LE PIED POUR LES ANGLAIS !
Demander à Laurent Labit de parler de jeu, d’animation offensive, de circulation des joueurs et de poser un regard technique sur une rencontre aussi prestigieuse que le « Crunch », c’est comme proposer à un enfant un paquet de Dragibus sur la route de Disneyland. Le visage s’illumine, le sourire s’affiche en taille XXL. Et qu’importent les résultats récents des Bleus. Pour qui n’a jamais eu la chance de tailler le bout de gras avec l’entraîneur des trois-quarts du Racing 92, refaire le match avec celui qui se revendique plus entraîneur que manager, c’est l’assurance de pénétrer au coeur de la stratégie, au plus profond du jeu.
Les matchs, il les dévore comme d’autres enchaînent les bouquins. Par dizaines, chaque semaine. Rien que le vendredi soir, installé chez lui devant ses écrans, il suit toutes les rencontres de Pro D2 sur les antennes d’Eurosport. D’abord, à la recherche de la perle rare, « parce que le Pro D2 regorge de jeunes talents », dit-il. Olivier Klemenczak, débarqué de Dax la saison dernière au Racing 92, en est la preuve vivante. Ensuite, « Parce que c’est toujours intéressant de voir ce qui se passe dans les autres championnats. » Il est comme ça, Laurent Labit. Pas franchement le genre à rester sur ses acquis, coincé entre ses convictions et ses certitudes. Ce dimanche, il a accepté de nous ouvrir son intimité afin de suivre à ses côtés ce deuxième match du XV de France dans le Tournoi des 6 Nations. Le premier opus contre les Gallois l’a contrarié. L’ascenseur émotionnel né du contraste entre la première et la seconde période, il n’a pas aimé. Avant le coup d’envoi de la rencontre entre les Bleus et le XV de la Rose, il a fait part de ses interrogations. Sa principale inquiétude ? « Comment va-t-on répondre au jeu au pied que les Anglais vont nous proposer ? » Après quarante minutes de jeu, les craintes du technicien, liées à une composition de la ligne de troisquarts française avec quatre centres et un ailier à l’arrière, se sont transformées en un constat accablant. Face à l’alternance et la maîtrise des différentes formes de jeu au pied anglais, les Bleus ont souffert de la comparaison. Pire, ils ont failli dans la couverture du fond de terrain. C’est ce que Laurent Labit a souhaité expliciter ci-dessous, mettant en lumière la stratégie anglaise.