POIL À GRATTER
ALEXANDRE FISCHER - TROISIÈME LIGNE DE CLERMONT CONVOQUÉ À SA GRANDE SURPRISE PAR FABIEN GALTHIÉ EN MILIEU DE SEMAINE, IL A LÉGITIMÉ LE CHOIX DU SÉLECTIONNEUR EN SIGNANT UNE ENTRÉE COLOSSALE À LA PLACE DU MALHEUREUX ARTHUR ITURRIA.
Le bonheur des uns fait le bonheur des autres, on connaît bien le dicton. Et, même s’il n’est probablement pas tout à fait exact d’affirmer que la non-sélection d’Arthur Iturria parmi les 42 appelés de Fabien Galthié a directement fait le bonheur d’Alexandre Fischer (le Basque étant davantage considéré comme un deuxième ligne par le nouveau staff du XV de France), force est de constater que les destins des deux hommes semblaient étroitement liés cette semaine… En effet, alors qu’il brûlait probablement de démontrer aux sélectionneurs qu’ils s’étaient trompés, Arthur Iturria fut stoppé dans son élan par un méchant coup à l’épaule, fruit d’une énorme percussion du surpruissant Marcell Coetzee. Une sortie précoce à la 22e d’autant plus symbolique que son remplaçant, Alexandre Fischer, allait sauter sur l’occasion pour s’octroyer le titre honorifique d’homme du match… « C’est vrai que ça a été une drôle de semaine, s’amusait après coup le héros de la rencontre. Concernant l’équipe de France, honnêtement, ça a été une énorme surprise ! Et j’appréhende déjà un peu, pour tout vous dire… C’est dans mon caractère, je suis un grand stressé ! C’est pour cela que le contexte de ce match ne m’allait pas si mal… Je n’ai pratiquement pas eu le temps de m’échauffer, ni de réfléchir ! On s’attendait à un gros combat et on l’a eu, mais on a répondu présent. »
AZÉMA : « C’EST TOUJOURS BON DE JUSTIFIER SUR LE TERRAIN POURQUOI TU ES SÉLECTIONNÉ… »
Et Fischer en premier lieu qui, s’il eut des difficultés à assurer ses premiers plaquages, rentra très vite dans le match au point d’annihiler plusieurs temps forts nord-irlandais, récupérant même quatre pénalités (38e, 41e, 57e, 73e) sur son point fort des contests au sol. « S’il a eu les opportunités d’aller contester ces ballons, c’est parce que d’autres à côté de lui avaient bien plaqué pour lui permettre d’intervenir au bon moment, calmait le manager Franck Azéma. Après, on connaissait les qualités qui lui ont valu de faire partie de la liste… Mais c’est toujours bon, quand tu es sélectionné, de justifier sur le terrain pourquoi tu l’as été, plutôt que de se reposer sur une réputation… »
Reste qu’en matière de réputation, celle-ci risque de plus en plus de précéder le poil à gratter auvergnat, dont la gueule cabossée et le chou sanguinolent à l’oreille droite (« je l’ai depuis que j’ai 16 ans, souvenir de mon passé de talonneur… ») trahissent son goût pour le combat, qu’il apprend de mieux en mieux à canaliser. « J’ai d’abord consenti beaucoup d’efforts pour faire évoluer ma technique de plaquage car dans les catégories de jeunes, je subissais pas mal de commotions, soufflait-il. Et avec Bernard Goutta, on travaille beaucoup la vision du jeu et l’analyse des situations, pour savoir quand j’ai l’opportunité de contester, ou s’il vaut mieux circuler et se replacer. Cela me permet d’intervenir à meilleur escient et perdre moins d’énergie inutilement. » Tout sauf un luxe, au vu de son abattage… ■