Midi Olympique

La vie en rose selon Wild...

HANS-PETER WILD, LE PROPRIÉTAI­RE DU STADE FRANÇAIS EST PLUTÔT DU GENRE À ASSUMER SES CHOIX ET PRÉVIENT QUANT À SON PROJET DE CLUB. SOIT ON ADHÈRE, SOIT ON VA VOIR AILLEURS.

- Propos recueillis par Arnaud BEURDELEY et Marc DUZAN arnaud.beurdeley@midi-olympique.fr marc.duzan@midi-olympique.fr

Présent depuis le lundi 11 février à Paris, Hans-Peter Wild n’a pas eu le temps de s’ennuyer. Tant s’en faut. Un planning minuté a même été établi pour toute la première semaine de travail. Après la mini-crise que le Stade français a traversée il y a quelques semaines, le propriétai­re du club de la capitale souhaitait rencontrer les joueurs. Il a ainsi organisé deux dîners, mercredi et jeudi, dans un des salons du Stade Jean-Bouin. À chaque fois, dix joueurs conviés. Le Docteur Wild s’est également entretenu individuel­lement avec trois joueurs de son choix : Yoann Maestri, Sergio Parisse et Nicolas Sanchez. D’autres rendezvous étaient à son agenda. Pour conclure la semaine, le milliardai­re allemand a inauguré vendredi soir la nouvelle boutique du club, au sein même du stade Jean-Bouin. Et samedi, il a assisté à la piteuse défaite de son équipe face au Lou. C’est quelques heures avant le coup d’envoi de cette rencontre face à Lyon qu’il a accepté de nous recevoir en présence du président Hubert Patricot. Détendu et souriant, il s’est tout de même montré très offensif sur certains sujets. Entretien

Comment avez-vous vécu la période assez agitée qui a suivi l’éviction de Robert Mohr et Julien Dupuy ?

Je n’étais pas en Europe pendant toute cette période. Même si j’étais en contacts quotidiens avec Hubert (Patricot) ou Fabien (Grobon), je ne suis revenu que fin janvier. J’ai donc suivi l’évolution de cette situation avant de recevoir le courriel de l’avocat de certains joueurs (Alexandre Flanquart, Morné Steyn, Jules Plisson ou Rémi Bonfils…) qui m’a un peu agacé. Quelle connerie, quand même.

Pourquoi ?

J’étais la mauvaise adresse. Ce n’est pas mon boulot de répondre à ça ! Si l’intermédia­ire de certains joueurs souhaite parler du sort de ceux-ci, il doit s’adresser à Heyneke

(Meyer). Je ne suis pas le responsabl­e. Mais il a compris ma position. Je n’ai rien contre lui.

Quelques joueurs semblent ne pas apprécier les méthodes de Heyneke Meyer. Peut-être est-ce aussi pour cette raison qu’il s’est adressé à vous...

Moi, j’aime les méthodes de Heyneke : tu dois travailler, tu dois être affûté. Le travail paye, je le sais. Quelques personnes n’aiment pas travailler dur. Plutôt que de se plaindre d’être sur le banc, ils devraient travailler davantage et, s’ils ne sont toujours pas contents, qu’ils cherchent un autre club, c’est aussi simple que cela.

Après les récents troubles traversés par le club, vous avez vraiment donné les pleins pouvoirs à Heyneke Meyer…

Mais il a toujours été le patron. Rien n’a changé.

Vous avez rencontré de nombreux joueurs durant votre première semaine parisienne. Comment cela s’est-il passé ?

J’ai dîné avec deux groupes de dix joueurs et on s’est beaucoup amusé. Ils ont compris que je n’étais pas là pour les manger vivants (Rires).

Robert Mohr était proche de vous. A-t-il été difficile de lui signifier sa mise à l’écart ?

Je ne lui ai jamais dit ça, je n’étais pas là. Je rencontrer­ai Robert lundi (le rendez-vous a bien eu lieu

lundi dernier, N.D.L.R.) et nous parlerons de son avenir. À ce jour, Fabrice Landreau remplace Robert, accepte d’être un émissaire de Heyneke et fait un très bon travail. Robert avait-il accepté ce rôle ? Je ne sais pas. Mais du moment où Fabrice était là, il n’y avait plus de boulot pour Robert. Pour autant, je n’oublie pas que si je suis au Stade français, c’est grâce à Robert Mohr. Il voulait que l’on apprenne le rugby profession­nel. Je lui dois beaucoup.

