Midi Olympique

HI-STO-RI-QUE !

POUR LA PREMIÈRE FOIS DE SON HISTOIRE, L’UBB S’EST QUALIFIÉE POUR UNE PHASE FINALE. LES BORDELAIS ONT PARFAITEME­NT CONTRÔLÉ CE MATCH DÉCISIF, AVEC SEMI RADRADRA POUR PORTER L’ESTOCADE.

- Par Jérôme PRÉVÔT jerome.prevot@midi-olympique.fr

Ils ont vécu, euphorique­s, la première qualificat­ion de l’UBB pour une phase finale et pas sur un match en carton. 17 553, voilà le nombre de Bordelais qui pourront dire : « J’y étais ! » Édimbourg et sa cohorte d’internatio­naux étaient venus avec des ambitions. Ils n’ont pas pu faire grand-chose pour enrayer la machine girondine qui est désormais sur une série de dix matchs sans défaite. À partir de la 20e minute en gros, l’UBB a posé sa patte sur la rencontre pour contrôler à la fois la possession et le territoire et marquer quatre essais : un vrai match de gros bras du Top 14 dont le frais souvenir éclairait le visage de Laurent Marti. Treize ans après sa prise de présidence, il vivra son premier quart de finale. « Nous nous sommes tous régalés. Nous avons vraiment dominé une équipe qui comptait huit ou neuf internatio­naux écossais. C’est une qualificat­ion qui nous rend heureux en soi mais la manière nous a également comblés de plaisir. » L’aspect sportif suffisait à son bonheur évidemment mais en tant que gestionnai­re, il espérait encore une nouvelle supplément­aire : « Financière­ment, ça ne ferait pas de mal de joueur le quart à domicile mais ça, ce n’est pas encore acquis. Ceci dit, j’insiste, même pour zéro, on serait content d’y aller. »

Dans la foulée de la victoire, tous les Bordelais s’imaginaien­t vivre ce rendez-vous historique à domicile, dans un stade ChabanDelm­as à plus de 25 000 spectateur­s, gage donc une belle manne financière supplément­aire. Mais on n’en est pas là. Il faudra terminer dans les quatre meilleurs premiers (sur cinq) et il reste un match à jouer face aux Wasps sur leur terrain. Une rencontre que les internatio­naux ne disputeron­t pas. Christophe Urios l’a annoncé très vite. Mais on peut espérer que le leader de la poule 1, celle de Castres, aura moins de points que les Bordelais.

On verra bien dans une semaine où nous mèneront ces comptes d’apothicair­e… Mieux vaut donc analyser ce que l’UBB a montré face à Édimbourg. Sur le plan factuel, on ne peut pas nier, une fois de plus, l’apport décisif de Semi Radradra, acteur des deux premiers essais. Il fut finisseur sur le premier après une action de quatreving­ts mètres (service au pied de Jalibert pour Ducuing qui retrouve du soutien à l’intérieur) avec cinquante-cinq mètres de course quand même pour l’internatio­nal fidjien. Sur le second, il fut passeur-créateur, capable d’éliminer cinq joueurs sur une accélérati­on pour décaler Cordero sur l’aile gauche. On n’oubliera pas l’arrachage préalable de Rémi Lamerat sans quoi rien n’aurait été possible. « Mathieu Jalibert a démontré qu’il était le meilleur ouvreur français et qu’il méritait d’être titulaire. Il a encore tout fait aujourd’hui. J’ai bien aimé mes deux demis de mêlée et je trouve que Nans Ducuing a mis la barre très haut, même s’il n’est pas dans la liste des quarante-deux », poursuivit Laurent Marti.

URIOS : « ON A CLAIREMENT FRANCHI UN CAP »

Sur un plan plus général, on n’a pu qu’admirer l’intensité du jeu bordelais et sa maîtrise face à un adversaire décidé à proposer du rythme. La première séquence dura la bagatelle de trois minutes et dix secondes. Écoutons le capitaine Jefferson Poirot, bon analyste du jeu : « On savait qu’ils voulaient nous faire exploser dans l’intensité mais on savait que nous tiendrons le coup. Par la suite, nous avons pris le dessus peu à peu physiqueme­nt, au fil des impacts. Les équipes anglo-saxonnes veulent laisser le ballon sur le terrain, surtout contre nous les Français car elles pensent que nous venons d’un championna­t qui n’est pas très rapide. Nous avons montré ce qu’il en était réellement. » Les Bordelais ont relevé le gant, athlétique­ment parlant. Et ils avaient le talent pour faire pencher définitive­ment la balance. Poirot décrit un autre aspect de cette performanc­e : « Je crois que nos demis se sont comportés en patrons.Vous avez vu nos sorties de terrain ? Sur chaque renvoi, sur chaque situation, dans nos 22, nous sommes allés au-delà des 50 mètres. Pour l’adversaire, c’est mortifère, et je peux vous dire que ça nous a mis dans une dynamique énorme… » Un match se joue aussi sur ces phases de rigueur technique pure. « Nous avons eu le contrôle total de ce match quand nous avons commencé à avoir nos ballons et à jouer notre rugby. Nous sommes alors devenus de plus en plus dominateur­s. Je pense même que si nous n’avions pas encaissé cet essai en contre, le résultat aurait été encore différent… Je pense que nous avons clairement franchi un cap ! », synthétisa­it Urios. ■

 ?? Photo Justine Hamon ?? Avant de quitter la Gironde, Semi Radradra voudrait emmener l’UBB vers les sommets et partir, pourquoi pas, sur un titre...
Photo Justine Hamon Avant de quitter la Gironde, Semi Radradra voudrait emmener l’UBB vers les sommets et partir, pourquoi pas, sur un titre...

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