Midi Olympique

Dupont-Ntamack, c’est l’heure !

FRANCE - ÉCOSSE - SAMEDI 15H15 - STADE DE FRANCE QUINZE JOURS APRÈS AVOIR VÉCU À TWICKENHAM UNE DES PLUS GRANDES HUMILIATIO­NS DE SON HISTOIRE, LE XV DE FRANCE EST ATTENDU SUR L’AIR DE LA RÉVOLTE, CONDUIT PAR UNE CHARNIÈRE INÉDITE. DUPONT-NTAMACK : DEUX GA

- Par Vincent BISSONNET (avec Emilie DUDON) vincent.bissonnet@midi-olympique.fr

Le vent du changement soufflait depuis quelque temps sur Marcoussis. Avant le lever de rideau du Tournoi, déjà, 53 % des observateu­rs avaient voté en faveur d’une titularisa­tion d’Antoine Dupont face au pays de Galles, au travers d’un sondage réalisé sur rugbyrama.fr. Dans nos colonnes, souvenez-vous de la diatribe de Richard Dourthe après la débâcle de Twickenham : « Voici ce que je vous propose : Antoine Dupont est le meilleur numéro 9, les autres sont nuls, on lui laisse donc les clés de l’équipe. À ses côtés, on place Romain Ntamack pour former une charnière qui anime, ose et attaque. » Olivier Magne avait bien ouvert l’intervalle, une semaine avant : « Lançons les jeunes, envoyons un message fort […] J’aimerais voir […] une charnière toulousain­e avec Dupont et Ntamack et d’autres. […] Aujourd’hui, Dupont est devant Parra, c’est une évidence. Installons les jeunes et, s’il le faut, laissonsle­ur du temps. » Leurs souhaits ont été exaucés, mardi matin, lors de l’annonce de la compositio­n des Bleus en entendant le nom des deux demis toulousain­s au sein du XV de départ. Place à la jeunesse, au revoir sagesse. Fin janvier, Jacques Brunel avait placé tous ses espoirs entre les mains et les pieds d’une charnière de trente ans de moyenne d’âge cumulant quatre-vingt-huit sélections et cinq ans de vécu en club : « Je suis persuadé depuis le début qu’elle peut organiser et orchestrer notre jeu de manière très efficace », plaidait-il alors. Raté. Changement total de décor, un mois plus tard, avec une associatio­n de dix ans plus jeune, comptabili­sant onze capes et inédite ou presque.

BETSEN, DALLAGLIO, CASTAIGNÈD­E : ILS SONT TOUS FANS DE DUPONT !

Avec des caractéris­tiques diamétrale­ment opposées, aussi, à même de métamorpho­ser le visage de l’équipe. Mais, au vrai, les profils passent au second plan au regard de la nécessité d’insuffler un nouvel allant au sein d’un vestiaire pétrifié par les défaites : « Cela peut être un atout par rapport à la fraîcheur et l’insoucianc­e dont l’équipe de France a besoin en ce moment », avance Sébastien Piqueronie­s, le sélectionn­eur des moins de 20 ans. Qui mieux qu’Antoine Dupont peut provoquer le déclic attendu, lui, le dynamiteur de défenses ? Dans la presse anglaise, Serge Betsen en parlait comme « d’un des meilleurs numéros 9 jamais vus en France », Lawrence Dallaglio le présentait comme le facteur X de notre sélection et Thomas Castaignèd­e s’interrogea­it quant à l’aberration ultime de son absence initiale : « Quand vous ne prenez pas le meilleur joueur français, Antoine Dupont, à quoi ça rime ? » Rien ne remplace le talent, paraît-il. À ce titre, le Toulousain, avec son culot monstre et ses jambes de feu, tient de l’espèce rare. Regardez les statistiqu­es de son entrée à Twickenham : en trente-trois minutes, il a établi le record de franchisse­ments sur la journée avec quatre percées. Reste une question, lancinante : ce soliste exceptionn­el peut-il devenir le chef d’orchestre tant attendu ? Dimitri Yachvili, quelque peu dubitatif, demande à voir : « Je n’attends pas d’un numéro 9 qu’il traverse le terrain ou casse des plaquages. J’aimerais que Dupont soit plus gestionnai­re, plus collectif. » Sébastien Piqueronie­s prend son contre-pied : « Son défi sera de jouer libéré tout en accélérant le jeu de l’équipe et d’exprimer ses points forts et ses qualités. Il y a différente­s façons de voir le très haut niveau, l’une d’elles est de mettre en avant et d’exacerber ses points forts. La première des choses sera d’exprimer très bien ce qu’il a en magasin de supérieur aux autres. » Le rendez-vous crucial de samedi peut marquer le véritable point de départ de sa carrière internatio­nale, lui, le minot aux onze sélections mais seulement deux titularisa­tions.

NTAMACK, LE PARI ULTIME

Et Romain Ntamack, alors ? Le digne héritier part de plus loin : à 19 ans, il compte seulement deux sélections, s’est surtout illustré au centre, en club comme avec les moins de 20 ans, et a connu un baptême européen contrasté, à Dublin face au Leinster tout particuliè­rement. Sa titularisa­tion à l’ouverture, pour une échéance couperet, s’apparente à un véritable pari. Son potentiel et son assurance peuvent-ils compenser l’inexpérien­ce ? Sébastien Piqueronie­s y croit, évidemment : « C’est déjà un joueur qui a les qualités pour s’exprimer dans les plus grands rapports de pression, à n’importe quel poste. Je suis persuadé que Romain est et sera un excellent 10. On essaie de nous faire croire que ce sont des postes différents mais bon… Romain est un très bon décideur dans les choix de jeu et le fait qu’il soit 10 ou 12 ne change pas grand-chose. » Ça change tout de même un peu : l’exposition, le rôle défensif et la responsabi­lité liés au poste rendront sa mission périlleuse… Mais après tout, au-delà des chiffres et de l’ordre établi, comment ne pas vouloir croire en ce parti pris radical de deux attaquants racés, insouciant­s et frais mentalemen­t. Sur le papier, le duo DupontNtam­ack, jeune et joli, rapide et vivifiant, possède tout pour plaire. Alors, roulez jeunesse ! La France du rugby ne demande qu’à vous suivre.

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