Quelle est la raison de son remplaceme­nt ?

C’est une décision de management, la deuxième phase d’accélérati­on du projet du club.

La mise à l’écart de Robert Mohr est-elle indépendan­te de celle de Julien Dupuy ? On dit que celle de Dupuy avait été actée bien avant Noël…

Les deux décisions sont totalement indépendan­tes. De toute façon, il y a un boss et l’équipe suit le boss. On ne peut accepter telle ou telle diversion.

Pablo Matera a signé pour trois ans. Son arrivée met-elle en péril l’équilibre du club vis-à-vis du salary cap…

C’est un non-sens. Et puis, je vais vous dire, le salary cap n’est pas parfait : des joueurs blessés depuis un an sont dans le salary cap et, surtout, les Espoirs y sont intégrés. Les gens du rugby français devraient être heureux que l’on forme de bons jeunes. Mais plus on en a, moins on a de joueurs pros. C’est irréel.

Êtes-vous pour une réforme du salary cap ?

Et pas que du salary cap… Le rugby français a besoin de plusieurs réformes mais ce n’est pas mon job. Je viens d’arriver. Nous devons nous asseoir tous ensemble et voir ce que nous pouvons faire. Les Jiff rendentils l’équipe de France meilleure ? Je pose la question.

Êtes-vous contre le système du Jiff ?

Non. C’est de la protection, c’est normal. Mais les joueurs français doivent accepter qu’il leur faut être aussi bons que les joueurs étrangers pour percevoir le même argent. Le problème, c’est que les salaires proposés en France sont les plus élevés du monde entier. Du coup, tout le monde veut venir jouer ici.

Certains joueurs français sont-ils trop payés ?

Au Stade français, on paye bien. Mais on a peut-être trop payé les joueurs jusqu’à l’an passé... Fabrice (Landreau) est là parce qu’il connaît le marché et le prix réel des joueurs.

Allez-vous, comme l’an passé, vous séparer de nombreux joueurs à l’intersaiso­n ?

Les indemnités de départ entrent aujourd’hui dans le salary cap, la situation n’est plus la même. Et puis, soyons sérieux : on a besoin de joueurs, quand même ! Mais je le répète : ceux qui ne veulent pas entrer dans notre projet, il faut qu’ils partent.

Des critiques ont été émises sur la direction du club. Quelle est votre position là-dessus ?

Qui a dit ça ? Le mec qui a dit que j’allais vendre le club ? Allons, soyons sérieux…

Combien avez-vous mis dans ce club ?

Je l’ai acheté pour un euro. J’ai d’abord dû éponger les dettes, j’ai un engagement de dix millions par saison sur trois ans. Depuis, on se débrouille.

N’est-ce pas trop ?

Vous connaissez beaucoup de choses de moi et pouvez vous-même faire les calculs.. Je ne risque pas la banquerout­e, ne vous inquiétez pas.

L’image du rugby n’est pas idéale actuelleme­nt. Il y a eu des affaires à la FFR, l’histoire des commotions, la mort de Nicolas Chauvin… Prenez-vous encore du plaisir au rugby ?

La mort de Nicolas est un vrai drame mais c’est un accident. Les accidents arrivent, en sport. J’aime beaucoup le saut d’obstacles et des gens sont morts dans cette discipline. Seulement, il faut apprendre de ces drames.

Pourquoi est-ce si dur de remplir Jean-Bouin ?

Nous avons connu une augmentati­on de 20 % en termes de fréquentat­ion par rapport à l’an passé et toutes nos loges sont pleines. On y arrivera. Pas à pas... Et puis, c’était difficile de soutenir l’équipe l’an passé. Même pour moi.

(Rires) Ça jouait mal.

Au rugby, est-il plus facile de gagner un titre ou de gagner de l’argent ?

Je vais vous dire une chose : le business du rugby ressemble à celui des hôtels. Cela ne crée pas d’économie et on ne fait pas de marge avec. Mais, en fait, on vient chercher d’autres choses dans le sport.

« Les Jiff rendent-ils l’équipe de France meilleure ? Je pose la question. » Hans-Peter WILD

Proporiéta­ire du Stade français

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Photo Midi Olympique - Patrick Derewiany
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Photos Midi Olympique - Patrick Derewiany Pour le propriétai­re Hans-Peter Wild, il n’y a pas à transiger. Ceux qui n’adhèrent pas au projet n’ont qu’à chercher un autre club.
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