Midi Olympique

« LÂCHER-RELEVER » LA NOUVELLE DONNE

UTILISÉE AVEC PARCIMONIE VOILÀ PEU ENCORE, LA TECHNIQUE DU « LÂCHER-RELEVER » DANS LA PHASE DE PLAQUAGE TEND À SE GÉNÉRALISE­R. ET S’EN TROUVE LOGIQUEMEN­T SURVEILLÉE DE TRÈS PRÈS PAR LES ARBITRES, NE LAISSANT AUCUNE PLACE À L’IMPRÉCISIO­N.

- Par Nicolas ZANARDI nicolas.zanardi@midi-olympique.fr

C’est un point de règlement de plus en plus sensible, donc scruté, qui se vérifie chaque week-end européen. On veut parler ici de cette technique empruntée au VII qui veut que le porteur de balle, une fois plaqué, s’applique à relâcher clairement son ballon pour mieux se relever et repartir dans l’axe, afin de gagner de précieux mètres susceptibl­es de concentrer la défense ou du moins de procurer une sortie de balle rapide. « Comme les premiers rideaux sont toujours mieux organisés, on doit saisir la moindre opportunit­é pour déstabilis­er une défense et cette technique en fait partie », nous expliquait, durant la Coupe du monde, l’entraîneur du Racing, Chris Masoe. « Tout est parti d’un constat : pour économiser des joueurs et les placer le plus efficaceme­nt possible sur le premier rideau, plus aucune défense ou presque ne mobilise un joueur dans l’axe des regroupeme­nts. C’est pourquoi la transition entre la phase de plaquage et de ruck est devenue intéressan­te, puisque les défenseurs ont le réflexe de faire le tour pour se placer en position de garde mais ne regardent pas nécessaire­ment le joueur plaqué. De fait, si celui-ci parvient à lâcher le ballon, se relever et redémarrer assez vite, il a naturellem­ent une bonne possibilit­é d’avancer. »

PROVOQUER UNE BRÈCHE… OU UNE PÉNALITÉ !

Et les joueurs ne s’en privent pas, ainsi qu’on l’observe de plus en plus souvent… Cette technique de « lâcher-relever » ayant même un autre avantage, plus indirect : celui de provoquer une faute de l’adversaire et donc de récupérer une pénalité facile, ainsi qu’on l’a notamment observé lors des deux premières journées de Coupe d’Europe, où les arbitres sont toujours très pointilleu­x quant aux attitudes du plaqueur. « La règle le stipule clairement : une fois que le plaquage est terminé, c’est-à-dire lorsque l’attaquant est tenu au sol, le plaqueur doit immédiatem­ent le relâcher et se remettre sur ses pieds. » Une faille dans laquelle des petits malins s’engouffren­t puisque si le plaqueur n’a pas fait l’effort de relâcher le plaqué alors que celui-ci a relâché le ballon et essaie de se relever pour le jouer, celui-ci doit être logiquemen­t sanctionné. La faute étant d’autant plus difficile à éviter que le plaqueur sait parfaiteme­nt ce à quoi son équipe s’expose, si l’attaquant réussit sa manoeuvre…

REVERS DE LA MÉDAILLE

Toutefois, toute médaille a son revers et cette technique en a évidemment une, qui réside dans le strict respect du règlement, et donc dans la nécessité d’observer de bonnes attitudes, perceptibl­es par l’arbitre… Ainsi, si un joueur ne relâche pas assez clairement son ballon avant de se relever, celui-ci doit également être pénalisé. La notion de « plaquage effectué » achevant de flouter ce point de règlement, la limite étant très mince entre les situations où le plaqueur est tenu au sol ou pas… « Lors de son déplacemen­t au Munster voilà deux semaines, nous en avons fait les frais plusieurs fois, rappelait Masoe. J’ai le souvenir d’une situation où Henry Chavancy, pensant qu’il n’était pas tenu, s’est relevé sans lâcher le ballon… Sauf que l’arbitre avait considéré que le plaquage avait été effectué dans un premier temps et donc qu’il devait lâcher le ballon avant de se relever. C’est pourquoi je conseille à mes joueurs de toujours lâcher la balle s’ils veulent essayer de se relever, pour ne pas prendre de risque. D’autant qu’avec les mains libres, le joueurs dispose de deux points d’appui supplément­aires pour se remettre rapidement debout. » Le fait de s’appuyer sur les mains, tel un sprinter, permettant même aux plus au point d’entre eux de démarrer plus vite, donc de causer de plus gros ravages dans l’axe profond. ■

 ??  ?? ● 1. Dans le cadre d’un match de Rugby Championsh­ip entre l’Afrique du Sud et l’Argentine, l’ailier des Boks Skosan est plaqué par le centre argentin De la Fuente. ● 2. Au sol, Skosan relâche illico son ballon, ce qui oblige le défenseur à le relâcher. Le Springbok en profite alors pour se remettre sur ses appuis et ramasser le ballon pour repartir dans l’axe. ● 3. L’initiative de Skosan surprend les deux flankers des Pumas, qui ont commis l’erreur d’anticiper leur placement en bordure d’un éventuel ruck. Erreur fatale, qui permet à l’ailier de franchir et avancer...
● 1. Dans le cadre d’un match de Rugby Championsh­ip entre l’Afrique du Sud et l’Argentine, l’ailier des Boks Skosan est plaqué par le centre argentin De la Fuente. ● 2. Au sol, Skosan relâche illico son ballon, ce qui oblige le défenseur à le relâcher. Le Springbok en profite alors pour se remettre sur ses appuis et ramasser le ballon pour repartir dans l’axe. ● 3. L’initiative de Skosan surprend les deux flankers des Pumas, qui ont commis l’erreur d’anticiper leur placement en bordure d’un éventuel ruck. Erreur fatale, qui permet à l’ailier de franchir et avancer...
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