ligne au déjà filiforme Iturria, s’est avéré perdant.
SEPT MATCHS SEULEMENT DANS LES JAMBES
Peut-on totalement brûler un joueur qui a déjà donné satisfaction, par le passé, et qui se trouvait propulsé au front londonien avec sept matchs seulement dans les jambes cette saison ? Il y a, dans l’énoncé de la question, une forme de réponse. Camara devra être revu en bleu, c’est une évidence. Dans un autre contexte, plus favorable à son jeu dynamique, plus aéré et précis que ce brouillon de rugby produit par les Français en Angleterre. Il faut aussi dire les choses comme elles sont : à Twickenham, Camara n’a pas existé et nettement souffert de la comparaison à son poste avec les jeunes Anglais.
Pris par la vitesse et la précision d’exécution anglaise, dominé dans les impacts, le Montpelliérain n’a pas non plus trouvé de vitesse en attaque pour venir soutenir sa paire de centres. Ses huit plaquages comptabilisés sont insuffisants, son peu d’activité ballon en mains aussi (cinq mètres parcourus). Et la question du sacrifice de Lauret sur son autel revient, logiquement. Face aux Gallois, le Racingman n’avait certes pas plus d’envergure dans le jeu offensif. Mais son abattage dans les rucks fut tout autre, où il arrivait presque systématiquement en premier soutien offensif et où ses contestations du ballon, quand elles ne permettaient pas de le récupérer, le ralentissaient au moins. C’est une partie du problème que les Bleus n’ont pas su résoudre, en plus des carences dans le fond du terrain.