Midi Olympique

LES POMPIERS DE SERVICE

FACE À L’HÉCATOMBE QUI FRAPPE SON ÉQUIPE, LE SÉLECTIONN­EUR GREGOR TOWNSEND N’A D’AUTRE CHOIX QUE DE TITULARISE­R DES JEUNES JOUEURS. MAIS ATTENTION, ILS SONT PÉTRIS DE TALENT...

- Par Simon VALZER simon.valzer@midi-olympique.fr S. V.

n ne va pas changer notre plan de jeu pour une blessure. Nous avons un style de jeu auquel on adhère, et il n’est pas question d’en changer. Finn a été excellent avec nous et sa blessure est vraiment dommageabl­e, mais celui qui va le remplacer sera parfaiteme­nt capable d’appliquer le plan de

jeu. » Ces propos de l’ailier Tommy Seymour sont pour le moins clairs. L’Écosse a beau être décimée par les blessures, elle ne changera rien. Et pourtant, la liste de ses joueurs forfaits a de quoi filer des maux de tête à n’importe quel sélectionn­eur : Finn Russell, WP Nel, John Barclay, Hamish Watson, Ryan Wilson, Huw Jones, et Stuart Hogg. Et encore, on ne parle pas des centres Matt Scott ou Alex Dunbar, ou encore des plus anonymes George Horne, Stafford McDowall, David Cherry, Murray McCallum, et Jake Kerr. Bref, vous l’aurez compris, le mot hécatombe n’est pas trop fort.

Selon Seymour, peu importe de l’identité de ceux qui porteront le maillot à la place des titulaires. Cette semaine, la légende vivante du rugby à VII écossais Colin Gregor se voulait toutefois plus nuancée : « On ne va pas se raconter d’histoires : Finn Russell est irremplaça­ble. C’est un ouvreur de classe mondiale à l’heure actuelle. Il l’a encore montré lors de la première mi-temps face à l’Irlande, où il fut fantastiqu­e. Que Townsend choisisse Horne ou Hastings pour le remplacer, c’est pareil : ils jouent de la même façon, dans le même club donc l’Écosse ne changera rien à son plan de jeu. Ils chercheron­t à développer leur jeu empreint de vitesse, de déplacemen­t, d’intensité. »

LA PUISSANCE DE BRADBURY, LE « SIXIÈME SENS » DE HASTINGS

Les Bleus sont prévenus. S’ils laissent la possession aux Celtes, ils vont s’épuiser à courir après le ballon. Car comme l’a dit Gregor, les remplaçant­s sont animés de la même philosophi­e de jeu. Pour pallier l’absence de Ryan Wilson, Greg Townsend a choisi de titularise­r Magnus Bradbury. À 23 ans, le jeune flanker d’Édimbourg ne compte que quatre sélections avec le Chardon, mais il a signé un retour à la compétitio­n fracassant le weekend dernier face aux Newport Dragons, en Ligue celte. Élu homme du match, Bradbury s’est illustré par un essai en force, de nombreuses charges dévastatri­ces, ainsi que plusieurs plaquages appuyés. À tel point que nos confrères du Scotsman titraient

« Bradbury est en feu » au soir de la rencontre. Doté d’un gabarit proche de celui d’un deuxième ligne moderne (1,94 m ; 114 kg), Bradbury doit apporter la puissance qui manque au XV du Chardon.

À la charnière, c’est Pete Horne qui aura la lourde tâche de remplacer Finn Russell. Âgé de 29 ans et comptant 39 sélections, l’ouvreur de Glasgow possède une solide expérience du rugby internatio­nal et apparaît comme la solution de sécurité. Le jeune Adam Hastings, 22 ans et fils de la légende du rugby écossais Gavin prendra place sur le banc. Une nouvelle cape pour celui que l’on présente comme le nouveau prodige du rugby écossais et qui connaît une ascension fulgurante.

Rendez-vous compte : il y a moins de deux ans, le fils Hastings jouait encore en Scottish Premiershi­p, le championna­t des clubs amateurs d’Écosse. Logiquemen­t dans l’ombre de Finn Russell quand il débarqua Glasgow, ce dernier n’a eu aucun mal à enfiler l’immense costume de maître du jeu des Warriors quand la star s’engagea en faveur du Racing 92, même s’il a eu du mal à prendre la mesure de son destin : « Je ne m’attendais pas à commencer autant de rencontres à un poste aussi important, et encore moins à être retenu pour les tests d’automne. J’ai profité de la semaine laissée libre avant les tests pour couper avec le rugby et réfléchir à tout ça : je suis parti à Dubaï et j’ai passé six jours à songer à tout ce qui m’était arrivé en un an. J’en avais besoin pour digérer. » En Écosse, ses qualités rappellent celle de Finn Russell : celles d’un attaquant hors pair, capable de tenter un coup de ses 22 mètres sans la moindre appréhensi­on. Colin Gregor parlait aussi de son « sixième sens » : celui qui lui permet de « toujours sentir la présence d’un coéquipier à son intérieur sans jamais le regarder ».

Voilà qui promet. À Saint-Denis, les Bradbury, Kinghorn, Johnson et Hastings voudront prouver que le rugby écossais a de beaux jours devant lui. ■

KINGHORN, LA NOUVELLE ARME FATALE DU CHARDON

Vous pensiez que le XV du Chardon serait démuni après le forfait de son arrière star Stuart Hogg ? Manqué ! Son remplaçant, le jeune Blair

Kinghorn affole déjà les compteurs. Après les deux premières journées du Tournoi, ce pur produit de la formation édimbourge­oise est le joueur qui a vaincu le plus grand nombre de défenseurs, avec 11 adversaire­s effacés. Il est aussi le joueur qui totalise le plus grand nombre de franchisse­ments (7), ainsi que le plus grand total de mètres parcourus (191). Certes, on imagine aisément que le sélectionn­eur Greg Townsend aurait préféré associé ses deux facteurs X, faisant glisser le jeune Kinghorn sur l’aile comme il l’avait fait contre l’Italie. Mais il n’est finalement pas si démuni que cela avec ce pur talent qu’est Blair Kinghorn qui, selon toute vraisembla­nce, devrait être titularisé à l’arrière, associé aux ailiers Sean Maitland et Tommy Seymour.

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 ?? Photos Icon Sport ?? Blair Kinghorn (en haut), Sam Johnson (à gauche), et Adam Hastings (à droite) incarnent la nouvelle vague du rugby écossais
Photos Icon Sport Blair Kinghorn (en haut), Sam Johnson (à gauche), et Adam Hastings (à droite) incarnent la nouvelle vague du rugby écossais
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