Midi Olympique

« Que l’on me donne des responsabi­lités ! »

BENOÎT PAILLAUGUE - Demi de mêlée de Montpellie­r AUTEUR D’UNE BELLE PRESTATION À LA ROCHELLE, IL SE RAPPROCHE DE SON MEILLEUR NIVEAU. CADRE DE L’ÉQUIPE, PRÉSENT DEPUIS DIX ANS AU CLUB, LE NUMÉRO 9 SE LIVRE SANS CONCESSION SUR LES DIFFÉRENTS SUJETS D’ACTUA

- Propos recueillis par Julien LOUIS

Avec du recul, pensez-vous que, malgré la défaite, le MHR ait réalisé son meilleur match collectif à La Rochelle, il y a quinze jours ?

Je pense que nous avons montré un beau visage. Celui d’une équipe qui voulait faire quelque chose ensemble. On a vu beaucoup de solidarité et de générosité. Donc oui, c’est le meilleur match qu’on ait pu livrer collective­ment cette saison. Ce sera un déclic, j’espère.

Pourquoi ne parveniez-vous plus à jouer en équipe ?

L’année dernière (défaite en finale) nous a fait peut-être plus de mal que ce qu’on aurait pu l’imaginer. Ajoutons à cela l’absence de joueurs importants et le manque de confiance… L’an passé, tout jouait en notre faveur et nous n’avons plus la même réussite. A la reprise, le groupe était encore déstabilis­é par sa finale perdue et ses mauvais résultats.

Le sentez-vous désormais capable de vivre dans le présent ?

Oui car nous sommes dans l’urgence. Tout le monde a pris conscience qu’il sera difficile de se qualifier et qu’on ne nous donnera rien. Les décisions comme les rebonds du ballon n’iront pas toujours dans notre sens. Si on à s’en sort, ce sera par nous-mêmes. Il faut donc se resserrer encore plus.

Mais encore ?

Si on veut que notre collectif poursuive sa marche en avant entamée à

La Rochelle, nous avons besoin d’individual­ités fortes. Il faut que nos leaders soient au rendez-vous, que les joueurs qui veulent frapper à la porte répondent présents et que les éléments qui vont partir aient envie de laisser une belle image. C’est ensemble qu’on s’en sortira.

Vous parliez des leaders… Êtes-vous prêt à assumer vos responsabi­lités ?

Je n’attends que ça. Que l’on me donne des responsabi­lités et que l’on me fasse confiance. Je pense avoir les épaules pour. J’ai été très fier d’être nommé capitaine à La Rochelle (pour la

première fois avec Vern Cotter, N.D.L.R.) car j’aime mon club. Être numéro 3 derrière des joueurs emblématiq­ues comme Picamoles et Ouedraogo, c’est flatteur. Cela prouve qu’on compte sur moi. Mais attention, je ne parle pas d’avoir capitanat, loin de là… Juste des responsabi­lités.

Plus d’un mois après votre retour de blessure (ligament croisé), êtes-vous à 100 % ?

Non. Je dois encore retrouver mon jeu, le fait de prendre davantage d’initiative. J’ai essayé jusqu’alors de bien faire jouer mon équipe, mais il me manque encore de la vivacité sur mes appuis et mes changement­s de rythme pour faire des différence­s.

Quel a été le programme du MHR durant la trêve ?

Pour nous en sortir, nous avons besoin d’un collectif qui s’épanouit ensemble. Nous avons donc fait une première semaine partagée entre rugby, physique et activités ludiques. C’était vraiment top. Nous avons fait une sortie vélo au pic Saint-Loup et partagé une super soirée.

Comment appréhende­z-vous le derby face à l’Usap ?

Chaque match est désormais une finale. Si on perd contre Perpignan, c’est terminé pour la qualificat­ion. C’est une rencontre hyper importante mais comme le sera la suivante car nous n’avons plus de marge de manoeuvre. Mais notre équipe est capable de tout : gagner n’importe où et perdre contre n’importe qui à domicile. Pour se qualifier, il faudra enchaîner.

Quels sont les axes prioritair­es de progressio­n ?

La mêlée : elle nous a fait défaut à La Rochelle. Nous perdons à cause de ça. Ensuite, la discipline. Nous commettons trop de fautes et perdons trop de cartons. Encore deux lors de la dernière rencontre et, malgré cela, nous sommes devant au score à la 75e… Je ne sais pas d’où cela vient, mais nous allons devoir grandir sur cet aspect. Surtout que nous avons une image de merde (sic) et que l’on nous regarde davantage que les autres... C’est un fait réel et non pas une plainte de vilains petits canards. Un vrai handicap.

On vous sent très énervé…

Complèteme­nt. Même si c’est injustifié, descendre Montpellie­r est devenu une mode. Quand j’entends dire que le MHR, c’est un jeu à une passe pour marquer et des mauls, ça me fait doucement rire. À La Rochelle, nos adversaire­s gagnent sur notre indiscipli­ne et marquent sur deux groupés pénétrants… Mais personne n’en parle sauf quand c’est Montpellie­r. Et ça m’agace ! Attention, je ne dis pas qu’on fait le plus beau rugby mais pas le plus moche, non plus… Nous sommes catalogués comme une équipe de Sud-Africains golgoths. Cette image, nous essayons de la changer mais je pense qu’elle nous collera à la peau encore longtemps. Ne pas être champion l’an dernier a rendu tout le monde heureux.

Vous pensez réellement ça ?

Quand j’entends dire que Ruan Pienaar ne veut pas jouer avec Aaron Cruden, que les Français détestent les Sud-Africains… Mais attendez, où est-ce qu’on va ? C’est quoi l’idée : dire des conneries pour descendre l’équipe et la déstabilis­er ? Laissez nous tranquille­s ! Mais, après, c’est aussi à nous d’accepter ce désamour, pour nous resserrer et prouver que nous sommes une équipe. Je crois en nos chances de qualificat­ion.

Vous y croyez sincèremen­t ? Le MHR compte neuf points de retard sur le 6e et devra aller chercher au moins deux succès, soit à Toulouse, à Toulon, à Pau, au Racing ou à Clermont…

Il y a quelques années de cela, nous avions réussi à gagner onze matchs d’affilée et c’était presque la même équipe. Alors oui, bien entendu que j’y crois ! À l’inverse, je sais également que ce sera très difficile. Je suis lucide. Mais tout est possible. La clé ? Être meilleurs que les autres.

Avez-vous peur de la saison blanche ?

Bien sûr, je ne vais le cacher. Mais j’aime quand c’est difficile car ma carrière l’a toujours été. J’aime ces challenges et si je peux apporter cette volonté de ne jamais lâcher et d’y croire, je le ferais avec grand plaisir. Je suis vraiment très motivé ! On en revient au fait de prendre ses responsabi­lités…

« Descendre Montpellie­r est devenu une mode (...) Ne pas être champion l’an dernier a rendu tout le monde heureux.»

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France