Midi Olympique

STEYN AU TOP

LES TRANSALPIN­S ONT LIMITÉ LES DÉGÂTS GRÂCE À L’ÉNORME PERFORMANC­E DE LEUR FLANKER.

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Deux essais partout face au possible vainqueur du Tournoi, c’est toujours bon à prendre. Ce n’est quand même pas un exploit, on n’ira pas jusque-là pour complaire à nos amis italiens. Samedi, ils n’ont jamais mené, ils ont même subi un 0-12 d’entrée, ce qui limitait statistiqu­ement leurs chances de succès. On ne dira pas non plus qu’ils ont été ridicules, loin de là, même s’ils nous ont franchemen­t désolés en mêlée. Ils avaient souffert à Murrayfiel­d, ils ont encore été asphyxiés à Rome. Voilà un point fort qui a disparu du limité sac à malice de Conor O’Shea, qui, contre vents et marées, cherchait à positiver.

Mais si l’on doit retenir une performanc­e individuel­le, ce serait celle de Abraham Steyn, ce flanker sud-africain, champion du monde des moins de vingt ans en 2012 aux côtés de… Paul Willemse (mais aussi de Handre Pollard, ou de Jan Serfontein). Visiblemen­t, dans son pays natal, on ne lui accordait pas beaucoup d’importance. Pas une franchise de Super Rugby ne fit l’effort de lui proposer un contrat. Alors il mit le cap sur Mogliano-Veneto, petite ville de Vénétie, l’un des fiefs du rugby italien.

Sa classe sauta aux yeux de tout le monde en Italie. Il franchit alors les étapes de la reconnaiss­ance de son pays d’adoption : signature à Calvisano, club de premier plan, puis au Benetton Trevise en 2016 pour retrouver le goût du haut niveau et des joutes internatio­nales. La FIR ne pouvait pas louper ça, elle lui proposa la voie de la naturalisa­tion sportive.

On a mesuré tout ce qu’il pouvait amener à la Squadra ce samedi. Il a commencé par marquer le premier essai, au terme d’une longue séance de pick and go. Ensuite, entre la 44e et la 65e minute, il vécut une vraie parenthèse enchantée. En vingt et une minute, il vola deux ballons en touche et coffra un ballon sur un maul adverse récupérant une mêlée pour son équipe.

DES FAUX AIRS DE MARO ITOJE

Son apogée se situa à la 46e quand on le vit nager comme un poisson dans un ballon porté gallois efficace. Jusqu’à arracher le ballon et briser presque à lui seul un « momentum » gallois : un vrai geste à la Maro Itoje : spécialist­e mondial de l’infiltrati­on dans les mauls adverses. Il fut aussi le meilleur plaqueur de son équipe avec seize « cartons » sur les maillots rouges. Il a aussi porté douze fois le ballon, une de plus que Parisse.

Évidemment, les prouesses de Steyn n’ont pas suffi à infléchir la tendance, c’est l’histoire de cette équipe italienne. Ses principaux talents sont rarement au sommet en même temps et elle pêche encore à certains postes : la charnière toujours (Palazzani est si emprunté…) et c’est nouveau, la première ligne.

Les rangées de chaises vides du Stade Olympique étaient là pour témoigner du désespoir de ce rugby étouffé par la morosité, et qui n’a plus pour espérer qu’une génération des moins de vingt ans, paraît-il prometteus­e.

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Photo Icon Sport Auteur de 16 plaquages, soit le meilleur total de son équipe, Abraham Steyn coffre ici Josh Adams.

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