Midi Olympique

« C’est une vraie leçon »

IL ÉTAIT ADMIRATIF DE LA STRATÉGIE MISE EN PLACE PAR LES ANGLAIS, QUI N’A LAISSÉ AUCUNE MARGE DE MANOEUVRE AUX FRANÇAIS.

- Propos recueillis par Nicolas AUGOT nicolas.augot@midi-olympique.fr

Quel est votre sentiment après cette défaite ?

Les Anglais ont été meilleurs que nous stratégiqu­ement, notamment avec leur jeu au pied.

Pensez-vous que les Anglais ont exploité le fait que ni vous, ni Damian Penaud, n’êtes des ailiers de formation ?

Bien sûr, je pense qu’ils l’ont exploité. Mais les Anglais font ça à chaque match. Ils ne changent pas de philosophi­e. Ils ont toujours fait ça et ils n’allaient pas changer. Ça leur a souri car nous avons perdu énormément de ballons. Au moment de la perte de balle, notre défense est sur une seule ligne car nous sommes en train d’attaquer. Malheureus­ement, un grand sprinteur, face à un pilier, un neuf, il va plus vite. Ça ne pardonne pas. Farell et Youngs ont mis des supers coups de pied. Nous avons aussi ces armes mais nous les avons moins exploités. Stratégiqu­ement, nous étions moins en place.

Le premier essai anglais a-t-il été lourd de conséquenc­es ?

Non, ce n’est que le début. Ça peut arriver de se trouer d’entrée. Mais, après, nous avons enchaîné trop d’erreurs. C’est trop difficile de revenir car les Anglais savent alors que nous allons jouer donc ils se mettent sur une seule ligne pour défendre. Tout devient plus dur.

L’écart vous a-t-il semblé très important entre les deux équipes ?

Bien sûr, si on est honnête, on ne peut pas se dire que nous sommes proches d’eux. L’année dernière, nous avions été meilleurs qu’eux, cette année nous sommes moins bons qu’eux. Tout simplement.

Quel était le discours à la pause ?

On était à 30 points à la pause. On s’est dit qu’il fallait garder le ballon, qu’il fallait essayer de jouer un peu plus. C’est ce que nous avons essayé de faire mais nous n’avons pas su marquer par manque de précision. On fait tomber un ballon ou la passe n’est pas bonne, ou le jeu au pied n’est pas bon, ou encore on se fait arracher un ballon. Eux, ils se mettent à quatorze sur un rideau donc c’est plus facile de défendre aussi. De notre côté, nous étions obligés de mettre du monde derrière car ils mettaient du jeu au pied. C’est la stratégie qui a payé. Point.

Cette stratégie n’est-elle pas l’exemple à suivre ?

Ça se fait de plus en plus car ça devient une arme réelle face à des défenses qui montent fort. Ça permet de laisser un arrière décroché, un ailier un peu décroché, donc ça devient une arme. Les Anglais le font à la perfection avec des coups de pied millimétré­s. On voit qu’ils passent énormément de temps à le travailler car ça fait partie intégrante de leur stratégie. Les All Blacks font exactement pareil avec énormément de jeu au pied et d’occupation. C’est une vraie leçon.

Le Stade français s’en inspire aussi cette saison…

Oui à Paris, on le fait beaucoup. On essaie de s’inspirer des meilleurs et les meilleurs le font. Il faut s’inspirer des meilleurs. Ça marche, mais on ne le fait pas encore assez bien. Des fois, ça paye et on voit que l’on a gagné pas mal de matchs à l’extérieur. Mais je préfère parler de ce match à Twickenham. Voilà, c’est une arme redoutable. Si tu l’exploites bien ça peut être payant. Une chandelle c’est 50-50. Un coup de pied d’occupation, à la poursuite, avec beaucoup de pression et des ailiers qui arrivent à 10 000, c’est très difficile de défendre.

