UN TREIZE PORTE BONHEUR ?
LES GALLOIS SONT À LA POURSUITE DU GRAND CHELEM ET D’UN TREIZIÈME SUCCÈS DE RANG. SERONT-ILS PERTURBÉS PAR LES AFFAIRES DE FUSION DES PROVINCES ?
Les Gallois joueront à l’extérieur mais ils entreront sur la pelouse en favoris. Ils sont les derniers à pouvoir viser le Grand Chelem et les Écossais sont toujours handicapés par les blessures.
Mais le rugby gallois a été perturbé mardi par l’affaire de la pseudo-fusion entre les Scarlets et les Ospreys (lire en page 25). Le genre d’initiative qui met tout de suite le feu au petit monde de l’ovalie galloise.
« C’est sûr que le timing n’est pas brillant de notre point de vue. Nous avons vécu deux jours un peu agités. Mais c’est le sport professionnel qui veut ça, je suppose… », a commenté sobrement Warren Gatland.
Treize joueurs du groupe gallois sont directement concernés par cette possible fusion entre l’équipe de Llanelli et celle de Swansea. Pendant vingt-quatre heures, ils se sont demandé où ils joueraient la saison prochaine et qui allait payer leurs salaires.
Et après tout, certains peuvent aussi se dire qu’ils ne retrouveront pas forcément un nouveau contrat. Imaginons une nouvelle « super-franchise » qui se retrouverait soudain avec quatre deuxième ligne ou trois talonneurs internationaux. Il y aurait des questions d’ego et de budget à gérer. On passe ici sur la rumeur de la création d’une nouvelle province dans le nord du pays (un endroit où pas grand monde n’a envie de déménager). Mercredi, on a finalement appris que le projet n’était plus d’actualité, en se disant que rien n’était très clair et que tout pouvait repartir d’un jour à l’autre. Le directeur exécutif de la fédération Martyn Phillips est venu parler aux joueurs mercredi midi pour leur expliquer la genèse de cette affaire.
« Mais le capitaine Alun-Wyn Jones a parlé à la fin et j’espère que les joueurs seront désormais tous concentrés sur le match de samedi », a ajouté Gatland qui ne voulait pas non plus dire trop de mal de son employeur.
On se demande quand même comment la fédération peut déclencher une telle polémique en plein Tournoi.
Ceci dit, ça donne un peu de piment au parcours de cette équipe toujours à la poursuite d’un record historique. Elle en est à treize victoires consécutives, meilleure performance de son histoire. Sean Holley, ex-entraîneur des Ospreys s’est montré assez confiant : « Cette équipe a de bons leaders comme Alun-Wyn Jones et Ken Owens. J’ai le sentiment qu’ils seront capables de galvaniser ce groupe. »
Malgré tout ce qui se dit et s’écrit, on se dit que des North, Jonathan Davies, Tipuri et compagnie... ont assez de vécu pour donner le meilleur d’eux-mêmes en faisant fi du contexte.
Mais on se demande si Gareth Anscombe va sortir le match décisif de ce Tournoi 2 019. Gatland lui a maintenu sa confiance à l’ouverture alors que beaucoup estiment Dan Biggar plus régulier et plus fiable.
QU’ONT FAIT LES ÉCOSSAIS POUR MÉRITER ÇA ?
En face, les Écossais ont fait figure de « comparses ». Ils auront quand même davantage du terrain, mais c’est vrai que l’avalanche de blessures qu’ils ont subie a refroidi le moral de tous leurs supporters. Leur ligne de trois quarts, notamment, est totalement décimée. Se passer simultanément des services de Huw Jones, Stuart Hogg, Peter Horne, Sean Maitland et Chris Harris relève de la punition divine. Et puis, ces Écossais semblent nourrir une forme de complexe vis-à-vis de leurs cousins celtes, qui ont historiquement toujours formé davantage de joueurs de classe. C’est une question de culture. Les deux rugbys ne sont pas vraiment comparables. Depuis les années 2010, ils ont perdu neuf fois sur dix face aux Gallois.