BROYÉS, LES BLEUETS...
SURCLASSÉS DANS LE COMBAT COLLECTIF ET DOMINÉS AU NIVEAU DES IMPACTS, LES BLEUETS ONT PERDU LEUR PREMIER MATCH DEPUIS LE TITRE MONDIAL ACQUIS AU PRINTEMPS DERNIER.
Quand on parle de technique individuelle, on a trop souvent tendance à voir une passe vissée en pleine course, un coup de pied à suivre qui retomberait trente mètres plus loin dans les bras de l’ailier ou un « offload » en plein trafic. À trop disserter, ces derniers temps, de jeu et d’espaces, a-t-on oublié à quel point la mêlée fermée demeurait un élément capital du rugby ? À ce titre, il est aujourd’hui incompréhensible que les Bleuets, champions du monde en titre, aient à ce point été dominés dans ce secteur de jeu par leurs vis-à-vis britanniques, lors de ce deuxième round du Tournoi des 6 Nations. Car ce n’est pas trois, ni cinq, ni huit pénalités que les Anglais ont récolté samedi après-midi, à Exeter : sur des poussées franches et des mêlées démembrées, ce sont douze pénalités dont ont écopé les Tricolores ! Douze fois, le paquet d’avants tricolore a donc fait marche arrière. Douze fois, le cinq de devant français a donc plié face à la force collective anglaise. Partant de là, il fut impossible à Jordan Joseph et Louis Carbonel d’insuffler un quelconque rythme à la rencontre. Et le staff des moins de 20 ans tricolores eut beau changer de première ligne à la mi-temps puis, une nouvelle fois, en fin de match, la domination des gros bébés britanniques resta la même…
LOUIS CARBONEL, MALGRÉ TOUT…
Que faut-il retenir, finalement, de la fessée encaissée par les hommes de Sébastien Piqueronies dans les Midlands ? Si la somme de travail reste, pour eux, immense dans le combat collectif, les Bleuets quittent aussi le Royaume-Uni lesté de maigres certitudes. La première, c’est que Jordan Joseph, dont le talent avait explosé aux yeux du monde il y a six mois, reste le phénomène qui nous avait alors été présenté : à Exeter, face à des adversaires pourtant colossaux, le numéro 8 du Racing 92 fit parfois l’impression d’un géant dans une cour d’école, tant ses rushs firent des dégâts dans les rangs anglais. La seconde, c’est que Louis Carbonel, très bon derrière un paquet d’avants surclassé, sera très bientôt appelé à l’étage au-dessus. : juste au pied, toujours très vif, alternant au mieux l’occupation et l’offensive, l’ouvreur du RCT a fait comprendre aux observateurs pourquoi les dirigeants varois ont choisi, pour lui faire une place dans l’effectif, de se séparer en juin prochain de François Trinh-Duc, aujourd’hui annoncé dans les Hauts-de-Seine.
UN GROS TEST EN IRLANDE…
Si l’idée d’un grand chelem est enterrée pour les Bleuets, celle d’une victoire finale dans ce Tournoi des 6 Nations 2019 est également en souffrance. Battus pour la première fois depuis leur titre mondial, les coéquipiers du Montpelliérain Arthur Vincent, dont huit d’entre-eux furent champions du monde au printemps dernier, ont conscience du travail qu’il leur reste à accomplir dans la mesure où ils souhaitent défendre dignement leur titre mondial en Argentine, en juin prochain.
La leçon d’Exeter aura également servi à se rendre compte que les Anglais se présenteraient cette année parmi les grands favoris du prochain Mondial. Portés par l’énergie du flanker Aaron Hinkley (2 titularisations avec Gloucester cette saison) et la lecture du jeu de l’ouvreur Marcus Smith, la nouvelle bombe des Harlequins (8 titularisations en Premiership depuis le début de saison), les sujets de sa majesté ont vraiment fait forte impression devant leur public. Côté français, si la prochaine réception des Ecossais à Pau devrait être une formalité, le grand rendezvous se jouera pour eux à Cork lors du troisième round, face à des Irlandais vainqueurs de leurs deux premiers matchs, face au XV de la Rose et l’Écosse.