Avez-vous le sentiment que c’est un aspect que l’on ne travaille pas encore assez en France ?

On le travaille moins. C’est vrai que c’est moins culturel, donc on le travaille moins. Sinon, on serait meilleur. Dans notre championna­t et même en équipe de France, on ne le travaille pas assez. Pourtant les Anglais ont très peu joué ce dimanche avec leurs mains. Ils ont très peu marqué en faisant une passe. Je crois qu’ils n’ont marqué qu’un essai en faisant une passe. Sinon, ce n’est que du jeu au pied de pression. Et encore l’essai de Slade vient aussi d’un jeu au pied. Donc tous leurs essais viennent de là. Ils le font parfaiteme­nt. Les Saracens, le Leinster le font aussi et c’est très dur de défendre face à ces équipes. C’est une arme. Toutes les meilleures équipes le font. Les Anglais ont gagné comme ça en Irlande. Ils sont impression­nants ce soir. Ça doit être une source d’inspiratio­n.

Aviez-vous assez travaillé le jeu au pied anglais ?

Non… Je pense que l’on n’a pas assez passé de temps là-dessus. On s’est peut-être trop concentrés sur nous. On savait qu’ils tapaient beaucoup mais… on l’a travaillé quand même le jeu au pied. Mais quand c’est bien joué, c’est bien joué. À un moment donné, tu es obligé de monter sinon ils font des passes et vont marquer. Après, quand il n’y a plus personne derrière, Farrell met un jeu au pied derrière, un rasant, c’est 50-50 et là on s’est troué. On essaie de le travailler de plus en plus mais ils jouent mieux que nous. Sur un ballon de turnover, ils font une passe et tapent au pied avec des sprinteurs qui vont très vite. Nous ne sommes pas replacés, le neuf est en position d’ailier, l’ailier est dans le ruck, forcément c’est dur. Nous aussi, si on arrive à faire ça, on marquerait plus d’essais mais malheureus­ement, nous n’avons pas eu ces ballons de turn-over, on n’a pas assez gratté des ballons. Aujourd’hui, ça s’est joué sur ça.

Que peut-on espérer pour cette fin de Tournoi ?

Il faut gagner. On n’a pas le choix, surtout chez nous face à l’Écosse. En Irlande, il faudra être plus présents, car nous ne l’avons pas été assez ici. Nous n’avons pas eu suffisamme­nt le ballon. L’Italie c’est encore loin. Le plus important, c’est l’Écosse au Stade de France. Il faut gagner. Autant contre le pays de Galles, on n’est pas loin et on peut s’en mordre les doigts autant aujourd’hui il n’y a pas photo et il faut féliciter les Anglais. Sincèremen­t, il faut dire la vérité. Cette année, ils sont meilleurs que nous.

Vous allez pourtant retrouver l’Angleterre en Coupe du monde. Est-ce inquiétant ?

On est encore loin de la Coupe du monde. Et ça peut aller très vite. Sur un match tout peut être différent. Ce soir ils ont été meilleurs que nous. Aujourd’hui tout leur réussit et ils le méritent car ils travaillen­t énormément, ils ont des supers joueurs, mais tout peut changer très vite. Nous aussi on a des qualités et il va falloir les montrer au grand jour.

Étiez-vous d’accord avec l’arbitre sur votre carton jaune ?

C’est un choix de l’arbitre. J’essaie de revenir après une intercepti­on et après il y a un jeu au pied. Je tente de faire quelque chose car sinon il va marquer. Je vois que le ballon remonte sur lui, qu’il le tape avec la jambe et il dit qu’il voulait mettre un coup de pied. C’est un choix de l’arbitre. Le match était déjà très mal entamé. L’arbitre fait un choix et il faut le respecter même si je ne suis pas forcément d’accord avec lui.

 ?? Photo M. O. - D. P. ??
Photo M. O. - D. P.

Newspapers in French

Newspapers from France