LAURET, L’ARME ANTI-ÉCOSSE
POUR FAIRE FACE À UNE ÉQUIPE CAPABLE DE CONSERVER LE BALLON SUR UNE MULTITUDE DE TEMPS DE JEU, LE SÉLECTIONNEUR JACQUES BRUNEL A RAPPELÉ WENCESLAS LAURET, SA MEILLEURE ARME DÉFENSIVE DANS LES ZONES DE RUCK.
En tennis, un crocodile est un mot cliché pour désigner un joueur teigneux, qui fait le plus sobre possible pour pousser son adversaire à la faute. Pour le contraindre à craquer. Avec un peu d’imagination, l’Écosse est au rugby ce que le « croco » est au tennis. Les Scottish ont cette faculté à enchaîner les temps de jeu jusqu’à l’infini, à balayer la largeur du terrain dans un sens, puis dans l’autre, sans jamais se mettre à la faute dans ces zones de ruck qu’ils accumulent. Sans fulgurance non plus. Jouer, encore jouer, toujours jouer. Jusqu’à trouver la faille ou provoquer la faute adverse. Le sélectionneur des Bleus Jacques Brunel le sait mieux que personne : c’est dans ces zones de ruck que le sort de la rencontre se jouera probablement. Il a eu beau expliquer que Yacouba Camara était « passé à côté de son match » en Angleterre, le retour de Wenceslas Lauret n’a rien à voir avec la performance du Montpelliérain. Au contraire. « Il n’avait pas du tout démérité sur le premier match », a d’ailleurs commenté Brunel à propos de Lauret. Bel euphémisme.
UNE ACTIVITÉ PHARAONIQUE-
À vitesse réelle, le troisième ligne du Racing n’avait pas épaté le Stade de France mais a posteriori, ses statistiques ont impressionné. Tenez-vous bien : à son actif, 55 rucks. Un record, tout simplement. Sur la première journée du Tournoi, le Réunionais a été le joueur impliqué sur le plus de rucks, toutes nations confondues. 48 rucks offensifs, 7 défensifs dont deux ballons récupérés : les mauvaises langues diront que ce ne sont que des chiffres mais cela traduit en partie l’activité pharaonique du joueur, sa capacité de déplacement et son importance pour assurer la continuité du jeu ou, a contrario, pour ralentir les libérations adverses.
En attaque, face au pays de Galles, Lauret s’est transformé en courroie de (re)distribution. Selon les statisticiens officiels du Tournoi, ses interventions ont été jugées efficaces à 91 %, c’est-à-dire qu’elles ont permis une libération de la balle rapide. Mais c’est probablement dans le secteur défensif que Jacques Brunel compte sur lui. Tout comme il misera sur Mathieu Bastareaud. Avec ces deuxlà, qui auront pour mission de contester dans des zones bien précises du terrain, les Bleus ont les moyens de gagner la bataille des rucks. Et si c’est le cas, ils auront sans doute fait un grand pas en avant.