LA TÊTE À L’ENDROIT
TOULOUSE EN PLUS D’ASSURER UNE PLACE EN PHASE FINALE D’UNE COUPE D’EUROPE DANS LAQUELLE ILS SONT INVAINCUS ET D’ENTREVOIR TOUJOURS PLUS UN QUART À DOMICILE, LES STADISTES ONT PROFITÉ DE LEURS TROIS JOURS À GALWAY POUR SE RESSERRER ET RETROUVER LA CONFIANCE APRÈS DEUX SORTIES DÉCEVANTES.
Il y a, dans l’histoire d’une saison, des pastilles de vie qu’il convient de soigner pour les rendre décisives. L’an passé, alors que les Toulousains avaient atteint une demi-finale européenne, ils avaient pour habitude de partir à l’étranger deux jours avant la rencontre. Formule qui n’avait pas été retenue lors de la victoire à Gloucester mais qu’il avait rapidement été prévu de reconduire pour le déplacement au Connacht. Le hasard fait-il si bien les choses ? Il faut le croire, tant les Rouge et Noir ont émis la semaine dernière la nécessité de se resserrer. Car ils sortaient de deux prestations décevantes, contre Toulon et au Stade français. Alors le périple irlandais, pour lequel une grosse trentaine de membres de l’effectif est montée dans l’avion, tombait à pic. « Ces trois jours ont fait du bien, explique Ugo Mola. Nous n’avons pas été assez réunis depuis le début de saison et on sent que les garçons ont besoin de passer du temps ensemble. » Voilà aussi pourquoi, jeudi soir dans la foulée de leur arrivée aux portes du Connemara et après la traditionnelle tournée du président, les joueurs avaient souhaité organiser un repas commun avec le staff en ville. Toujours pour cultiver plus encore les liens en cet exercice si spécial, qui a vu cette équipe privée d’une dizaine d’hommes durant le Mondial et s’apprêter à en perdre presque autant pour le Tournoi.Vendredi, pendant que Galway était couvert de brouillard et balayé d’une pluie continue, ils se sont contentés d’une mise en place… Pas au
Sportsground, stade hors du temps, lequel était accaparé par des courses de lévriers ! Voilà qui ajoutait à l’originalité et à l’anachronisme des lieux. De quoi souder ? « On savait que ce n’est pas un endroit aisé pour venir jouer et qu’on aurait en face une équipe difficile à manoeuvrer chez elle », note Jerome Kaino. Finalement, peu de ses partenaires se sont aventurés à une balade dans les charmantes rues locales. Ils ont préféré rester à l’hôtel, où — quand dirigeants et entraîneurs avaient programmé quelques réunions — ils ont passé une grande partie de l’après-midi à jouer aux cartes. Et surtout à rigoler. « Depuis jeudi, on a aussi fait travailler les sites météo », se marre Mola. Rien de tel pour préparer l’affrontement qui devait les envoyer en quart.
DEUX OMBRES AU TABLEAU
Les troupes étaient prévenues : il fallait être costaud pour éviter le piège de Galway. « Après deux performances inabouties, on avait pour ambition de se rassurer sur l’état d’esprit, clame Antoine Dupont. Le contexte était idéal : à l’extérieur, en Irlande, sous la pluie, si on n’est pas solidaires et si on ne reste pas unis, on ne peut pas atteindre l’objectif. » Menés 7-0 d’entrée, les champions de France ont pu mettre leur caractère à l’épreuve. Mission accomplie pour s’offrir une victoire nette au terme d’un duel dominé malgré la résistance du Connacht. « Ce sont les vertus de ce sport retrouvées dans un environnement plus que particulier, se félicite Mola. Sur la faculté à s’accrocher et être solidaires, comme on le cherchait peut-être depuis quelques semaines, on a eu une âme conquérante. »
Collectivement, ce Toulouse s’est rassemblé, notamment à 13 contre 15 dans le money time, jusqu’au président Didier Lacroix qui a vécu le match sur le banc aux côtés des remplaçants. « On a su répondre présent et on va essayer de garder ce cap », promet Dupont. Et Kaino, capitaine en Coupe d’Europe, de répondre : « On a beaucoup de jeunes joueurs qui grandissent. On avait besoin de confiance après deux rencontres délicates. Ce succès comptera pour la suite. » Au bout d’un parcours jusque-là parfait, il assure une place en phase finale et laisse entrevoir un quart à domicile si le travail est correctement fini contre Gloucester. Mais le bonus échappé à Galway, qui pourtant tendait les bras, laisse des regrets car il aurait permis d’intégrer les deux meilleurs bilans de la compétition et prendre une option pour une éventuelle demie à domicile. « Les ingrédients étaient là pour faire encore mieux », ne cache pas Mola. Le principal bémol concerne néanmoins l’expulsion de Zack Holmes. Pas forcément pour le prochain rendez-vous mais plutôt en vue des doublons et faux doublons, à commencer par l’accueil de l’UBB le 26 janvier. « On n’aura pas nos trois autres potentiels ouvreurs retenus avec l’équipe de France. » Comprenez Ntamack, Ramos et Dupont. De quoi, après l’embellie irlandaise, revenir à la réalité de lendemains périlleux. Mola le sait : « Cela nous fait tellement de bien d’avoir tout ce temps ensemble qu’il ne nous tarde pas d’être dans deux ou trois semaines, quand on va malheureusement encore perdre beaucoup de monde (sourires). »■