Midi Olympique

QUELLES OPTIONS POUR PIQUER LE CHARDON ?

UN PEU À L’IMAGE DES GALLOIS, LES ÉCOSSAIS OPPOSERONT AU XV DE FRANCE UN PREMIER RIDEAU TRÈS DENSE ET AGRESSIF COMPOSÉ DE TREIZE OU QUATORZE JOUEURS, AFIN DE COMPENSER LEUR DÉFICIT DE PUISSANCE SUR LA LIGNE D’AVANTAGE. UN PIÈGE SUSCEPTIBL­E DE SE RETOURNER

- Par Nicolas ZANARDI nicolas.zanardi@midi-olympique.fr

Défensivem­ent, c’est la grande mode du moment et les Écossais n’y font pas exception. Comme leurs cousins gallois, qui n’hésitent pas à placer quatorze défenseurs sur le premier rideau pour imposer une pression constante sur l’attaque adverse et se nourrir de contre-attaques, les Écossais ont opté pour ce système à hauts risques, confiants en les capacités de couverture de leur arrière-star Stuart Hogg. Le hic ? C’est que Hogg ne sera pas là samedi au Stade de France, pas plus que Finn Russell avec qui il partage d’ordinaire le rôle aussi éprouvant qu’ingrat de couvrir le fond du terrain. De quoi espérer quelques ratés dans la machine écossaise et pousser le XV du Chardon à la faute par du jeu au pied bien senti ? En tout cas, il pourrait y en avoir l’opportunit­é, oui…

Les Irlandais de Joe Schmidt n’ont d’ailleurs pas procédé autrement voilà quinze jours à Murrayfiel­d, qui ont suivi un plan de jeu finalement assez simple : envoyer le ballon sur les extérieurs pour forcer les ailiers à intégrer le premier rideau et isoler l’arrière au fond du terrain, afin de mieux y déposer le ballon et de placer l’arrière-garde adverse sous pression. Une stratégie qui a fonctionné à plein sur l’essai de Connor Murray (voir ci-dessus), et qui a également permis de récupérer plusieurs pénalités qui ont permis de gonfler le score.

Cela posé, les Bleus, emmenés par la toute nouvelle charnière DupontNtam­ack, ont-ils les moyens d’appliquer à la lettre le même plan que les Irlandais ? Sur le papier, on ne voit pas ce qui pourrait réellement les en empêcher, à moins de tomber dans le piège du « surjeu » qui sera l’unique erreur à ne surtout pas commettre… « Face aux Écossais, le piège sera de rentrer dans un rugby de mouvement et de course, auxquels leurs adversaire­s sont mieux préparés, techniquem­ent et physiqueme­nt, nous confiait dans la semaine un entraîneur de Top 14. La clé pour eux sera de pratiquer un rugby clinique, précis sur les bases que sont la conquête, le jeu au pied et la défense. Quand une équipe est dans le doute comme l’est le XV de France, elle doit pouvoir se reposer sur ce style de jeu de pression. À condition de l’avoir bien travaillé dans la semaine, bien sûr… »

DES FAILLES SUR LES BORDURES ?

Toutefois, il est bien évident que les Tricolores ne pourront pas passer quatre-vingts minutes à harceler les Écossais de coups de pied dans leur dos. Reste qu’au moment où ils seront amenés à tenir le ballon, la principale source d’erreurs consistera à envoyer sur les extérieurs des ballons trop lentement recyclés au sol, face à une défense en surnombre. Voilà pourquoi le XV de France ne devra avoir aucun scrupule à utiliser ce qui apparaît comme un point fort en comparaiso­n à son adversaire du jour : sa puissance… Cela peut paraître une lapalissad­e mais quitte à aligner des joueurs atypiques comme Louis Picamoles ou Mathieu Bastareaud, autant les utiliser sur leurs qualités de porteurs de balle. Cela peut paraître peu glamour mais les Irlandais n’ont rien fait d’autres que d’envoyer à l’abordage leurs tanks Healy, Furlong, Conan ou O’Brien à l’assaut du premier rideau écossais, sans forme de préparatio­n plus poussée. Cela dans le but de faire circuler au maximum les défenseurs adverses autour des zones de ruck et mieux les prendre sur les bordures…

Pour ce faire, les Verts ont utilisé la « spéciale » Joe Schmidt qu’il utilisait déjà lors de ses années au Leinster (voir ci-dessus), qui a directemen­t abouti à l’essai de Stockdale. Mais également une multiplica­tion de pick and go et de relances de jeu à une ou deux passes qui ont eu le mérite de fatiguer les cavaleurs écossais, avant de les contraindr­e à l’erreur. Il n’est d’ailleurs pas anodin de constater que lors de leur match d’ouverture face à l’Italie, les Écossais avaient concédé plusieurs essais dans les dernières minutes, amenés par un jeu de percussion assez frontal. De quoi espérer voir le XV de France faire la différence sur la fin ? Ce sera bien entendu le plan, en espérant que la charnière ait su au préalable ménager la monture de leurs partenaire­s pour leur permettre d’arriver dans le money time avec un maximum d’énergie en stock…

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