GATLAND SAUVE SON PARI
LE SÉLECTIONNEUR GALLOIS AVAIT PRESQUE ALIGNÉ UNE ÉQUIPE B À ROME. ET IL A GAGNÉ SON PARI, MÊME SI LA COPIE NE FUT PAS SANS QUELQUES RATURES. LES REMPLAÇANTS GALLOIS ONT SU MONTRER CE QU’ILS SAVAIENT FAIRE.
On aime bien finalement Warren Gatland, sélectionneur flegmatique, parfois impavide, mais qui sait trancher dans le vif et assumer ses choix. Il avait décidé d’aligner une équipe volontairement remaniée en se passant de George North, Ken Owens, Leigh Parkes, Justin Tipuric et Cory Hill et laissant son capitaine Alun-Wyn Jones et Ross Moriarty sur le banc. Dix changements d’un coup ; ça frisait le manque de respect pour l’Italie mais le pari a été au moins en partie gagné. Les Gallois ont même refusé de tenter une pénalité à 19-10 pour aller en touche. Gatland a prouvé que les réservistes gallois avaient assez de qualité pour venir s’imposer à Rome, notamment cette troisième ligne improbable : Young-Navidi-Wainwright. Un numéro 8 néophyte et deux flankers qui n’avaient jamais été titulaires dans le Tournoi. Aaron Wainwright, des Gwent Dragons, fut notamment couvert d’éloges par la presse galloise. Il n’a que 21 ans et un sacré abattage.
Ceci dit, le match du pays de Galles a suscité quelques réserves, déjà parce que les Italiens restent faibles, et parce que les Gallois ont manqué le bonus offensif qui semblait possible vu la différence de potentiel. Qui sait si ce point ne manquera pas en fin de Tournoi en cas d’égalité ? On allait l’oublier, la partie s’est terminée à deux essais partout puisque Mathieu Raynal refusa un essai à Thomas Young à la dernière minute pour un en-avant de passe entre Anscombe et Watkin. En fait, Warren Gatland s’est sans doute fait peur quand il a compris que son pack était sévèrement contré en touche.
« On peut nous critiquer, c’est sûr. Mais j’ai d’abord trouvé que nos adversaires nous ont donné pas mal de fil à retordre. Je crois que c’était la meilleure performance italienne que j’ai dû endurer depuis que j’entraîne Galles. Après, je ne vais pas me cacher, oui, la touche a été préoccupante. Nous n’avions pas le bon tempo dans nos sauts et si on répète ça contre l’Angleterre, on aura de sérieux problèmes. Après, je sais qu’on m’a critiqué pour mes dix changements mais je l’assume. Je suis ici pour essayer de gagner le Tournoi, c’est entendu, mais je dois aussi préparer la Coupe du Monde. Je voulais voir les 31 joueurs de mon groupe à l’oeuvre. »
Ces problèmes en touche sont forcément une pierre dans le jardin du talonneur Eliott Dee, des Dragons. Il n’a pas passé un bon après-midi et ne passera pas de bonnes séances vidéo, même si dans le jeu, il s‘est signalé par quinze ballons portés. A-t-il été « trahi » par ses sauteurs, un peu lymphatiques ? C’est une possibilité, d’autant plus que son remplaçant, Ryan Elias des Scarlets a vu lui aussi un de ses lancers interceptés.
L’ESSAI D’ADAMS OU LE PAYS DE GALLES ÉTERNEL
Ceci dit, les supporters gallois ne doivent pas pleurer la bouche pleine. Cette rencontre sans grand relief, les a rassurés sur la capacité impressionnante à sortir des talents offensifs : Liam Williams a encore sorti quelques gestes de classe et Josh Adams a joué les dynamiteurs. Il a d’ailleurs marqué le premier essai décalé en bout de ligne, sur feinte et passe de Liam Williams justement. Cet essai d’Adams brilla à nos yeux comme une preuve de ce rugby gallois immémorial que personne ne nous enlèvera jamais, même pas le Brexit. Un modèle d’élargissement né d’une percée côté fermé d’Aled Davies, entaille profonde qui ouvrit tout l’espace opposé à sa ligne de trois quart. Young le suppléa en position de demi de mêlée, fixation de Beard, nouveau coup de main de Young vers l’extérieur, Biggar qui joue dans le dos de Watkin pour le trio 13-15-11 : justesse, inspiration et rapidité dans un couloir restreint. On se laisse prendre à chaque voyage...