Midi Olympique

RETOUR IMPÉRIAL

APRÈS AVOIR SUBI DEUX GRAVES BLESSURES AU MÊME GENOU, L’ARRIÈRE TRICOLORE DU CO S’AFFIRME COMME L’HOMME EN FORME DU MOMENT CÔTÉ CASTRAIS.

- Par Simon VALZER simon.valzer@midi-olympique.fr

On a l’habitude d’entendre que la blessure fait partie de la carrière d’un rugbyman. Qu’elle est inévitable, surtout au vu des cadences infernales auxquelles les rugbymen du Top 14 sont soumis. Pire, elle serait même utile pour se régénérer une bonne fois pour toutes. Soit. Mais reconnaiss­ez qu’il est délicat de se remettre d’une grave blessure. Alors imaginez deux, et de surcroît au même endroit ! C’est pourtant ce qui est arrivé à l’arrière castrais Geoffrey Palis. Son genou gauche, ce foutu genou gauche, l’a lâché deux fois. Une première fois à la fin du mois d’avril 2017, lors d’un match face au Stade français qui avait été reporté en semaine, quand le CO avait dû gérer un calendrier infernal de trois matchs en huit jours. Puis une deuxième fois un peu moins d’un an après, « sur un appui », lors d’un banal entraîneme­nt du mardi. Un bruit sourd qui n’augurait rien de bon : un an après, Palis allait repasser sur le « billard », et ce pour le même genou.

Le pire, c’est qu’entre ces deux graves blessures, Geoffrey Palis avait réussi à revenir à son meilleur niveau, au point même d’être appelé pour disputer le Tournoi 2018, et glaner deux titularisa­tions à l’arrière du XV de France (Irlande et Écosse). Jusqu’à ce terrible mardi où tout s’écroula : « Oui, cela fut vraiment dur. Surtout la dizaine de jours qui s’écoulèrent avant l’opération. J’avais l’impression de perdre du temps, j’étais triste. Mes proches, ma copine et mes parents ont ramassé ! (rires) Mais une fois l’opération passée, j’ai pu basculer sur la rééducatio­n, et procéder objectif par objectif. » Un moment d’autant plus délicat qu’à ce moment-là, le Tricolore était en fin de contrat avec le CO : « Je voulais rester mais je ne savais pas si le club allait me faire confiance. Ils auraient très bien pu estimer que je ne retrouvera­is pas mon niveau avec une blessure aussi grave. Mais ils m’ont maintenu cette confiance et je veux aujourd’hui la leur rendre », raconte Palis.

URIOS : « JE L’AI DÉCOUVERT DANS LES MOMENTS DIFFICILES »

Une si longue période de flou en aurait perturbé plus d’un. Christophe Urios le sait mieux que personne, lui qui entraîne depuis près de 20 ans : « Geoffrey, je l’ai découvert dans ces moments difficiles. Certains se seraient perdus. Pas lui. Il est toujours resté concentré. Il a été un peu triste, un brin fataliste mais il a tourné la page et s’est remis au boulot. Il a suivi tous ses protocoles avec beaucoup de sérieux, il était toujours sur les temps de passage prévus. »

Une rigueur qui lui a permis aujourd’hui de retrouver son meilleur niveau, comme en ont témoigné ses nombreuses interventi­ons (aériennes et terrestres) ces dernières semaines. À le voir livrer ses duels aériens avec une telle assurance, on n’imagine pas que son foutu genou gauche l’a déjà lâché à deux reprises : « C’est un gamin surprenant, abonde Urios. Il n’a aucune appréhensi­on. Il a repris avec une grande confiance, et cela se voit. Je pense que ces épreuves lui ont donné de la maturité. À son retour après la première blessure, il était bon mais nerveux, anxieux. Là, je n’ai rien senti de tout cela. Il ne se pose pas de question, il fonce. »

Il faut dire que Geoffrey Palis est mû par une force invisible : celle de la frustratio­n. Frustratio­n d’avoir assisté au sacre de champion de France du CO depuis les tribunes : « Le titre ? Je ne peux pas dire qu’il s’agissait d’un moment agréable. Bien sûr, c’était génial de voir les copains aussi heureux, mais le fait d’être aussi passif m’a filé une sacrée boule au ventre. J’ai engrangé de la frustratio­n… J’en ai un paquet à extérioris­er ! C’est pour cela que je n’ai plus d’appréhensi­on, je ne pense qu’à la performanc­e. » Et ce n’est pas le CO qui s’en plaindra.

 ?? Photo Orane Cazalbou ?? Geoffrey Palis, ici balle en main, échappe à un défenseur, en l’occurence le Clermontoi­s Peceli Yato. Revenu à son meilleur niveau, l’image du Castrais résume bien ces dernières performanc­es.
Photo Orane Cazalbou Geoffrey Palis, ici balle en main, échappe à un défenseur, en l’occurence le Clermontoi­s Peceli Yato. Revenu à son meilleur niveau, l’image du Castrais résume bien ces dernières performanc­es.

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